tag:blogger.com,1999:blog-45169424374518443902024-02-19T23:34:39.452+01:00HyperboréeLe blog d'ApollonApollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.comBlogger116125tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-28895084116016081062012-12-30T18:14:00.001+01:002012-12-30T18:14:32.013+01:00Comment acheter son whisky quand on est en Ecosse<div style="text-align: justify;">
Aller en Ecosse, c'est l'occasion de visiter le pays, au nord de Stirling, voir les magnifiques paysages comme ceux des alentours de Ullapool. Petits conseils : préférez le nord-ouest au nord-est sauf si vous aimez la toundra. Le loch ness vaut vraiment le coup et vous pourrez dire à vos enfants si vous en avez qu'ils pourraient voir un gros animal. Evitez l'hiver car vous verriez surtout la nuit. En juillet c'est idéal. En août il pleut mais il y a le festival de la capital.</div>
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Ce voyage, c'est aussi l'occasion de visiter des distilleries, d'y humer l'air houblonné et d'acquérir quelques bonnes bouteilles.</div>
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Car l'Ecosse est de ces grandes nations dotées d'un alcool emblématiques dont elle dispute le titre avec son voisin, créant une de ces vraies haines séculaires que nous constatons ailleurs entre la Pologne et la Russie pour la vodka, entre la Bretagne et la Normandie pour le cidre.</div>
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Reste que les mêmes bouteilles se trouvent moins chers aux cavistes, et moins cher encore en supermarché...</div>
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Mais si vous voulez payer encore moins cher, allez en supermarché français car la TVA sur les alcools est relativement faible.</div>
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Certes cela manque de charme et vous ne saurez pas quel whisky est d'exportation mais tout ceci reste secondaire par rapport à la principale qualité à posséder, à savoir le goût et donc la préférence pour le whisky tourbé, et tout particulièrement le laphroaig.</div>
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Une fois votre whisky acquis, il faut trouver l'occasion et l'entourage pour le boire, ce qui n'est pas toujours facile.</div>
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N'oubliez pas d'ajouter à votre verre un peu d'eau tout à la fois pour exciter les arômes, faire hurler les béotiens, et rendre l'alcool un peu moins agressif (sauf si vous avez choisi cette boisson pour éviter la compagnie des femmes).</div>
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Dégustez. Et remerciez le snobisme qui fait que les Français aiment le whisky et vous permettent d'en acquérir si aisément.</div>
Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-52009322592547787232012-06-07T13:41:00.004+02:002012-06-07T13:41:28.002+02:00Garde à vue des étrangers : la Cour de cassation applique-t-elle vraiment l'arrêt Achughbabian de la CJUE ?<div style="text-align: justify;">
On parle beaucoup de l'avis rendu par la cour de cassation ce 5 juin 2012 : désormais, les
gardes à vue d'étrangers en situation irrégulières prises sur ce seul
fondement seraient nulles.</div>
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Remarquons que la Cour de cassation
s'est contentée pour le moment de donner un avis et il n'est pas absolument certain, quoique
ce soit très probable, que cet avis débouchera sur un arrêt.</div>
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Un article sur le sujet n'apparait pas inutile étant donné que les articles des
journaux apparaissent ne pas toujours tout comprendre, sans parler des inénarrables commentaires des lecteurs, divisés entre obsidionalité et angélisme.</div>
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Précisons d'emblée que l'impossibilité de placer en garde à vue l'étranger en situation irrégulière de ce seul fait laisse intacte la possibilité de retenir 4h la personne au commissariat pour une procédure de contrôle d'identité. Ce que la police perd ici, c'est la facilité qui lui permettait de garder sous la main l'étranger pendant 24 voire 48 heures.</div>
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<br /></div>
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Précisons aussi que l'avis de la Cour de cassation n'a aucun effet immédiat sur les procédures en cours : aux personnes concernées de faire des recours et d'obtenir gain de cause devant la justice, sachant que le temps que cette procédure débouche, l'expulsion aura déjà pu être réalisée... La forme de l'avis permet à la Cour de cassation de donner sa jurisprudence à venir et permet donc de fait la validation des procédures en cours en attendant que la police s'adapte ou que le gouvernement réagisse... Passons au sujet intéressant, à savoir celui de la qualité de l'alignement de notre Cour de cassation à la jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJUE, à ne pas confondre avec la CEDH).</div>
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Le raisonnement de la Cour de cassation est solide mais il est
intéressant de constater qu'il contredit en partie l'arrêt de la CJUE qui pourtant
a fait évoluer sa position : l'arrêt Achughbabian du 6 décembre dernier.</div>
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Cet arrêt, contrairement à ce qu'on a écrit, n'est pas si atrocement compliqué mais en effet il est complexe (voir aussi <a href="http://combatsdroitshomme.blog.lemonde.fr/2011/12/07/recette-luxembourgeoise-pour-couper-en-trois-le-l-621-1-du-ceseda-et-sauver-des-gardes-a-vue-privees-de-fondement-legal-cjue-gr-ch-6-decembre-2011-a-achughbabian-c-prefet-du-val-de-marne/" target="_blank">cette analyse</a>).</div>
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<br /></div>
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Selon cet arrêt de la CJUE, il n'est pas possible de sanctionner d'une peine de prison l'étranger que l'Etat veut renvoyer dans son pays, dès lors que nous
sommes dans le cadre de la directive retour qui prévoit que l'étranger
doit être expulsé par une mesure administrative et que l'application d'une peine de prison fait obstacle à la réalisation de cette mesure (on mettra de côté les exceptions prévues par l'article 8 de la directive).</div>
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En conséquence
l'infraction prévue dans le Ceseda.(L621-1) et qui prévoit la sanction pénale de
l'étranger en situation irrégulière est nulle. Ceci n'a pas de
conséquence directe sur le sort des étrangers puisque la procédure judiciaire dirigée
contre eux est en réalité transformée en procédure administrative
d'expulsion et la peine prévue par l'article mentionné n'est ni
prononcée ni appliquée. La conséquence tangible en revanche, c'est que les gardes
à vue décidées contre des étrangers dont le seul tort est d'être en
situation irrégulière sont nulles. En effet, la garde à vue est ouverte, pour l'hypothèse qui nous intéresse, contre les personnes soupçonnées d'avoir commis une infraction passible d'emprisonnement. En un mot, l'infraction disparait et avec elle le fondement de la garde à vue des étrangers à raison de leur situation irrégulière.</div>
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Jusque là, pas de contradiction avec l'avis de notre Cour de cassation nationale.</div>
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Sauf
que l'arrêt Achugbabian a voulu faire un distinguo bien compliqué : la
CJUE a séparé le temps où la directive retour s'applique, et où
l'infraction simple à la législation des étrangers et par suite les
gardes à vue prises pour cette raison sont nulles, du temps où la
directive retour ne s'applique pas encore, lorsque la procédure
administrative d'expulsion n'est pas entamée, à savoir concrètement l'arrestation.</div>
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<br /></div>
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Dans ce temps antérieur à
l'applicabilité de la directive retour, l'infraction à la législation
des étrangers n'est pas nulle, quoique elle ne puisse pas trouver à
s'appliquer puisque la mise en route de la procédure administrative
préviendra toujours son application, et dès lors, pour la CJUE, les
gardes à vue sont légales.</div>
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Pour le dire autrement, la CJUE, avec Achugbabian a voulu tout à la
fois rendre nulle l'infraction pénale à la législation des étrangers
prévue au L621-1 du Ceseda mais préserver la validité des gardes à vue prises sur ce fondement.</div>
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La CJUE a donc voulu limiter la portée de sa décision mais la Cour de
cassation apparait vouloir en tirer toutes les conséquences !</div>
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L'arrêt de
la Cour de cassation suivra-t-il l'avis ? A cet égard il faut remarquer que l'avis du 5 juin est issu de la chambre criminelle or ce n'est pas elle qui tranchera, ce seront les chambres civiles.</div>
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<br /></div>
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Si la Cour de cassation confirme son avis, le gouvernement socialiste se
retrouve avec une belle patate chaude. Peut-être s'en sortira-t-il en
augmentant la durée de rétention dans les commissariats, actuellement de
4 heures. Peut-être que la police affectera des fonctionnaires à l'hypothèse des étrangers en situation irrégulière lorsqu'ils n'ont pas commis d'infraction. En attendant, la Cour de cassation n'a rien cassé.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-30780249771956710912012-05-03T15:07:00.002+02:002012-05-03T15:10:29.542+02:00Pourquoi il faut voter dimanche, ou pourquoi le vote-sanction est une sottise<div style="text-align: justify;">
Dimanche, nous choisissons qui de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande sera le président de la République française.</div>
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S'offre plus globalement le choix de soutenir un candidat ou d'effectuer un vote-sanction contre le « système ». Un tel vote-sanction séduit les électeurs des tendances politiques les moins bien représentées. Pourtant, derrière ce désir de sanctionner les gouvernants par un vote-sanction, ne se trouvent que l'illusion et la complaisance.</div>
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Le postulat, la façon de voir, du vote-sanction est que nous, peuple, nous trouvons face à une classe politique intangible, de laquelle nous pouvons extirper des concessions ou récompenser des bonnes conduites par notre attitude, tel l'enfant capricieux criant ou étant gentil selon les sucreries et attentions dont il bénéficie.
Par la punition qu'il subit, l'homme politique serait contraint d'adapter son discours et sa politique aux désirs de ceux qui l'ont puni. Ou pas.</div>
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<br /></div>
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Disons-le franchement : on n'attire pas les mouches avec du vinaigre. Croire que les politiques vont réorienter leur politique dans le sens souhaité par ceux qui ne votent pas pour eux n'a juste aucun sens. Croire que le vote sanction et donc la désaffection du régime précipitera sa ruine au bénéfice d'un nouveau régime plus conforme aux attentes des contestataires, cela relève du wishful thinking.</div>
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<br /></div>
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Alors évidemment, reste le petit plaisir qu'il y a à exprimer son rejet des politiques par un vote sanction. Les âmes raisonnables préféreront rejeter le postulat et les conclusions fausses du vote-sanction.</div>
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<b>Le postulat faux du vote-sanction</b>
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D'abord le postulat du vote-sanction, à savoir celui d'une classe politique, séparée de nous-le-peuple, qui impose ses décisions, est erroné.
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Loin d'être le roi assis sur un trône, le politique serait plutôt le capitaine d'un petit bateau flottant entre deux vagues au milieu de la tempête. La tempête et les vagues, ce sont l'état de nature de la société politique, traversée par les passions et les idées à la mode, des montagnes de violence contenue.
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Le politique, au lieu d'être le parasite social dénoncé par plusieurs, tient le cap du bateau ivre. Il est cette personne dont la fonction est d'intégrer les passions dans son action, de leur donner une forme politique civile, et en dernière analyse d'empêcher la réfaction totale de la société que souhaitent spécialistes et intellectuels, d'empêcher la guerre civile qui aurait lieu si les passions politiques n'étaient pas intégrées dans sa personne et ses idées.
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<b>Le caractère contre-productif du vote-sanction</b>
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La politique étant exposée comme art de rendre civiles les passions et non d'embobiner la populace – une idée dans laquelle même de bons esprits chutent -, attachons-nous à savoir maintenant quelle attitude est la plus à même de faire avancer ses idées. </div>
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Ceux qui préconisent le vote-sanction affectent de croire qu'un tel comportement va engendrer une ré-orientation des politiques dans le bon sens (ie le leur) et à défaut une crise de régime qui débouchera sur une telle ré-orientation. Absurde.
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<br /></div>
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En France, les partis se divisent entre partis de gouvernement et partis de contestation. Les seconds ne pèsent rien et le plus ils se renforcent, le moins ils pèsent dans la conduite des affaires. Ainsi des partis d'extrême-gauche et du Front National, ainsi des partis sans structure formelle de parti.
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Les extrêmes étant marginalisées, le gouvernement se fait au centre : centre-droit ou centre-gauche. Le centre est le faiseur de roi, entre deux clientèles quasi-captives. L'importance du centre électoral est si grande que l'opposition n'a de cesse de prétendre que le gouvernement au pouvoir est de droite dure ou de gauche dure. Ce fut par exemple le cas des gouvernements de Nicolas Sarkozy (oui on peut le dire), pour lesquels le journal Marianne n'a eu de cesse de titrer qu'il tirait vers l'extrême-droite – un reproche ridiculisé par les résultats du premier tour.
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Il y a donc une façon d'influer sur le système, qui est de voter : en votant à droite ou à gauche pour les partis de gouvernement, l'électeur déplace le champ politique des partis de gouvernement vers sa sensibilité. Le centre suit le mouvement. En votant pour les extrêmes, le non-électeur affaiblit son propre camp et précipite la réalisation de politiques qu'il exècre. Il est donc le premier responsable de son malheur et disons franchement que c'est bien fait pour lui.
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Le plus la population vote pour un parti, le plus il est à même d'incarner et représenter la sensibilité de droite ou de gauche de ses électeurs. Vouloir sanctionner un parti, c'est en un mot commettre un contre-sens quant à la façon dont il fonctionne.
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<b>La moralisation de la vie politique</b>
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Mais ce n'est pas tout, le vote ne sert pas qu'à renforcer le parti le plus à même de représenter ses idées, il sert de façon générale à moraliser la vie publique.
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Les amateurs du vote-sanction aime dire qu'ils ne peuvent cautionner un système corrompu. Mais ici, où et la cause, où est l'effet entre un peuple grognon et une classe politique insuffisante ?
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Est-ce que ce ne serait pas plutôt l'effacement des illusions, le désenchantement politique, qui ouvre la voie au cynisme, à une classe politique sans scrupule ?
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La vérité c'est que nous ne sommes pas de simples spectateurs d'un régime extérieur à nous, que nous pouvons approuver ou sanctionner. Le régime et ses caractéristiques reflètent nos propres comportements.
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L'abstention, le vote sanction, le cynisme, la complaisance des mélanchonistes, la faiblesse pleurnicharde des frontistes, tout ceci n'est pas une réaction à une classe politique critiquable, ça en est plutôt la cause. Si le peuple ne se laissait pas aller à la critique facile, ré-apprenait que la politique est un art difficile, arrêtait le caprice de renversement systématique des majorités etc alors nous n'aurions plus cette classe politique qui ne croit pas au peuple et gère en prenant ses aises avec la vérité.
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Si les politiques mentent, c'est parce que la population demande ces mensonges. Et c'est en votant sans illusion qu'on raréfiera le mensonge.
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<b>Des raisons d'espérer</b>
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Dans cette perspective, les libéraux devraient se réjouir de plusieurs choses : le score de Mme Joly laisse les mains libres à François Hollande en matière écologique et nous évitera une large mesure de démagogie écologiste de gauche.
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Quoique la haine grégaire et ignorante qui cible Nicolas Sarkozy le rende sympathique, il faut ajouter que l'élection de François Hollande lui-même n'annonce aucune catastrophe. Rappelons-nous des privatisations et de la hausse de la bourse sous le gouvernement de Lionel Jospin, qu'on ne peut pas imputer totalement à la conjoncture. De plus, la connaissance par les Français de la crise financière en cours, le caractère captif de la gauche dure à raison de son antisarkozisme obsessionnel (saluons cette ruse de la raison), tout ceci laisse une marge de manœuvre au candidat socialiste pour gouverner au centre, réformer, et alléger derrière l'écran illisible de réformes juridico-administratives le coût du travail.
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Enfin l'arrivée de la gauche au pouvoir mettrait un terme aux rationalisations antilibérales car c'est à l'idéologie prêtée au pouvoir qu'on attribue les malheurs de la France. Si François Hollande est élu, les malheurs seront imputés au socialisme, sous réserve que la critique du néolibéralisme ne parvienne à persister contre lui.
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<b>En résumé</b>
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En résumé, votez dimanche. Le plus les partis de gouvernement seront puissants, le plus ils incarneront leur sensibilité politique naturelle et le plus la vie politique sera moralisée. Le vote-sanction n'est qu'une illusion complaisante et contre-productive.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-23239647207012734432012-03-18T16:29:00.004+01:002012-03-18T17:02:24.395+01:00A propos du Best-of Contrepoints<div align="justify"><br />Entre autres activités gracieuses, je participe au magazine <a href="http://www.contrepoints.org/">Contrepoints</a> (en hommage à Raymond Aron), qui marche très très bien grâce au dévouement et à la faculté de jugement de ses deux rédac-chefs : 150.000 visiteurs uniques par mois et donc un des principaux si ce n'est le principal site libéral, offrant à ses auteurs associés de la visibilité et de l'audience.<br /><br />J'ai mis lapin à la matte pour la réalisation d'un livre collectionnant une partie des meilleurs articles publiés sur Contrepoints. Les articles sont bons, soutenus avec arguments, statistiques, connaissances, les idées ne se trouvent pas dans la presse installée, le style est là et puis ce livre est le témoignage d'un succès éditorial qui s'affirme chaque mois davantage.<br /><br />N'hésitez pas à acheter cet ouvrage, déjà vendu en France, en Belgique, en Italie, aux USA, à <a href="https://www.contrepoints.org/best-of-contrepoints-2011/">la page dédiée</a> pour 13,91 euros, frais de port compris. On ne se fait pas de bénéfice dessus.<br /><br />Le sommaire :<br /><br /><br />INTRODUCTION 7<br />274% de croissance pour les partenaires et auteurs de Contrepoints 9<br />ÉCONOMIE 15<br />Il n’y a pas de désindustrialisation 15<br />Les plans de rigueur, bons pour l’économie 19<br />Le « commerce équitable », inutile au mieux, contre-productif au pire 21<br />Rions un peu en attendant la crise 25<br />Pour en finir avec la loi de 1973 31<br />INTERNATIONAL 37<br />De l’illusion économique à la révolte en Tunisie 37<br />Deux recommandations pour libérer le monde arabe 40<br />Le Japon nous donne une leçon de résilience 45<br />Chávez : « Le capitalisme a tué la vie sur Mars » 48<br />POLITIQUE 49<br />Nicolas Sarkozy, président d’honneur d’Attac ! 49<br />François Hollande, jésuite thermodynamique 52<br />Le renouveau des oligarchies 57<br />Pas de transparence des subventions du Conseil régional d’Ile-de-France 68<br />10 paradoxes du libéralisme en France 74<br />SOCIAL 81<br />La gauche l’avait rêvé, la droite le fait 81<br />Il n’y a pas d’écart salarial hommes/femmes 88<br />SOCIETE ET ENVIRONNEMENT 93<br />Le mythe de la surpopulation 93<br />Les immigrés prennent-ils le travail des français ? 99<br />Science climatique alarmiste et principe d’exclusion 101<br />LECTURE ET CULTURE 109<br />Qui est Ayn Rand ? 109<br />La gestation du libertarianisme 116<br />L’analyse de classe libertarienne 123<br />Hommage à Mario Vargas Llosa 129<br />James Buchanan, Gordon Tullock : le Calcul du Consentement 131<br />Dictature libérale ? 135<br />HISTOIRE 143<br />La voie chilienne vers le socialisme 143<br />Le mythe des « Chicago Boys » 157<br />John James Cowperthwaite 161<br />Les mythes sur la libéralisation des trains britanniques 168<br /><br />Et notre best-of ressemble à cela :<br /><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2McYDABD6o9VKM2QJwfIU3npVgDYbjOGOlG5oSMk8uyG0TQV0UQdjxlmakodalY856KZuEqbAUujq9peQ2Cjto9D3rgzB1NJc3I4kpUqgj6ZYbaNPUd1rt4Jh8uesgKT3ClyXbgt89Q/s1600/Images+livre+5+mars.png"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 223px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2McYDABD6o9VKM2QJwfIU3npVgDYbjOGOlG5oSMk8uyG0TQV0UQdjxlmakodalY856KZuEqbAUujq9peQ2Cjto9D3rgzB1NJc3I4kpUqgj6ZYbaNPUd1rt4Jh8uesgKT3ClyXbgt89Q/s320/Images+livre+5+mars.png" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5721265082003228306" /></a></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-47131674784642411602012-02-16T17:25:00.003+01:002012-02-16T18:45:53.707+01:00Que penser de la dernière affaire Vanneste...<div align="justify"><br /><br />Le député <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Vanneste">Christian Vanneste</a> fait à nouveau l'affiche pour des propos sur l'homosexualité. Si l'affaire a démarré en fanfare, il n'est pas à exclure qu'elle se dégonfle très rapidement. Les propos, qui sont quasiment exacts sur le fond et n'apparaissent pas avoir été prononcés à des fins polémiques, ont déclenché l'ire de l'UMP et de quantités de politiques. De fait on peut reprocher à Vanneste l'erreur politique, mais est-t-elle bien réelle ? Pour conclure, une petite leçon de tolérance n'apparait pas inutile mais sans doute pas dans le sens voulu par M. Copé et Mme Morano.<br /><br /><strong>I) Des propos choquants ?</strong><br /><br />Il y a deux questions à se poser au sujet des propos polémiques de Vanneste :<br /> 1/ Est-ce que ce qu'il dit est vrai ?<br /> 2/ Est-ce qu'il y avait une volonté polémique ?<br /><br />Christian Vanneste a déclaré : </div><blockquote><p align="justify">"C'est l'habitude de déformer systématiquement les chiffres. […] Il y a la fameuse légende de la déportation des homosexuels. Il faut être très clair là aussi. Manifestement Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés, et il n'y en a pas eu ailleurs. Et notamment en dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation homosexuelle en France.<br /><br />On peut même dire si on veut être méchant, et monsieur Buisson l'a été lorsqu’il a parlé de la sexualité sous l'occupation, on peut rappeler, que lorsqu'un certain nombre d'intellectuels français vont présenter leurs hommages à monsieur Goebbels, il y en a quand même la moitié qui sont homosexuels. […] Et notamment avec à leur tête le ministre de Pétain, M. Abel Bonnard dont tout le monde savait qu'il était homosexuel et que les résistants appelaient, d'une façon que l'on peut trouver drôle ou pas suivant les cas, la gestapette.<br /><br />Donc voyez il faut relativiser tout ça. Ils ont un art consommé de déformer la réalité, de vous faire prendre leurs vessies pour les lanternes et donc d'acquérir une opinion favorable. Tout cela est faux et demande à être pensé avec beaucoup plus de réalisme, de respect des personnes bien sur, il ne s'agit pas de condamner des personnes." </p></blockquote><div align="justify"><br /><br />Pour connaître la réalité des déportations de personnes homosexuelles en France lors de la deuxième guerre mondiale en raison de leur homosexualité, on a <a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/02/15/01016-20120215ARTFIG00665-le-complexe-comptage-des-homosexuels-francais-deportes.php">cet article du figaro</a> ou <a href="http://www.lexpress.fr/actualite/politique/deportation-des-homosexuels-la-realite-des-chiffres_1082732.html">un autre de l'express</a>.<br /><br />On a également <a href="http://histoiredememoire.over-blog.com/article-la-deportation-pour-motif-d-homosexualite-en-france-debats-d-histoire-enjeux-de-memoire-65437121.html">l'article de l'historien Mickaël Bertrand, posté sur son blog antérieurement à la polémique</a>.<br /><br />Il en ressort que depuis 2001, on estimait à 210 le nombre de Français déportés comme homosexuels lors de la seconde guerre mondiale (bien d'autres étaient déportés à d'autres titres), puis qu'en 2007 ce chiffre a été réduit à 62. Sur ces 62, la plupart sont arrêtés en territoire allemand, sachant que l'Alsace et la Moselle sont alors ré-annexés, ce à l'exception de 7 ou 8 d'entre eux. Le nombre de morts s'élève à 13 minimum.<br /><br />Il semble qu'il reste des archives à dépouiller pourtant le chiffre de 62 est donné sans cette réserve.<br /><br />Sept ou huit déportés du territoire français pour homosexualité ce n'est pas rien, mais pour comparaison, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Discrimination_et_déportation_des_homosexuels_sous_l'Allemagne_nazie">en Allemagne, il y a, d'après wikipédia</a>, l'arrestation de 100.000 personnes pour homosexualité, dont de 10.000 à 15.000 sont déportées en camp de concentration où la mortalité de cette population aurait été de 60%.<br /><br />En un mot Vanneste a raison sur le fond. On passera sur le doublement du nombre d'homosexuels déportés en Allemagne.<br /><br />Il faut maintenant s'atarder sur le problème de la volonté polémique. Vanneste a-t-il voulu faire un coup médiatique ?<br /><br />Les propos ont été tenus dans <a href="http://libertepolitique.com/L-information/Liberte-politique-TV/Favoriser-la-famille-pour-preparer-l-avenir">une interview vidéo du site liberté politique</a>, qui est un site conservateur. L'entretien, mis en ligne le 10 février 2012, a pour sujet la famille et sans surprise Vanneste s'exprime sur l'homosexualité. Ses propos s'inscrivent dans une argumentation critiquant, ironie remarquable, la sur-représentation des homosexuels dans les métiers de la communication et le biais de réprésentation de la réalité qu'il implique. Si les propos sont fermes et à contre-courant ils n'ont pas de visée polémique.<br /><br />Reste le procès d'intention : à défaut de pouvoir réfuter Vanneste ses adversaires lui reprochent ses intentions ou ses fréquentations comme cela s'est fait sur lemonde.fr. Si prisé comme témoignage d'esprit critique, en réalité l'argumentation du soupçon signale la faillite de l'argumentation rationnelle et le repli sur un registre dans lequel le débat n'est plus possible.<br /><br /><strong>II) Une faute politique ?</strong><br /><br /><br />Il semble bien que le buzz soit parti de l'UMP - et pas de Vanneste - avec au premier rang François Copé et Nadine Morano, qui ont en commun des bévues à faire oublier. De là à penser que Vanneste sert de victime expiatoire, on peut l'imaginer mais on s'abstiendra de le tenir pour acquis. A gauche on a aussi dénoncé Vanneste mais apparemment on est resté dans le registre du convenu.<br /><br />A la décharge de l'UMP, il faut bien voir que nous sommes en campagne et il revient donc aux membres d'un parti d'éviter de prêter le flanc à la critique ou d'accroche à la caricature. En ce sens on peut reprocher à Vanneste d'avoir commis une faute politique.<br /><br />Reste qu'on peut objecter que étant donné les difficultés de l'UMP, il est rationnel de parier sur sa défaite.<br />Surtout, le désir qu'à eu la droite de plaire à tout le monde est précisément ce qui l'a rendue impopulaire : en fait d'ouverture, la droite a paru molle et faible à son électorat sans séduire la gauche. Vouloir exclure un député pour des propos choquants superficiellement, sur-réagir à la polémique, voilà une attitude qui se place bien dans la trame défaitiste de la droite.<br /><br />On peut aussi reprocher à Vanneste que cette citation serait la goutte d'eau qui fait déborder le vase et effectivement il y a un peu de ça, même si les citations polémiques s'étalent ponctuellement sur plusieurs années. On peut craindre que le conflit avec les associations homosexuelles ne fasse virer le député à l'aigreur ce qui serait dommage de la part de ce professeur de philosophie, un des rares hommes politiques à montrer une véritable indépendance d'esprit, contre le courant et le parti. On lui reproche un défaut de tolérance ? Un rappel sur ce qu'est la tolérance s'impose.<br /><br /><br /><strong>III) Rappel sur la tolérance</strong><br /><br /><br />D'abord qu'est-ce que la tolérance ? On dirait bien que la tolérance a disparu du débat ou plutôt qu'elle a été vidée de son contenu.<br /><br />La tolérance c'est vivre avec l'autre tel qu'il est, quoiqu'on désapprouve ce qu'il pense, ce qu'il croit, ou ce qu'il fait. Il est curieux d'avoir à rappeler que la tolérance n'a de sens qu'envers ce qu'on désapprouve.<br /><br />Si une personne désapprouve l'homosexualité, elle peut être tolérante ou non, si elle approuve l'homosexualité, elle n'est ni tolérante, ni intolérante : sa tolérance n'a pas d'objet.<br /><br />Ensuite la tolérance, ce n'est pas seulement dire « non à l'homophobie », qui évoque un peu le fameux « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », la tolérance c'est tout à la fois admettre que des personnes désapprouvent l'homosexualité et admettre que des personnes soient homosexuelles.<br /><br />Lorsque Christian Vanneste critique l'homosexualité en prenant garde d'ajouter qu'il ne vise pas les personnes, il n'est pas intolérant. Lorsqu'une association d'homosexuels de l'UMP (Gaylib) demande son exclusion pour avoir dit ce qu'il pense, argumentant sa pensée, il y a intolérance. C'est pour cela que dans cette affaire il faut soutenir Vanneste : parce qu'on ne punit pas la vérité et parce que la tolérance ne consiste pas à interdire ceux qui pensent autrement.<br /><br />La véritable tolérance doit s'exprimer contre l'hubris de notre propre raison, accepter de vivre avec des idées que notre raison rejette, accepter la division entre ce que nous pensons et ce que nous faisons, critiquer les idées mais non les personnes. La fausse tolérance c'est celle qui refuse le pouvoir de critiquer, de juger et qui impose d'accepter toutes les idées.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-85796324140800292272012-01-26T01:18:00.003+01:002012-01-26T01:33:50.132+01:00V pour Vendetta, un film fasciste ?<div align="justify"><br /><br />Rappelez-vous du film. Dans une dictature vaguement futuriste, un homme mène la résistance. Il a subi des expériences scientifiques, perdu son visage, est devenu un surhomme et cherche sa vengeance. Il vit dans un lupanar, entouré d'oeuvres somptueuses et se retrouve avec une belle minette sur les bras après l'avoir sauvée. En guise de dystopie on a en fait un fantasme d'ado.<br /><br />Le méchant est un dictateur qui ressemble à Hitler pour que le spectateur soit bien sur d'être du bon côté. Ce qui n'est pas le cas, car contrairement aux apparences, dans V pour Vendetta ce sont bien les fascistes qui gagnent et il serait bon que le symbole du masque dont se sert le héros ne devienne un symbole de contestation démocratique.<br /><br /><br /><span style="font-weight:bold;">Dystopie ou utopie ?</span><br /><br />Parler du film V pour Vendetta est fréquemment l'occasion d'employer le mot savant de dystopie, qui serait le pendant sombre d'une utopie. Ainsi V aurait-il lieu dans un monde dystopique, c'est-à-dire un lieu où les choses sont organisées pour rendre les gens malheureux.<br /><br />Or V n'est pas une dystopie mais l'inverse : une utopie individuelle. Et oui.<br /><br />Certainement pas parce que le régime et la société décrits par le film, une sorte de fascisme, seraient bons et souhaitables.<br /><br />Non, V est une utopie en ce qu'elle dépeint les groupes politiques et sociaux ennemis réels comme des fascistes, le rêve ! Les bons connaissent un destin de martyr ou d'accession à des vérités supérieures, joie ! Le combat de résistance va aboutir, autrement dit la dynamique est favorable... C'est donc... l'extase et non le cauchemar.<br /><br />Quel groupe politique réel est visé par le film et dépeint en fasciste ? Simple, c'est George Bush et les conservateurs et néoconservateurs américains.<br /><br />Il est notable que la BD originale de V opposait les anarchistes aux fascistes mais le scénario a été modifié par les frères Wachowski (obstinés à exploiter les filons de la gnose moderne et du nanar) pour présenter un tout autre combat. Un des auteurs, Alan Moore, qui a pris ses distances, l'a d'ailleurs compris : le film met en présence le « système américain néo-conservateur contre le système américain libéral », libéral signifiant en langue américaine : de gauche. Au combat anarchiste/fasciste présent dans la BD originale, on a donc superposé le combat gauche/droite sous l'ère de Bush fils.<br /><br />Le scénario ne fait pas dans la dentelle, et recouvre tous les fantasmes d'un camp contre l'autre. Ainsi le pouvoir fasciste en place dans le film, avec son chef hitlérien, ses camps de concentration, ses expériences sur les humains, assoit-il son pouvoir en jouant la sécurité contre la liberté, or ce thème constitue une critique récurrente contre Bush. Ce thème est juste ne justifie pas pour autant un point Godwin.<br /><br />Dans le film le gouvernement despotique est arrivé au pouvoir en profitant d'attentats dont il est en réalité l'instigateur – petit clin d'oeil pas subtil du tout au conspirationisme onzeseptembrien.<br /><br />Mais ce n'est pas tout. Le présentateur démagogique de la télévision aux ordres est militariste et... évangéliste, soit l'équivalent d'un célèbre pundit conservateur américain. Notons encore que dans le monde de V on est exécuté pour avoir un Coran, on disparaît parce qu'on est lesbienne. Or Bush et son camp sont réputés par la plupart de leurs adversaires être défavorables aux musulmans et aux homosexuels.<br /><br />Un tour sur la wikipédia anglaise abonde en notre sens :<br /><span style="font-size:85%;"><br />« Many film critics, political commentators and other members of the media have also noted the numerous references in the film to events surrounding the then-current George W. Bush administration in the United States. These include the "black bags" worn by the prisoners in Larkhill that have been seen as a reference to the black bags worn by prisoners at Abu Ghraib in Iraq and in U.S.-administered Guantánamo Bay in Cuba, though the pre-Matrix draft of the screenplay also contains this reference to black bags. Also London is under a yellow-coded curfew alert, similar to the US Government's color-coded Homeland Security Advisory System. One of the forbidden items in Gordon's secret basement is a protest poster with a mixed U.S.–UK flag with a swastika and the title "Coalition of the Willing, To Power" which combines the "Coalition of the Willing" with Friedrich Nietzsche's concept of Will to Power. As well, there is use of the term "rendition" in the film, in reference to the way the regime removes undesirables from society. There is even a brief scene (during the Valerie flashback) that contains real-life footage of an anti-Iraq war demonstration, with mention of President George W. Bush. Finally, the film contains references to "America's war" and "the war America started" as well as real footage from the Iraq War. » </span><br /><br /><br />Qu'est-ce donc que le monde de V pour Vendetta ? Ce sont les USA de Bush tel que rêvé par ses opposants les plus hystériques c-à-d mélangé avec Hitler.<br /><br />Et c'est pourquoi il est injuste de se borner à dire que V pour Vendetta est un mauvais film quand c'est d'abord une utopie au message extrêmement simple : Bush est méchant, nous sommes des victimes et ceux qui ne sont pas comme nous sont des fascistes.<br /><br /><span style="font-weight:bold;">Où est le fascisme ?</span><br /><br />Le fascisme est bien présent dans le film mais pas là où on le croit.<br />Tout est fait pour dépeindre le pouvoir dictatorial contre lequel le héros lutte comme fasciste. Son chef ressemble à Hitler, le pouvoir a ses camps, il torture, il expérimente sur les êtres humains, il dés-humanise etc.<br /><br />Mais comme dans tout bon film d'action qui se respecte, le mal prêté au méchant est en réalité le désinhibiteur de la violence dont on veut faire jouir le spectateur. Le méchant est violent ? On va le frapper avec bonne conscience. Il tue ? On peut le tuer. Il est sadique ? On va être sadique avec lui. Avec bonne conscience.<br /><br />Le méchant est fasciste ? Le héros – et le spectateur qui se projette dans ce héros -, pourra être fasciste.<br /><br />Que le spectateur fasse abstraction du méchant, ce prétexte au mal, et observe bien ce qui se passe dans le film et ce qu'il pourrait approuver à défaut de réfléchir.<br /><br />Concrètement, que fait V ? Il tue, il séquestre, il terrorise et fait sauter le Parlement.<br /><br />Que se passe-t-il à la fin ? L'armée se refuse à tirer et laisse approcher le Parlement, qui explose, par une foule de personnes anonymisées par un masque : autrement dit les institutions subverties par la masse atomisée, en un mot le fascisme.<br /><br />Bref, ce film :<br />c'est une satire intolérante de la droite américaine, consistant à l'assimiler à un fascisme,<br />c'est un nanar,<br />c'est un film fasciste sur le fascisme.<br /><br />Bonne séance !</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-89984882970100451192012-01-04T02:32:00.006+01:002012-01-04T03:11:33.020+01:00Le cénacle du cuistre : a contrario<div align="justify">Nouvelle année et nouvelle thématique : le cénacle du cuistre, titrée ainsi en hommage au Coin du pédant, rubrique du canard satirique <span style="font-style:italic;"><a href="http://www.private-eye.co.uk/">private eye</a></span> où les lecteurs corrigent les erreurs que la politesse commande généralement de ne pas corriger.<br /><br />En dépit des bonnes manières, corriger ces erreurs est utile pour se perfectionner et améliorer le monde, mais il apparait plus poli de se flageller un peu avant d'y procéder car une telle activité apparait pédante. Je ne veux pas dire que mes posts hors de cette rubrique sont exempts de pédanterie, ce qui serait pédant, je veux dire que pour opérer ces corrections et donc réaliser cette rubrique ce vice est presque nécessaire (à moins que l'avouer d'avance n'en prévienne, qui sait ?).<br /><br />Une part du plaisir de cette rubrique est de débusquer la mauvaise correction et de leçonner le donneur de leçon donc que le lecteur n'hésite pas à me contredire. A pédant, pédant et demi. Toutefois inutile de me dire que le cuistre n'est pas tout à fait un pédant, je le sais mais voyez-vous le pédant est éculé tandis que les cuistres sont en paix.<br /><br />Il y a moins de vice dans la vanité assumée que dans la fausse modestie affectée ou dans le ressentiment du médiocre. Le secret (indiqué donc dès le troisième paragraphe de cette nouvelle rubrique) est que la pédanterie dans la correction n'arrive bien souvent pas à la cheville de la pédanterie dans l'erreur que nous allons corriger. <br /><br />Une illustration de cette dernière constatation avec au menu de ce jour : <span style="font-weight:bold;">a contrario<span style="font-style:italic;"></span></span>.<br /><br />Il faut arrêter d'écrire a contrario à la place de au contraire en croyant améliorer son registre de langage.<br /><span style="font-style:italic;">A contrario</span> signifie : à hypothèse inverse, conclusion inverse. C'est un type de raisonnement.<br /><br />Je vois à ce propos que wikipédia indique la même chose, ce qui m'oblige à vérifier dans l'historique que je n'y suis pour rien. Chose faite.<br /><br />Donc si vous parlez à quelqu'un qui est ou au moins doit être raisonnable, et que vous voulez juste dire "au contraire" et bien dites-le tel quel. Et si vous êtes misanthrope, dites délibérément <span style="font-style:italic;">a contrario</span>.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-17565557584642652432011-11-16T20:19:00.006+01:002011-11-16T22:44:16.787+01:00Les marchés comme limite ultime à l'économie de la dette ?<div align="justify">Alors que la crise financière continue de s'aggraver, les marchés sont sans surprise pointés du doigt. Plus intéressante est l'aporie intellectuelle qui se fait de plus en plus jour chez les détracteurs du "système", coincés entre rejet de l'économie de la dette et défense de l'incontinence publique.<br /><br />Question préalable : les marchés sont-ils la source de la crise actuelle ? Non. On opposera à Marianne et autres revues moi-on-m'la-fait-pas que la crise de la dette publique était annoncée depuis longtemps, que la dégradation de la dette française était prévue pour 2025 et celle de la dette américaine pour 2035. Les méga-plans de relance keynésienne, méga-inutiles, ont précipité une chute qui était inéluctable à défaut de réaction contre l'endettement public.<br /><br />Et de réaction politique, il n'y avait point. Bien au contraire, ce sont les Français et les Allemands qui ouvraient la boite de Pandore du dépassement des 3% de déficit du pacte de stabilité et de croissance.<br /><br /><br />Mais ce n'est pas le sujet le plus important.<br /><br />Ce qui m'intéresse dans les développements actuels, c'est qu'ils révèlent une contradiction fondamentale chez les détracteurs du système. Car ce qui se passe actuellement peut se résumer ainsi : les marchés disent stop à l'endettement.<br /><br />Concrètement, les masses de dettes sont telles qu'elles obèrent à moyen terme la situation des Etats. La crédibilité de remboursement des Etats s'affaiblit ce dont témoignent les dégradations de note des agences de notation (version régulation) et le surenchérissement des CDS (depuis mi-2008, version marché), et ce qui se traduit par une hausse des taux d'intérêt. Cette dernière hausse affaiblit davantage les Etats dans ce qu'il est convenu d'appeler un cercle vicieux - à moins qu'il ne s'agisse d'un cercle vertueux ?<br /><br /><br />Peut-être le cercle est-il vertueux en fin de compte car il a pour effet d'assécher le pouvoir d'emprunter qu'ont les Etats. Fin de l'économie de l'emprunt et de la dette. Ainsi les marchés pallient en dernier ressort la défaillance du politique à l'égard du couple toujours plus de dépense publique-toujours plus de dette.<br /><br />Que ne nous réjouissons-nous... Les marchés sifflent la fin de la récrée de l'argent facile ! Joie ! Et pourtant que se passe-t-il ? Les détracteurs de l'économie de la dette, cette économie de la dépense publique financée par les générations futures, se mettent à crier en choeur au scandale ! Après avoir vilipendé l'impéritie de l'Etat à s'endetter toujours et le vice des marchés à le droguer à la dette, voilà qu'ils deviennent tout rouge quand ils apprennent que les marchés ne veulent plus prêter à l'Etat.<br /><br />Est-ce à dire qu'ils veulent tout à la fois que l'Etat ne s'endette pas et qu'il s'endette sans limite ? La critique de la dette, une fois nue, se révélerait-elle être une enième pénible rationalisation de la haine du capitalisme et de l'adoration pendante du pouvoir créateur, omnipotent, illimité de l'Etat ? L'inconséquence des critiques a été remarquablement mise en lumière dans un <a href="http://www.koztoujours.fr/?p=13312">article récent de Koz</a>.<br /><br /><br />Il va falloir se mettre d'accord. Qu'est-ce qui gêne les critiques : est-ce l'état d'endettement ie la dette accumulée ou est-ce le système ie l'économie de la dette ?<br /><br />Sans doute la dette est-elle un bien triste remède au puit sans plafond de la dépense de l'Etat mais qu'on se le dise : c'est ça ou rien car les politiques ont amplement montré qu'ils ne parvenaient pas à maitriser les dépenses publiques.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-53877477266350732072011-10-14T15:59:00.003+02:002011-10-14T17:05:42.821+02:00Les déboires post-mortem de Steve Jobs<div align="justify">Lorsque Steve Jobs meurt ce 5 octobre 2011, la réaction est presque unanime : les journaux déplorent la perte du grand homme, de nombreux inconnus manifestent leur sympathie et laissent des messages en ce sens sur la toile.<br /><br />Et pourtant, moins de dix jours après, l'unanimisme a changé de camp et la surenchère l'a suivie. Que voyons-nous aujourd'hui en nous promenant sur internet et en ouvrant facebook ? Les interventions de toute part fustigent le disparu à partir d'approches les plus variées.<br /><br />Les uns déplorent l'attraction exercée par le sort d'un homme quand des millions meurent de faim. Ceux-ci me rappellent à l'esprit la fameuse citation d'un grand cynique, Staline, selon laquelle un mort c'est une tragédie, un million c'est une statistique. Comment ne pas déplorer l'indifférence ? L'ennui c'est qu'actuellement il n'y a nulle part une famine ou une guerre qui fasse un million de morts (et non, pas même dans la corne de l'Afrique) et la critique de l'indifférence se retourne dès lors contre ceux qui la portent.<br /><br />D'autres tournent en dérision le patronyme de Jobs. On voit fleurir images et plaisanteries sur les registres du politique et du graveleux. La précipitation dans ce genre comique limité révèle un manque d'à-propos certain.<br /><br />D'autres enfin nous disent que Steve Jobs est un voleur. Sans doute croient-ils que les inventions sont faites pour aller dans les musées et que les vulgarisateurs qui construisent leur fortune en créant les applications pratiques et en les diffusant à travers le monde sont des parasites... Et les mêmes d'insister sur le décès de Dennis Ritchie comme si il fallait rectifier l'ordre des préséances. Loin d'honorer le second, ce type de critique le dévalorise et c'est regrettable.<br /><br />Ainsi, les uns font la leçon sans trop en avoir les moyens, d'autres jouent les malins et d'autres encore font les geeks, tout ceci pour rejeter l'unanimisme qui avait dans un premier temps salué le grand homme.<br /><br />La Rochefoucauld remarquait qu'on est d'ordinaire plus médisant par vanité que par malice. J'ajouterai ici que la vanité qui nous commande de nous écarter de l'opinion que nous prêtons au commun nous y précipite le plus surement.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-71768570632044051422011-05-28T20:42:00.003+02:002011-05-28T20:49:24.819+02:00C'est la justice qui doit respecter la présomption d'innocence, pas le citoyen.<div align="justify"><br /><em>(Article rédigé les 16 et 17 mai, paru remanié par ailleurs. Publié pour les curieux)</em><br /><br />En France, les affaires pénales sont l'occasion de contorsions de langage pour se conformer au principe de la présomption d'innocence. Comment rapporter qu'une personne est mise en cause, à propos de faits litigieux, sans attester la réalité de ces faits ? Comment respecter la présomption d'innocence et tout à la fois informer le public ?<br /><br /><strong>Des déboires de l'infraction "présumée" - </strong>Une solution courante consiste à parler de l'"infraction présumée", expression très malheureuse parce que le mot "présumé" peut signifier que quelque chose est supposé, mais aussi, plus embêtant, que cette supposition est probablement juste. Bien pire encore, en droit, "présumé" signifie qu'on tient ce qui est présumé comme établi jusqu'à la preuve contraire. C'est d'ailleurs en ce sens qu'il faut comprendre que la justice tient le prévenu comme présumé innocent : il est tenu pour innocent jusqu'à ce qu'il soit condamné.<br /><br />Ainsi dire que le directeur général du FMI est tenu en prison pour une agression présumée, c'est bien involontairement nier la présomption d'innocence puisque le "présumé", au lieu de placer une réserve sur la réalité de l'accusation, affirme que les allégations sont tenues vraies a priori…<br /><br />Les journaux retiennent heureusement d'autres solutions, la meilleure consistant à attribuer les accusations à ceux qui les émettent, ce qui donne des formules telles que "le rapport de police est accablant", "la justice met en examen" etc.<br /><br /><br /><strong>La liberté d'opinion - </strong>Mais à quoi bon ces précautions ? Pourquoi diable les journaux et nous-mêmes devrions-nous respecter la présomption d'innocence ? Que l'homme s'abstienne de juger sans savoir, connaisse d'une affaire sans préjuger de sa solution, ceci est louable. Mais pourquoi devrait-il suspendre son jugement pendant quelques années le temps qu'une personne soit effectivement condamnée et épuise ses voies de recours ??<br /><br />L'homme a un cerveau et il arrive qu'il sache s'en servir. Il lit des journaux, discute avec ses pairs, réfléchit son avis, se forme une opinion. Et quand bien même la justice tranche en un sens, est-il privé de la faculté de former une opinion contraire ? Ceux qui pensent que Omar Raddad est innocent ou ceux qui se rappellent des affaires Dreyfus et Outreaux savent que la vérité judiciaire n'est pas forcément la vérité et qu'il peut être juste d'en douter.<br /><br />La liberté d'opinion devrait permettre au citoyen de quitter la présomption d'innocence pour une position rationnellement fondée, sans avoir à attendre le terme du processus judiciaire.<br /><br /><br /><strong>Le véritable débiteur de la présomption d'innocence : la justice - </strong>Comment dès lors laisser le citoyen se faire son opinion, tout en garantissant que le prévenu bénéficie de la présomption d'innocence ? La réponse, pour l'auteur de ces lignes, c'est que c'est l'Etat et la justice qui sont débiteurs de la présomption d'innocence mais il n'y a pas de raison a priori que cette obligation concerne les observateurs…<br /><br />Les grands textes internationaux qui commandent la présomption d'innocence lient d'ailleurs les Etats et non les citoyens. Tel est le cas de la déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que du pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il en est de même de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme.<br /><br />On remarquera que la présomption d'innocence n'est pas la seule notion pour laquelle il existe une confusion sur la personne redevable : c'est également le cas de la laïcité. Pour la présomption d'innocence comme pour la laïcité, c'est bel et bien l'Etat qui en est le véritable débiteur et non le citoyen. Pourtant certains voudraient parfois que ce soient les citoyens qui l'appliquent ! Non. Si le citoyen doit tenir l'accusé pour innocent a priori, il n'est pas justifié qu'il suspende son jugement jusqu'à la toute fin des péripéties judiciaires.<br /><br /><br /><strong>Protéger l'institution ? </strong>Pour autant il faut que la justice soit épargnée des passions populaires, autrement dit que l'institution de la justice soit préservée de la pression de l'opinion publique. D'un côté nous avons donc la liberté d'opinion, celle d'expression ainsi que celle d'information, de l'autre la nécessité de protéger l'institution. Il faut concilier ces exigences contradictoires. Il faut de plus préserver l'honneur d'une personne qui est peut-être accusée à tort.<br /><br />C'est pourquoi il n'est pas inopportun de punir l'atteinte à la présomption d'innocence que commettrait une personne comme vous et moi. Ainsi la loi punit au pénal la diffusion de photos de prévenus en menottes ainsi que les sondages de culpabilité. Pour le reste, la réprobation de l'atteinte à la présomption d'innocence est simplement civile.<br /><br />Le prévenu lésé pourrait agir en diffamation mais il faut garder à l'esprit que la bonne foi permet de s'exonérer. La jurisprudence est toutefois sévère.<br /><br />Il y a aussi l'article 9-1 du code civil qui permet au juge de faire publier rectificatifs et communiqués qui rétablissent la plénitude de la présomption d'innocence. On voit mal, toutefois, un directeur général du FMI attaquer toute la presse française qui aurait révélé ses déboires sans véritablement douter de sa culpabilité…<br /><br /><br /><strong>Protéger la démocratie - </strong>Le véritable problème est celui d'équilibrer le droit légitime du public a être informer, se faire son opinion, et protéger la justice et le prévenu. Pour cela il faudrait tenir compte de la personne du prévenu ainsi que du caractère plus ou moins manifeste de la réalité des accusations. Or face un aspirant à la magistrature suprême de la Ve république, il est raisonnable de penser que la liberté d'opinion doit être totale et s'exprimer avec toutes ses conséquences, ce pour sauvegarder la démocratie : parce que les électeurs doivent savoir pour qui ils votent et parce que le candidat doit être au-dessus du soupçon. La femme de César doit être irréprochable.<br /><br />Dominique Strauss-Kahn était un favori de l'élection présidentielle à venir et à ce titre la liberté d'expression ne saurait être contenue : il est légitime, même si c'est cruel, que dans une démocratie les photos d'un aspirant aux fonctions suprêmes, menottes aux poignets, puissent être diffusées ; il est légitime que le citoyen puisse se faire son opinion sur la culpabilité de celui-ci sans avoir à attendre une décision de justice lointaine, ce d'autant plus quand les preuves avancées sont accablantes.<br /><br />Si la justice devra appliquer pleinement la présomption d'innocence, le citoyen a légitimement le droit de bénéficier de toutes les informations et de se faire son opinion sans attendre un jugement formel, surtout quand le prévenu aspirait à la fonction suprême de la démocratie.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-39922971574963123842011-05-02T13:57:00.002+02:002011-05-02T13:59:54.438+02:00Des robots sur wikipédia<div align="justify">Sur wikipédia, des robots (bots) passent en permanence sur les articles afin d'effectuer diverses taches. Certains se voient affecter un statut ce qui fait qu'ils ne s'affichent plus dans la liste de suivi des articles, épargnant des lignes de modifications sans intérêt.<br /><br />Côté plus, les robots permettent une relative normalisation des articles, la correction d'erreurs de français dommageables ainsi que des améliorations variées telles que l'introduction d'images.<br /><br />Côté moins, les robots effectuent des normalisation pas toujours souhaitées ou opportunes. Aussi ils rendent la liste de suivi peu praticable.<br /><br />Problème : étant donné qu'un article disparait purement et simplement de la liste de suivi suite à sa modification par un bot statutaire, dès lors on se rend compte qu'on peut détourner le système de façon à cacher ses modifications aux autres intervenants de façon simple. Il suffit de faire lors d'une édition une modification qui fera intervenir un bot après vous. Et pshit l'article modifié par vos soins disparait des listes de suivi...<br /><br />Le problème existe aussi dans une moindre mesure lorsqu'un article a été modifié par un bot non statutaire : l'article sera présent dans la liste de suivi, mais la dernière modification humaine sera cachée en ce que seule la description de la modification faite par le robot sera affichée.<br /><br />Exemple sur une modification de ma part l'autre jour.<br /><br />Sur Adolf Bertram, j'effectue <a href="http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Adolf_Bertram&diff=prev&oldid=64829262">une modification</a>.<br /><br />Un peu après, un bot passe pour effectuer à son tour <a href="http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Adolf_Bertram&action=historysubmit&diff=64881229&oldid=64829262">une retouche</a> (pas très pertinente d'ailleurs mais peu importe) à mon édition.<br /><br />Si d'autres personnes suivent l'article que j'ai modifié, il est probable qu'elles ne sauront rien de ma modification... ce qui est quand même gênant. Je ne pense pas que des wikipédiens se serviront de ce truc pour pov-pusher mais je me suis dit qu'il pourrait être utile que l'astuce soit connue pour précisément éviter qu'elle soit employée.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-65236137818513243652011-03-07T23:29:00.011+01:002011-03-08T01:06:38.823+01:00Le retour de la fin de l'histoire (et des néoconservateurs) ?<div align="justify">Une vague de soulèvements populaires émerge soudainement dans les régimes des pays arabes du Proche-orient et du Maghreb. Les autocraties illégitimes vacillent, les diplomaties occidentales sont prises en porte-à-faux.<br /><br />On ignore encore quels seront les développements de ces crises mais déjà il faut relever la réapparition de ce que les difficultés de l'aventure de Bush en Irak semblaient avoir envoyé aux oubliettes : la fin de l'histoire et les néoconservateurs.<br /><br />Cette crise riche de paradoxe est aussi l'occasion de relever les risques de l'idéalisme, les apories du réalisme et le curieux jeu qui se déroule entre ces paradigmes.</div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /><span style="font-weight:bold;">I) Les come backs</span><br /><br /><span style="font-weight:bold;">A) La question de la fin de l'histoire</span><br /><br />La notion de fin de l'histoire apparaît chez Hegel, les auteurs les plus connus à la reprendre sont Marx et Fukuyama. Après la chute de l'URSS, le professeur Francis Fukuyama, tirant le constat de la faillite des grandes idéologies alternatives à la démocratie libérale, proclamait la fin de l'histoire et annonçait que la démocratie libérale était l'horizon incontesté de l'humanité. Et en effet la ligne de fracture ne se semblait plus se situer entre des Etats aux projets politiques différents mais entre les pays développés et les pays non développés tendant vers la fin achevée par les premiers.<br /><br />Or la persistance des guerres et plus encore l'aggravation du terrorisme islamiste et le relatif échec de l'importation de la démocratie en Irak apparaissait remettre en cause ce constat. Peut-être Huntington avait-il raison : la civilisation serait le plus grand groupe dans lequel un groupe humain peut se réunir, l'humanité ne saurait se constituer en un seul corps social. Dès lors les Musulmans des pays arabes et autres groupes extraoccidentaux progresseraient chacun dans une autre voie que les occidentaux et la fin de l'histoire serait nulle et non avenue.<br /><br />Mais voilà, les Musulmans du Maghreb et du Proche-Orient contestent et secouent spontanément depuis fin 2010 leurs régimes autocrates sans qu'un risque de théocratie apparaisse crédible.<br /><br />La raison des revendications politiques est à la fois idéelle et matérielle. Les pays arabes modernes sont à la base des autocraties socialistes qui ont connu une relative libéralisation ces dernières années. Ils se développent et se mondialisent, la classe moyenne émerge et émet des revendications sociales et politiques.<br /><br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJPmruFm2krOkmquzMJMB1uPcyUlnreguVdFj93m5BK2CJHFiH2H7ZgIkBlFlN0prG7Y5c4d5Q8w7CRrlQyMx8cCLsZZhyk1t5MhP3hu4ThAAjmslyw3mSB5MCAiFTtP2F6vTHM85oYic/s1600/pays+arabes+GDP+par+t%25C3%25AAte.png"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 640px; height: 280px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJPmruFm2krOkmquzMJMB1uPcyUlnreguVdFj93m5BK2CJHFiH2H7ZgIkBlFlN0prG7Y5c4d5Q8w7CRrlQyMx8cCLsZZhyk1t5MhP3hu4ThAAjmslyw3mSB5MCAiFTtP2F6vTHM85oYic/s320/pays+arabes+GDP+par+t%25C3%25AAte.png" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5581472836494268370" /></a>(graphs compilés sur le site de la banque mondiale)<br /><br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfuoUFpePf-hDtfhW5n_chVvIY_ug8Mnvw1WVdMts8iTln_iNYSs6zOFqMbRR-JnOFLzokiy6P_2hd8VFMPYAbx7U2SpK6wJaIHtHj_EPQefV9-GN-b2R2xq7HsGAsy7zAyuSNc5XhFaE/s1600/pays+arabes+%25C3%25A9cole.png"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 640px; height: 280px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfuoUFpePf-hDtfhW5n_chVvIY_ug8Mnvw1WVdMts8iTln_iNYSs6zOFqMbRR-JnOFLzokiy6P_2hd8VFMPYAbx7U2SpK6wJaIHtHj_EPQefV9-GN-b2R2xq7HsGAsy7zAyuSNc5XhFaE/s320/pays+arabes+%25C3%25A9cole.png" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5581473355667082738" /></a><br /><br />Et oui ! On se révolte en Tunisie comme on s'est révolté lors de la révolution française, non pas tant parce que le peuple est tenu de la façon la plus inique mais au contraire parce que le pays est sur le moyen et le long terme plus prospère et les progrès de l'égalité sont remarquables : la passion de l'égalité et non celle de la justice remet en cause l'ordre social.<br /><br />Comme dans tous les pays se développant, les structures traditionnelles sont délaissées par l'individualisme démocratique : les manifestants réclament un régime légitime et en creux démocratique. La préoccupation anti-israélienne habituelle est reléguée. Et dans cette foule, on ne réclame pas la théocratie iranienne ; les islamistes ne conduisent pas la révolte. Les musulmans radicaux sont de plus moins anticapitalistes et révolutionnaires et plus conservateurs que par le passé – ce qui n'est que justice étant donné que les autocraties plus ou moins militaires ont des économies largement dirigées.<br /><br />En un mot, loin de chercher un mode propre de développement, les arabes musulmans réclament une normalisation : c'est le grand retour de la fin de l'histoire et de son idéal de démocratie libérale.<br /><br /><a href="http://www.flickr.com/photos/21475149@N05/3181930572/" title="Francis Fukuyama de apesphere, sur Flickr"><img src="http://farm4.static.flickr.com/3516/3181930572_283e7860a7.jpg" width="500" height="334" alt="Francis Fukuyama" /></a><br /><br /><span style="font-weight:bold;">B) La question du néoconservatisme</span><br /><br />On sait que la théorie de la fin de l'histoire de Fukuyama est liée à la pensée néoconservatrice. La crise au Proche-Orient et au Maghreb ainsi que ses répercussions annoncent-elles un retour de balancier de la politique internationale vers le néoconservatisme ? Le retour serait sur deux niveaux : conceptuel et politique.<br /><br /><span style="font-weight:bold;">Conceptuel</span><br /><br />Le néoconservatisme est la doctrine de politique étrangère US qui apparaît après la chute de l'URSS, appelant à la promotion zélée de la démocratie et au renversement des dictateurs. Le néoconservatisme est aussi en réalité une tradition un peu plus ancienne puisqu'elle désigne une gauche passée chez les conservateurs à partir de la seconde guerre mondiale, ce en raison de son aversion de l'URSS, de sa critique du relativisme et sa dénonciation des programmes sociaux aliénateurs (l'équivalent de notre critique de l'assistanat). La promotion positive de la démocratie dans le monde vient après la chute de l'URSS et n'était pas un développement nécessaire du premier néoconservatisme.<br /><br />On dit que personne n'attendait la crise politique et sociale. Elle se déclenche en Tunisie, puis en Egypte puis dans de nombreux autres Etats qui appartiennent à la fois au Maghreb et au Proche-Orient : or cette zone coïncide avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Moyen-Orient">le fameux Grand Moyen-Orient de George Bush</a>. Et si on suit la théorie néoconservatrice, on doit la trouver cohérente avec les évènements.<br /><br />Rappelons-nous quel était le souhait de Bush et de ses faucons : une démocratisation de la région et donc la caducité du terrorisme islamiste et donc l'impossibilité d'un nouveau 11 septembre. Si nous ignorons comment les crises se termineront, il reste que les autocraties sont dénoncées et mises à bas en tant que telles : il y a bien une ébauche de démocratisation qui a un réel fondement populaire.<br /><br />Et quelle image avait été employée lors de l'invasion de l'Irak ? Celle de la théorie des dominos : le renversement de l'Irak, régime le plus engagé parmi les pays arabes dans la dictature socialiste, devait se répercuter sur ses voisins. On peut contester le rapport de cause à effet mais pas le fait essentiel qui est celui d'une crise généralisée pro-démocratique qui suit de quelques années le renversement de Saddam Hussein.<br /><br />Donc il faut constater que la théorie néoconservatrice est revigorée du fait que ce qu'elle a prévu se réalise. C'est un retour conceptuel. Il faut ajouter à cela qu'elle est revigorée dans ses prescriptions en ce que les populations occidentales rejettent le réalisme des chancelleries occidentales : c'est un retour politique.<br /><br /><span style="font-weight:bold;">Politique</span><br /><br />En effet les Etats occidentaux, relativement gagnés à la théorie réaliste depuis les désillusions de l'équipée militaire américaine en Irak, adoptent la retenue, rechignant à se faire donneur de leçons et à intervenir dans les affaires des autres pays.<br /><br />Mais les soulèvements parvenant à faire vaciller les autocraties, les populations occidentales saluent le renversement des autocrates et dictateurs locaux, éprouvent une immense sympathie pour des mouvements jeunes et appelant à plus de démocratie. La retenue des gouvernements occidentaux apparaît comme une indifférence et le soupçon de complaisance envers les régimes contestés peut couter politiquement très cher.<br /><br />Sans le dire, c'est l'idéalisme néoconservateur qui revient en force : les populations occidentales appellent à aider la démocratie quitte à s'ingérer dans les affaires des Etats étrangers. Cette demande de démocratie ira-t-elle jusqu'à soutenir une intervention armée ?<br /><br /><span style="font-weight:bold;">II ) Les limites paradigmatiques</span><br /><span style="font-weight:bold;">A ) Le revers de l'idéalisme</span><br /><br />Ce n'est pas l'auteur de ces lignes qui regrettera la chute de tous ces potentats illégitimes dont il n'est pas inutile de rappeler qu'ils sont socialistes.<br /><br />Pour autant il faut rappeler la vérité triviale de ce que la chute d'un régime néfaste n'appelle pas nécessairement l'avènement d'un régime meilleur. Qu'on pense à la chute du Shah en 1979 ou à celle du Tsar en 1917. Qu'on observe actuellement la montée en puissance des militaires et l'émergence de la guerre tribale en Libye.<br /><br />Or la conception progressiste qui veut que la démocratie est le régime naturel, et que les despotes sont un obstacle à l'expression de la nature des choses est la matrice de ce qu'on appelle couramment le néoconservatisme.<br /><br />Si le néoconservatisme a été lié par ses détracteurs au philosophe Leo Strauss, il y a pourtant un important retournement entre Strauss et les néoconservateurs en action en Irak. En effet, comme le relève Fukuyama, Strauss était très hostile à l'ingénierie sociale et l'intervention américaine en Irak signale sans conteste un hybris de l'ingénierie sociale.<br /><br />Quand Strauss expliquait que le régime d'un pays était lié à la structure sociale, aux comportements, aux préjugés de ce même pays, il fallait comprendre que cette relation était à double sens et donc il était naïf de croire que le seul changement de régime forcé permettrait la démocratisation des sociétés. En réalité, démocratique ou non, le régime répond d'une certaine manière aux attentes de la population.<br /><br />L'idéalisme nie ainsi la complexité de la réalité et sert comme justification de l'hybris, au point de nous faire oublier qu'une intervention dans les affaires d'un autre Etat renvoie à la loi du plus fort.<br /><br />J'ajouterais qu'en un sens, la dictature comprise comme régime sans loi qui repose sur la force du dirigeant ne peut exister que sur un très court terme. La légitimité est le véritable fondement des régimes. Les régimes que nous qualifions de dictatures parce qu'ils nous apparaissent illégitimes sont fréquemment des régimes qui ne reposent pas sur la force et la terreur mais sur l'adhésion plus ou moins large de la population.<br /><br />L'idée de Strauss, liant régime et structure sociale informelle, n'est pas neuve : Tocqueville définissait la démocratie non tant comme un régime politique que comme un état social égalitaire, dont l'ascension était irrésistible. Strauss fait remonter l'idée de l'influence réciproque du régime et de l'état social aux Grecs, la notion de régime incluant les deux.<br /><br /><span style="font-weight:bold;">B ) L'aporie du réalisme</span><br /><br />La mésaventure arrivée à la (ex) ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie servira de bonne piqure de rappel aux réalistes. La principale aporie du réalisme est très certainement qu'une politique réaliste en politique étrangère déplait à l'opinion publique et se révèle donc irréaliste sur le plan interne. Si le débat interne prend le pas sur les exigences de politique étrangère, que l'objectif politique premier est de rallier la population, alors la politique la plus réaliste devient l'idéalisme.<br /><br />Il ne faut donc jamais oublier l'opinion publique mais quid des alliés ? En politique, disait Raymond Aron, on choisit ses adversaire, pas ses alliés. Ceci est aussi vrai de la politique étrangère : il faut s'allier avec des maux moindres pour lutter contre un mal plus important. Nier cette contrainte, c'est céder à l'esprit de croisade et désirer la catharsis par la guerre. Le fondement du réalisme n'est pas tant le relativisme des valeurs que la reconnaissance de la nécessité du mal et rejeter la tentation impériale de plier autrui à notre jugement.<br /><br />Or avoir des alliés dont nous n'approuvons pas le comportement a des conséquences qui heurtent l'opinion. C'est là la grande contradiction du réalisme qui trouve une parade par l'institutionnalisation de la diplomatie et sa mise à l'écart du débat politique.<br /><br />Mais dans la crise actuelle, les opinions publiques sont des actrices des évènements et elles sont engagées en faveur des manifestants. Les évènements actuels présentent dès lors un curieux chassé-croisé entre réalisme et idéalisme.<br /><br />En effet l'attentisme des pays occidentaux accroit la légitimité des soulèvements populaires parce que les despotes sont empêchés de dépeindre leurs opposants comme des agents occidentaux. La gaffe d'Alliot-Marie n'a-t-elle pas en fin de compte contribué au succès des manifestants tunisiens ?<br /><br />Lorsqu'on regarde les débats qui agitent les pays de la région, on doit constater qu'il se réduit trop souvent à qualifier l'adversaire d'agent américain ou sioniste... Par leur retenue voire leur soutien aux régimes en place, les gouvernements occidentaux obtiennent sans rien faire ce que les USA n'ont pas obtenu avec une intervention armée : le discrédit du régime autocrate, la légitimité des manifestants, le succès de leurs revendications et in fine un espoir tangible de démocratisation sincère et populaire...<br /><br />A l'inverse, on peut raisonnablement supputer qu'un soutien immédiat et ouvert aux manifestants, avec menace d'une intervention armée aurait provoqué une réaction nationaliste et le discrédit des manifestants... sans oublier une perte complète de crédibilité à l'égard des alliés. Il ne faut pas chercher plus loin l'explication de la flambée du pétrole : les pays producteurs se vengent de ce que Washington a montré qu'elle leur préférait la démocratie. Mais ces pays savent jusqu'où ne pas aller trop loin : s'ils font flamber trop haut le prix du pétrole ils perdent leur monnaie d'échange au soutien occidental.<br /><br /><a href="http://www.flickr.com/photos/caveman_92223/3019949184/" title="M47 Patton 90mm Medium Gun Tank de Chuck “Caveman” Coker, sur Flickr"><img src="http://farm4.static.flickr.com/3053/3019949184_9fe3bf87eb.jpg" width="500" height="375" alt="M47 Patton 90mm Medium Gun Tank" /></a><br /><br />Les autocrates socialistes des autres régions essaient quant à eux de rediriger la colère sur Washington, jouant leur partition habituelle. Les amis de Kadhafi que sont Fidel Castro, Daniel Ortega et Hugo Chavez soutiennent le dictateur libyen ou <a href="http://www.journalmetro.com/monde/article/784435--libye-un-ministre-venezuelien-evoque-un-complot">dénoncent la main de Washington</a> derrière les soulèvement pour capturer les champs de pétrole... Mais qui les croit ?<br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br />Par leur réalisme, les chancelleries occidentales ont bien involontairement soutenu le succès des manifestants. On en a toutes les conséquences, les bonnes comme les mauvaises : la fuite des autocrates mais l'incertitude de l'avenir, la répression en Libye mais la mise à nu des démagogues hypocrites. No end of a lesson.<br /></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-13832682430325454232011-02-03T19:17:00.003+01:002011-02-03T19:28:35.862+01:00Spinoza, les philosophes, les politiques<div align="justify">Voici un texte fameux de Spinoza, sur lequel j'ai remis la main il y a peu : une apologie de la politique, art du possible et du moindre mal, contre l'hybris intellectualiste. Les italiques sont de moi.<br /><br /><br />§ 1. Les philosophes conçoivent les affects qui se livrent bataille en nous comme des vices dans lesquels les hommes tombent par leur faute ; c'est pourquoi ils ont accoutumé de les tourner en dérision, de les déplorer, de les réprimander, ou, quand ils veulent paraître plus vertueux, de les détester. Ils croient ainsi agir divinement et s'élever au faîte de la sagesse, prodiguant toute sorte de louanges à une nature humaine qui n'existe nulle part, et flétrissant par leurs discours celle qui existe réellement. <span style="font-style:italic;">Ils conçoivent les hommes, en effet, non tels qu'ils sont, mais tels qu'eux-mêmes voudraient qu'ils fussent</span> : de là cette conséquence que la plupart, au lieu d'une Éthique, ont écrit une Satire, et n'ont jamais eu, en Politique, de vues qui puissent être mises en pratique, la Politique, telle qu'ils la conçoivent, devant être tenue pour une Chimère, ou comme convenant soit au pays d'Utopie, soit à l'âge d'or des poètes, c'est-à-dire là où nulle institution n'était nécessaire. Entre toutes les sciences, donc, qui ont une application, c'est la Politique où la théorie passe pour différer le plus de la pratique, et il n'est pas d'hommes qu'on juge moins propres à gouverner un État que les théoriciens, c'est-à-dire les philosophes.<br /><br />§ 2. Pour les hommes politiques en revanche, on les croit plus occupés à tendre aux hommes des pièges qu'à les diriger pour le mieux, et on les juge rusés plutôt que sages. <span style="font-style:italic;">L'expérience en effet leur a enseigné qu'il y aura des vices aussi longtemps qu'il y aura des hommes ; ils s'appliquent donc à prévenir la malice humaine, et cela par des moyens dont une longue expérience a fait connaître l'efficacité, et que des hommes mus par la crainte plutôt que guidés par la raison ont coutume d'appliquer</span> ; agissant en cela d'une façon qui paraît contraire à la religion, surtout aux théologiens : selon ces derniers en effet, le souverain devrait conduire les affaires publiques conformément aux règles morales que le particulier est tenu d'observer. Il n'est pas douteux cependant que les hommes politiques ne traitent dans leurs écrits de la Politique avec beaucoup plus de bonheur que les philosophes : ayant eu l'expérience pour maîtresse, ils n'ont rien enseigné en effet qui fût éloigné de la pratique.<br /><br />Traité politique, (1677) chapitre I, §§ 1-2. Traduction Ch. Appuhn (légèrement modifiée) in oeuvres, Tome IV, Paris, Garnier/Flammarion, p. 11-12, tiré du site <a href="http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-spinoza-comment-philosophes-hommes-politiques-concoivent-nature-humaine-59693.html">devoir-de-philosophie.com</a>)<br /></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-12796687188497652582011-01-12T22:20:00.008+01:002011-01-12T22:44:23.440+01:00Quelle place pour Villey ?<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/Corpus_Iuris_Civilis_02.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 279px; height: 392px;" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/Corpus_Iuris_Civilis_02.jpg" border="0" alt="" /></a><br /><div align="justify">L'Atelier du Centre de recherches historiques a publié voici déjà deux ans un intéressant article portant une appréciation très critique de l'oeuvre de Michel Villey, le célèbre philosophe du droit. Article que je découvre un peu tardivement.<br />(<a href="http://acrh.revues.org/index314.html">Lecture en ligne de l'article</a>)<br /><br />L'article, de Sylvain Piron, a le mérite d'apporter la contradiction à un maitre rarement contesté. Pourtant les thèses de Villey proposent une interprétation quelque peu tranchée de l'histoire de la philosophie du droit et il est surprenant qu'il soit à la fois peu contesté et assez peu repris.<br /><br />Je suis personnellement un amateur de Villey et j'apprécie que Sylvain Piron ait décelé ce qui m'apparait désormais être la clé du succès intellectuel de Villey – succès qui n'est certes pas de grand public : Villey est d'abord l'auteur d'un système.<br /><br />Preuve en est en effet que l'idée de celui-ci se résume finalement de façon assez courte : il y a deux conceptions du droit, celle du droit au singulier et celle des droits au pluriel.<br /><br />La première, plus ancienne, est <span style="font-style:italic;">objective</span>, elle décrit un ordre des choses qui est juste ; la deuxième est <span style="font-style:italic;">subjective</span>, c'est la conception des modernes voire la matrice de la modernité.<br /><br />Pour Villey, la transition entre les deux conceptions résulte d'une corruption. Ces conceptions ont leur champion : celle classique est portée par Aristote et Saint Thomas d'Aquin tandis que celle moderne est avancée par Hobbes et son précurseur, Guillaume d'Occam (l'auteur du fameux rasoir).<br /><br /><br />Il a été reproché à Villey une sélection complaisante des textes pour établir sa théorie, ce que Piron relève et cite.<br /><br />Mais alors que l'objet même de l'excellent article de Sylvain Piron est de démonter l'historiographie de Villey et d'en montrer l'artificialité, l'auteur se contente de renvoyer à l'avis de ces auteurs qui ont reproché à Villey de ne retenir que les textes adaptés à son système. On aurait aimé que l'auteur aborde lui-même directement le problème plutôt que de citer ces auteurs – car il est évident qu'un homme comme Villey, exposé par ses idées et sa longue carrière ait subi à tort ou à raison ce genre de critiques.<br /><br />C'est d'autant plus dommage que l'auteur cite l'excellent exemple que Villey développe pour mettre en lumière le processus de subjectivisation du droit des anciens aux modernes : la comparaison des plans respectifs des institutes du corpus juris civilis et du code civil qui montre en effet que le plan a été subjectivisé.<br /><br />Le plan romain sépare en effet les personnes, des biens (notion plus large que celle de choses qui conduit à des contresens actuels sur la nature par exemple de l'esclave sous Rome), des actions. Le plan français sépare quant à lui d'une part les personnes, d'autre part les biens<span style="font-style:italic;"> et des différentes modifications de la propriété</span>, et enfin des différentes manières dont on acquiert la propriété. (je n'aborde pas les ajouts récents) C'est donc un excellent exemple de la théorie de Villey, seulement abordé par sa critique.<br /><br />On reste donc un peu sur notre faim même si nous admettrons que Michel Villey a pu sacrifier la justesse historique au système plus qu'on aurait pu le croire.<br /><br />Pour le reste, l'auteur propose de trouver la genèse du système de Villey dans son éducation et son milieu, apportant plusieurs éléments intéressants mais qui àmha ne sont pas décisifs. Reste une critique qui vaut le détour.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-51111477263694813762011-01-04T12:23:00.009+01:002011-01-04T16:50:33.699+01:00Pourquoi la France jouerait à l'espionnage industriel. Du procès d'intention<div style="text-align: justify;">Enfin une révélation intéressante de wikileaks : il s'avèrerait que la France serait numéro 1... dans le domaine de l'espionnage industriel, ce à l'échelle de l'Europe. Mieux que la Russie et le Chine. (cf lemonde.fr, 04 janv. 2011, <a href="http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2011/01/04/wikileaks-l-espionnage-economique-de-paris-derange-ses-allies-europeens_1460661_1446239.html">WikiLeaks : l'espionnage économique de Paris dérange ses alliés européens</a>)<br /><br />Cela apparaitra surprenant et c'est précisément cette surprise qui va nous servir de fil d'Ariane pour expliquer le pourquoi du comment.<br /><br />I) Cas particulier<br /><br />En effet la France en déclin relatif perd son rang. Ce déclin n'apparait pas légitime, il est mal accepté. En France on n'a pas de pétrole mais on a des idées... Dès lors on cherche une explication bien confortable. Et on la trouve : les autres puissances espionnent notre pays.<br /><br />Voilà pourquoi nous sommes surpris d'apprendre que c'est plutôt la France qui sacrifierait à pareilles pratiques.<br /><br />Et précisément parce qu'il est supposé un espionnage de nos concurrents, il devient légitime d'espionner en réplique. Légitime défense. Et peu importe que cet espionnage adverse soit mal étayé puisque nous sommes bon. Le plus fort est supposé l'espionnage adverse, le plus légitime apparait un espionnage en sens inverse.<br /><br />La crainte d'être espionné justifie en fin de compte l'espionnage. Classique. Il apparait en fin de compte logique que le pays qui s'adonne le plus à l'espionnage soit celui qui craigne le plus d'être lui-même espionné. La révélation, à la supposer vraie, apparait en fin de compte logique.<br /><br />II) Généralités<br /><br />Le mécanisme que nous venons de découvrir apparait être un mode habituel du mal : nous réprouvons d'employer le mal mais nous sommes prêt à y sacrifier quand nous prêtons à notre ennemi de vouloir lui-même y recourir.<br /><br />Les groupuscules extrémistes sont certainement sincères quand ils disent ne pas vouloir du mensonge et de la violence mais la croyance que leurs ennemis vont y recourir leur justifie d'y recourir eux-même.<br /><br />On remarquera que les moyens que nous employons sont en fin de compte plus révélateurs de nous-mêmes que de notre adversaire. Peut-être parce qu'ils reflètent notre façon de penser et notre cadre intellectuel, bien plus que la personne réelle de notre adversaire.<br /><br />De façon plus générale, la politique témoigne de camps qui se structurent en réaction au projet politique qu'ils prêtent au camp adverse. Ainsi à droite on se coalisera volontiers contre la presse, l'éducation nationale, les fonctionnaires, qu'on attaquera, en prêtant à ces groupes la volonté d'imposer ses idées quand la tendance à gauche de ces groupes a des causes plus mécaniques. A gauche on stigmatisera les riches, considérés presque ouvertement comme des parasites, les entrepreneurs, les commerçants. Chacun veut le bien public, la paix sociale et pourtant chacun est prêt à voir chez son adversaire politique un ennemi et un obstacle...<br /><br />Et ainsi chaque groupe politique de s'unir autour de valeurs tout en condamnant plus ou moins explicitement le groupe adverse comme soumis aux vices pendants. Se dire libéral, est-ce que ce n'est pas susurrer que nos adversaires n'aiment pas la liberté ? Se dire socialiste, n'est-ce pas qualifier sourdement ses ennemis d'être les partisans d'un individualisme égoïste ? Appeler fête de l'humanité une fête communiste, n'est-ce pas retirer de l'humanité ceux qui sont au-delà des communistes et sympathisants ?<br /><br />Le sommet est atteint avec les idéologies qui, comme l'explique Soljenitsyne, fournissent une explication totale, désignent les groupes ennemis, révèlent leurs vilaines intentions et servent en fin de compte à justifier le mal et désinhiber la violence à leur encontre.<br /><br /><br />Ainsi de l'espionnage à l'idéologie, prêter à l'adversaire de sombres intentions est le début de la corruption et du conflit. Le procès d'intention justifie le mal.<br /></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-5211633609583258092010-12-30T21:22:00.006+01:002010-12-31T01:52:22.430+01:00Que faire en Côte d'Ivoire ? Rien.<div align="justify">Une crise politique se déroule actuellement en Côte d'Ivoire. Le Président en place, Laurent Gbagbo, refuse de reconnaitre sa défaite aux élections et de céder sa place au vainqueur des urnes, Alassane Ouattara.<br /><br />La communauté internationale commence à faire pression sur le pouvoir ivoirien pour qu'il se soumette au verdict démocratique. Les diplomates accrédités par le pouvoir sont contestés. Des voix s'élèvent pour réclamer une intervention militaire et rétablir le bon ordre - démocratique.<br /><br />C'est une erreur. La communauté internationale ne doit rien faire du tout.<br /><br />La Côte d'Ivoire est un pays indépendant, la décolonisation est faite. Il faut bien en comprendre les conséquences.<br /><br />Vouloir des pressions ou une intervention occidentale en Côte d'Ivoire c'est faire des occidentaux les juges en dernier recours des élections et crises politiques africaines. C'est in fine vouloir le retour de la tutelle occidentale. C'est donc une position colonialiste.<br /><br />C'est aussi, pour les plus va-t-en-guerre, estimer la guerre juste pour une question de principe secondaire, qui est celui de la forme du gouvernement. C'est donc une position néoconservatrice.<br /><br />Au passage il faudrait que les partisans de sanctions ou d'un renversement exprès de Gbagbo s'interrogent un peu sur la cohérence de leur position avec le cas Saddam Hussein. Mais il est vrai que l'Irak n'étant pas une colonie française, cela ne nous regardait pas...<br /><br />Libre à chacun d'adopter la position qui lui parait le plus juste, à condition de comprendre en quelles fréquentations se trouvent les bonnes intentions dans cette histoire (comme au fond dans toutes les autres).</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-48965442351888701542010-12-20T20:26:00.009+01:002010-12-20T22:37:28.724+01:00Google Books Ngram viewer, un nouvel outil<div align="justify">Google propose un nouvel outil appréciable : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/">Google Books Ngram viewer</a>.<br /><br />Le programme utilise la base de donnée de tous ces livres numérisés par google pour vous permettre de connaitre la fréquence d'occurrence d'un ou plusieurs mots dans l'ensemble des livres à travers les siècles. Les recherches se font par langue d'édition. La langue de Molière est présente.<br /><br />Vous pouvez comparer sur un même graphe plusieurs mots pour comparer leurs fortunes respectives. Il faudra faire abstraction le cas échéant du parasitage des homonymes.<br /><br />La présentation par google du programme se trouve <a href="http://ngrams.googlelabs.com/info">sur cette page</a>.<br /><br />Quelques applications :<br /><br />Le rugby perd contre le foot vers 1980 : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=Rugby%2Cfootball%2Chandball%2Cvolleyball&year_start=1800&year_end=2000&corpus=6&smoothing=3">la preuve</a><br /><br />Les présidents de la Ve : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=De+Gaulle%2CPompidou%2CGiscard%2CMitterrand%2CChirac%2CSarkozy&year_start=1945&year_end=2008&corpus=7&smoothing=3">ici</a>. On note l'étonnante popularité de Mitterrand et l'apparition d'une rupture de classe politique avec Sarkozy.<br /><br />Darwin supplante Lamarck en France en 1860 cf <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=Darwin%2CLamarck&year_start=1750&year_end=2008&corpus=7&smoothing=3">ici</a>. Bizarrement cela semble plus tardif au Royaume-Uni (il faut pondérer avec les homonymes sur ce tableau) cf <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=Darwin%2CLamarck&year_start=1750&year_end=2008&corpus=6&smoothing=3">ici</a>.<br /><br />Un peu d'amour de la sagesse : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/chart?content=Leibnitz,Kant,Hegel,Nietzsche,Descartes&corpus=0&smoothing=3&year_start=1500&year_end=2008">là</a>.<br /><br />Un politique, peut-être plus intéressant qu'il n'y parait : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=gauche%2Cdroite&year_start=1800&year_end=2000&corpus=7&smoothing=3">ici</a>.<br /><br />De l'économie politique : <a href="http://ngrams.googlelabs.com/graph?content=Smith%2CMarx%2CKeynes%2CHayek&year_start=1750&year_end=2008&corpus=7&smoothing=3">ici</a>. Le Français sait résister à la pensée unique avec pugnacité.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-33955208317665626352010-11-21T19:07:00.006+01:002010-11-22T00:29:10.053+01:00Comment avoir un snobisme d'avance ?<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Gerome_-_Diogenes.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 600px; height: 440px;" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Gerome_-_Diogenes.jpg" border="0" alt="" /></a><br /><div align="justify">Alors que les masses se précipitent à l'exposition Basquiat sans savoir que son intérêt provocateur s'est évaporé, d'autres préfèrent avoir un snobisme d'avance, et vont voir Gérôme, et son hyper-classicisme pompier.<br /><br />Pourquoi le snobisme et comment s'en servir ?<br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /><span style="font-weight:bold;">I) Mais qu'est-ce que le snobisme tout d'abord ?</span><br /><br />Frédéric Rouvillois a admirablement étudié le snobisme et notamment montré le renversement de logique qu'il y a entre dandysme et snobisme. Je n'ai pas lu l'ouvrage où il opère cette distinction mais je le mentionne histoire de ne pas plagier involontairement. (Histoire du snobisme, Flammarion, 2008)<br /><br />Le snobisme est d'abord une attitude grégaire : elle nous fait imiter. L'objet de notre imitation est la classe à laquelle nous souhaitons appartenir, que nous estimons supérieur à la notre.<br /><br />Est snob celui qui copie le groupe qu'il admire, mais il n'est que copie et demeure artificiel, exagéré. A l'inverse le dandy veut ne pas appartenir – logique contraire donc.<br /><br />L'appréciation de la supériorité d'une classe est subjective. Il y a un snobisme d'appartenance à la noblesse, un snobisme d'appartenance aux riches, des intellectuels, des musiciens, des bohémiens etc<br /><br />L'appréciation est tellement subjective que les classes idolâtrées peuvent se croiser. Un riche pourra copier le rappeur, le rappeur copier les riches.<br /><br />Le copié n'apprécie généralement pas ceux qui le copient, et il modifie dès lors son comportement. Il faut donc être attentif.<br /><br />En tout état de cause, le snobisme est un donné social, vous devez l'accepter ou terminer en misanthrope. Soyez désirable, et pour cela il vous suffit d'avoir le snobisme d'avance.<br /><br /><span style="font-weight:bold;">II) Boires et déboires du snobisme</span><br /><br />Dans l'imitation de la classe admirée, coeur du snobisme, il y a une part de projection des fantasmes.<br /><br />A) Des riches<br />Le cas des riches est remarquable. Le riche apparaît être une personne dépensière et pleine de morgue.<br /><br />Etre riche n'implique pourtant a priori aucune débauche de luxe ni un caractère vindicatif. Au contraire, de nombreux riches ont une mentalité économe et s'ils vivent dans le confort, ils ne dépensent pas inutilement – c'est d'ailleurs une cause de leur richesse. On imagine trop souvent des riches flamboyants et dépensiers, à se demander comment ils ont pu le devenir et le demeurer.<br /><br />Si les riches apparaissent dépensier, c'est à cause du snobisme... des parvenus, qu'on appelle d'ailleurs « nouveaux riches. ». Eux veulent montrer leur réussite, ils veulent prouver qu'ils appartiennent à cette classe désirée. Et le seul moyen dont ils disposent est de dépenser leur argent.<br /><br />Ainsi les nouveaux riches dépensent-ils non pas parce que les riches sont dépensiers mais parce qu'ils veulent se montrer riche aux yeux de tous ; ils veulent opposer leur nouveau statut à tous.<br /><br />Ce faisant ils suffira aux riches de ne pas faire de dépenses somptuaires pour se démarquer à leur tour de ces nouveaux riches.<br /><br />C'est le jeu de la mode décrit par Ernst Gombrich dans ses écrits.<br /><br />Mais l'image du riche dépensier et arrogant aura été installée définitivement, résultant d'un processus nécessaire qu'il n'est pas possible de contrarier : le snobisme des parvenus.<br /><br />Cette conclusion est très certainement généralisable à d'autres classes : la haine dont elles sont l'objet ne doit pas tant à leurs éléments qu'aux snobs qui affectent d'en être. Car que copient-ils au fond : non pas la réalité de cette classe, mais la projection de cette classe telle que leur préjugé la leur fait apparaître.<br /><br /><span style="font-style:italic;">Leçons : si vous avez de l'argent, dépensez-le de façon raffinée ; démarquez-vous des imitateurs</span><br /><br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6a/G%C3%A9r%C3%B4me_Eminence_grise_1873.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 340px; height: 228px;" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6a/G%C3%A9r%C3%B4me_Eminence_grise_1873.jpg" border="0" alt="" /></a><br /><br />B) Des marques<br /><br />Autre application du snobisme : les marques. Il existe une hiérarchie des marques de vêtements.<br /><br />Le plus on détient des habits dont les marques sont en haut de l'échelle, le plus on s'éloigne des manants habillés des marques de faible prestige. Le plus on croit s'élever. Mais simultanément on dévoile son besoin de se distinguer de ces masses et d'imiter les meilleurs – à nos yeux. Dès lors on se trahit. Il n'aura échappé à personne que plusieurs marques supposées être de grands luxes sont portées par des personnes vulgaires.<br /><br />Ainsi le bon snobisme consistera à ne pas porter de marques, ou du moins pas de marque visible. Cher lecteur, aies donc un snobisme d'avance en t'évitant les marques.<br /><br />Mais tu ne gagneras qu'un temps car ceux dont tu veux te distinguer te copieront à leur tour.<br /><br />Encore que... l'imitation n'est pas facile. Nos mauvais gouts révèlent la classe à laquelle nous appartenons et celle à laquelle nous aspirons. Ils nous trahissent. D'où l'utilité d'avoir un snobisme d'avance.<br /><br /><span style="font-style:italic;">Leçon : ne pas porter de marques visibles</span><br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /></div><div align="justify"><br /><span style="font-weight:bold;">III) Le snobisme appliqué aux expositions<br /></span><br />Postulons qu'à notre époque nous ne demandons pas tant à l'art des représentations de la beauté qu'un parfum de souffre.<br /><br />Actuellement à Paris nous avons, outre Monet, les expositions de Basquiat et Gérôme. Le snobisme d'avance consistera à aller voir l'exposition la plus originale, que ne vont pas voir les masses.<br /><br />Du 15 octobre au 30 janvier, vous pouvez voir Basquiat à Pompidou.<br />Du 19 octobre au 23 janvier, vous pouvez voir Gérôme au musée d'Orsay.<br /><br /><br />Gérôme est un peu le méchant de l'histoire de l'art. Au XIXe siècle, il défendait un style de peinture quasi-photographique et recourait à la représentation d'anecdotes : un art pompier (nommé ainsi pour moquer tous ces casques historiques faisant penser à ceux des pompiers), un art estimé lourd et creux, et démagogique avec ces scènes d'histoire édifiantes et toutes ces femmes nues pour des prétextes futiles.<br /><br />Surtout Gérôme combattait vigoureusement les peintres aux idées et aux styles nouveaux, condamnés au fameux et glorieux salon des refusés.<br /><br />En fin de compte, l'histoire donnait tort à Gérôme et le condamnait aux oubliettes. Pour ressortir le principal auteur pompier de celles-ci, le Musée d'Orsay a cru bon de se justifier, comme si sa gloire passé ne justifiait pas que le spectateur puisse se faire sa propre idée !<br /><br />A l'inverse Basquiat a l'image d'un artiste provocateur et controversé. Or sans s'étendre là-dessus, il est devenu d'un conformisme affolant d'aimer et célébrer Basquiat pour une subversion dès lors bien étiolée. Il y a 20 ans oui, aujourd'hui non.<br /><br />Ainsi le petit parfum de souffre se trouve-t-il en réalité – vous l'aurez compris – à l'exposition du musée d'Orsay, et il faudra fuir un Pompidou rempli d'imitateurs avec un train de retard.<br /><br />En revanche, si vous avez la faiblesse de croire que l'art n'a rien à voir avec la subversion, qu'une telle croyance est de plus affligeante de banalité, que l'art ne peut se définir sans faire de référence à la beauté, passez votre chemin de ces deux expositions, ou visitez-les pour informations – et gagnez la course du snobisme.<br /><br /><span style="font-style:italic;">Leçon : allez voir Gérôme</span></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-78306476234839511652010-10-31T21:07:00.008+01:002010-11-03T23:08:01.037+01:00Huxley et Orwell comparés<div align="justify">Voici une jolie petite bande dessinée sur Huxley et Orwell qu'il vous appartient de cliquer pour la lire correctement. (En fait non : cliquez <a href="http://www.recombinantrecords.net/docs/2009-05-Amusing-Ourselves-to-Death.html">ici</a> pour l'afficher au format le plus convenable)<br /><br />Le dessin est créatif, le texte délicieux et la mise en perspective des pensées des deux auteurs brillante.<br /><br />Aussi bien Aldous Huxley que George Orwell ont décrit dans des romans célèbres des fins de l'histoire ayant pour forme des mondes totalitaires. Mais les mécanismes de ces mondes diffèrent essentiellement et c'est le mérite de cette bande dessinée de le mettre en évidence aussi joliment.<br /><br />Ceci dit, je n'ai pas vraiment aimé <span style="font-style:italic;">1984</span>. D'Orwell je préfère l'excellente satire anticommuniste <span style="font-style:italic;">La Ferme des Animaux</span>.<br /><br />Pourquoi est-ce que 1984 me laisse froid ? Parce que d'une certaine manière le totalitarisme anticipé par Orwell s'est réalisé dans l'URSS. Mais il est remarquable que ce régime s'est précisément effondré depuis l'intérieur, pour des causes internes, spontanément. Exit donc la possibilité d'une fin de l'histoire sous forme de grande dictature des esprits omniprésente.<br /><br />La bande dessinée parait d'ailleurs trancher en ce sens.<br /><br />Le texte est de Neil Postman dans "Amusing Ourselves to Death", le dessin de Stuart McMillen. J'ai tiré l'image du blog de ce dernier ie <a href="http://www.recombinantrecords.net/">ici</a>.<br /><br /><br /><br /><a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSiA7ksp9FDhWTzS9IfnhLeN_0nI7grJZcMUipaCEv67vYJ8ZUrNfem-CzyZoJnXwSQ_AkEwshuozykN-k9xpZ5jPKy1-L8vvHIf9ToJ9rPBAYiL-vdUeeWqy9jhz5r8econKSCDfcjTk/s1600/2009-05-Amusing-Ourselves-to-Death.png"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 50px; height: 400px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSiA7ksp9FDhWTzS9IfnhLeN_0nI7grJZcMUipaCEv67vYJ8ZUrNfem-CzyZoJnXwSQ_AkEwshuozykN-k9xpZ5jPKy1-L8vvHIf9ToJ9rPBAYiL-vdUeeWqy9jhz5r8econKSCDfcjTk/s400/2009-05-Amusing-Ourselves-to-Death.png" border="0" alt="" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5534308080775129010" /></a><br /></div><p></p>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-45688047503328617042010-10-20T17:35:00.005+02:002010-10-20T18:27:55.591+02:00Le renversement de l'hystérie aux Etats-Unis<div align="justify">Rappelons avant tout que dans un système bipartisan, l'allié objectif du parti de gouvernement d'un bord est le parti de contestation de l'autre bord. Je ne reviendrais pas ici sur les différentes illustrations de cette règle.<br /><br />Il y a deux ans j'écrivais un article pour expliquer <a href="http://hyperboree-apollon.blogspot.com/2008/09/comment-la-droite-bat-la-gauche.html">comment la droite battait la gauche</a>.<br /><br />En résumé de mon article d'alors, j'exposais que les présidents Bush et Sarkozy tiraient chacun parti d'une image droitière quoique gouvernant de fait au centre-droit, ce de façon à bien hystériser leur opposition et la diviser entre modérés et excités. Ainsi ils asseyaient leur pouvoir.<br /><br />Le fait remarquable aujourd'hui aux Etats-Unis est que ce mécanisme s'est retourné contre la droite : les tea parties, un mouvement à cheval entre libertarianisme et populisme, se renforcent avec un discours très hostile à Obama mais au détriment essentiellement à mon avis des Républicains.<br /><br />Ainsi il y a quelques années la gauche était divisée entre progressistes intransigeants anti-bush et modérés critiques de Bush, ceux-ci craignant l'extrémisme de ceux-là. Aujourd'hui la droite est divisée de même entre anti-establishments intransigeants anti-obama et modérés critiques d'Obama, ceux-ci craignant de même l'extrémisme de ceux-la.<br /><br />L'hystérie a changé de camp. Le renversement s'est fait en deux temps.<br /><br />D'abord il a fallu unifier la gauche. Comment refaire le lien entre la gauche Michael Moore et celle de l'establishment ? Réponse : en présentant un candidat qui incarne les idéaux progressistes. Ce n'est donc pas un hasard si la candidature s'est jouée entre une femme et un noir. Un tel candidat neutralisait la capacité de nuisance des gauchistes, qui ne pouvaient que céder devant la crainte d'être du mauvais côté de l'histoire et bloquer la marche en avant du progrès. Fiat Obama, un homme qui pouvait incarner un rêve gauchiste tout en étant un centriste bon teint. Combinaison parfaite.<br /><br />Ensuite le camp républicain s'est divisé. Les Républicains promettent éternellement la fin du big government sans jamais y donner réellement suite au pouvoir, cela leur est aujourd'hui reproché par les tea parties.<br /><br />Il y a aussi la déchéance des néoconservateurs, associés à l'establishment républicain, tenus responsables de la guerre en Irak dont on perçoit bien mal le fondement et l'utilité. Les tea parties, plus libertariens, et donc opposés à la guerre en Irak en bénéficient.<br /><br />Enfin il est un mouvement général de rejet des élites et des autorités, voire un mouvement conspirationniste, qui se sait illégitime et ne souhaite pas s'exprimer tel quel. Il a besoin de se greffer à un autre discours et il a trouvé ce vecteur d'expression dans les tea parties - ce qui condamne à mon avis à terme le mouvement.<br /><br />Ainsi les Républicains sont incapables de capitaliser des erreurs d'Obama et seront les perdants in fine du mouvement tea party. La règle exposée en tête d'article se vérifiera peut-être encore plus tôt que je ne l'aurais cru car il apparait que les Républicains pourraient ne pas remporter les législatives de fin d'année alors qu'il était encore prévu il y a peu qu'ils en soient les grand gagnants.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-49958653424570839032010-10-10T23:40:00.004+02:002010-10-15T13:26:00.046+02:00Les moi-on-ne-me-la-fait-pas en ordre de bataille contre les banques<div align="justify">« Moi on ne me la fait pas ! On nous vole on nous spolie ! »<br /><br />Les moi-on-ne-me-la-fait-pas, c'est tout un programme. Ils ne savent pas trop de quoi ils parlent mais... mais... on ne la leur fait pas ! « Tous pourris ! »<br /><br />Vous n'êtes pas d'accord avec eux ? « Naïf ! Idiot utile ! »<br /><br />Déjà Paul Valéry remarquait que les nuls se prennent pour des rois détrônés : la faute au système qui ne les estime pas à leur juste valeur !<br /><br />La Société Générale perd cinq milliards ? Nos amis se sentent détroussés.<br /><br />La même gagne son procès ? Cela prouve que le système est pourri.<br /><br />Le fisc rembourse à la banque les impôts qu'elle a payé sur des bénéfices volatilisés ? « Au voleur ! »<br /><br />Ah si on leur donne le pouvoir, ils couperont quelques têtes et restaureront la république, la vertu et la justice... Car pour les monmlfp la politique se résume au combat des gentils contrariés contre les pourrivendus forcément coalisés. Ils sont d'ailleurs toujours du côté du vent, soutenant une proposition puis une autre, généralement incapables de comprendre que le bien peut contredire le bien et que la politique est un art du moindre mal.<br /><br />Ainsi il ne fait pas de doute que nos amis qui vilipendent la décision de justice faisant triompher les intérêts de la société générale seraient les premiers à réclamer l'indépendance de la justice tout en étant les premiers à hurler contre les conséquences pratiques telle que la présente décision.<br /><br />Et les monmlfp vont, de courriers des lecteurs en tribunes, partout gémissant, toujours conspuant, étaler leur ignorance et leur bêtise.<br /><br />Si on ne peut se réjouir des malheurs du trader, comment rester triste devant la réaction du vulgum pecus à cette affaire ?<br /><br />Alors où trouve-t-on les plus belles concentrations de monmlfp ? Réponse : dans les courriers des lecteurs et plus particulièrement chez lemonde.fr, qui a sa rubrique dédiée aux réactions (je ne parlerais même pas de la presse nationale-socialiste). Ah s'il n'y avait qu'une rubrique à lire dans les journaux, je prendrais le courrier des lecteurs. Manifestement pas mal de monde y trouve la sensation d'exister enfin un tout petit peu en énonçant son petit avis indigent. (bon c'est vrai pour tout internet)<br /><br />Quel merveilleux sottisier : on y apprend que la décision condamnant Kerviel à réparer l'intégralité du préjudice de la Société Générale est de la justice religieuse, ou alors aux ordres du pouvoir, que c'est une condamnation perpétuelle, que la collectivité qui paye etc.<br /><br />Mais c'est là l'illusion que procure internet : nous faire croire que nous sommes intelligents quand ce sont seulement les autres qui sont idiots.<br /><br />Soyons donc modeste et réfutons rationnellement quelques-unes des accusations les plus communes. Expliquons.<br /><br />Non, les 4,9 milliards ne sont pas une peine. C'est la réparation du préjudice causé par le trader à la Société Générale. La juridiction a imputé la pleine responsabilité du préjudice au trader et l'a condamné à réparer celui-ci.<br /><br />Ainsi la Société Générale est blanchie. Quand bien même elle aurait pu commettre quelque négligence, son trader a commis des infractions au caractère intentionnel à l'origine du préjudice. Et parce qu'il s'agit d'infractions intentionnelles, les négligences éventuelles de la banque n'entrent pas dans le calcul.<br /><br />Voici le passage décisif de la décision. Pour le tribunal, « Attendu qu’il ressort néanmoins des débats et des pièces de la procédure que la Société Générale a été victime du fait volontaire de Jérôme KERVIEL, constitutif des infractions d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux et d’introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé de données, dont il s’est rendu coupable ; que les négligences imputables à la partie civile ne sauraient être prises en compte dans la détermination de l’étendue de ses droits à indemnisation résultant de la commission d’infractions volontaires ; qu’en effet, Jérôme KERVIEL a été l’unique concepteur, initiateur et réalisateur du système de fraude ayant provoqué les dommages causés à la partie civile ; qu’il s’ensuit que la Société Générale est en droit d’obtenir la réparation de l’intégralité du préjudice financier qui en découle ; »<br /><br />Le jugement a aussi le mérite de montrer un nouvel échec de la stratégie de rupture. Jouer la carte de l'opinion publique se révèle in fine un aveu de faiblesse. On pourra se reporter à <a href="http://hyperboree-apollon.blogspot.com/2009/09/defense-de-rupture.html">cet article pour se renseigner sur les stratégies de rupture</a>.<br /><br />L'avocat de Jérôme Kerviel semble pourtant s'engager davantage dans la rupture en affirmant que la banque aurait perçu 1,7 milliard du fisc, ce que les monmlfp ont immédiatement compris comme une offrande de l'Etat au temple spéculatif quand il ne s'agit que de la restitution d'impôts dont la cause du versement a disparu : les bénéfices disparaissent et donc de même les impôts correspondants. Seuls de beaux sophismes bien démagogiques permettent de dire que c'est l'argent des français qui paie les erreurs de la finance.<br /><br />Trop compliqués pour les monmlfp ? Il y a sans doute de ça. Et plus difficile encore : l'incapacité à entrer une conclusion déplaisante dans un petit système avec de petites cases ; voire l'impossibilité d'entrer une nouvelle conclusion dans un système ou les conclusions se confondent avec les postulats, et les arguments ne sont que de vilaines rationalisations des idées reçues et de la mise en accusation des usual suspects.<br /><br />Car la culpabilité des banques n'est pas seulement l'aboutissement du raisonnement des monmlfp, c'est encore le point de départ.<br /><br />Et peu importe le raisonnement, leur vérité c'est que la finance vole les braves citoyens, que la banque savait forcément ce que son trader faisait, et puis une décision de justice c'est trop compliqué à lire, et puis le système est vendu. Et puis à quoi bon les arguments car à eux... on ne la fait pas.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-84902648489672987512010-08-25T14:22:00.002+02:002010-08-25T17:54:59.920+02:00Le nom du père<div align="justify">L'enfant porte le nom du père. Pourquoi cette institution ? Pourquoi sa remise en cause ?<br /><br />Le mécanisme est aujourd'hui combattu : pris comme une faveur gratuite accordée au bénéfice exclusif du père, il apparait illégitime.<br /><br />En conséquence de quoi le législateur permet désormais de donner le nom des deux parents à l'enfant.<br /><br />Pourtant il n'est pas dépourvu d'utilité que l'enfant prenne le nom du père.<br /><br />En effet, si la filiation de l'enfant à l'égard de la mère ne souffre aucune difficulté, celle à l'égard du mari n'est pas absolue. C'est pourquoi le compagnon de la mère reconnait l'enfant, positivement ou implicitement - s'il est le mari. Le droit prévoit en effet une présomption de paternité sur la tête du mari.<br /><br />La reconnaissance paternelle se manifeste dans le transfert du nom. Ainsi la filiation de l'enfant est établie à l'égard des deux parents.<br /><br />Cette raison suffit à justifier que c'est le nom du père que l'enfant porte. Mais il en est une autre : en reconnaissant l'enfant, le père s'oblige à assurer sa subsistance. Une telle obligation protège indirectement la mère.<br /><br />L'institution sociale du transfert du nom du père à l'enfant n'est donc pas une faveur inutile accordée au père mais la preuve de ce qu'il a reconnu et est en conséquence obligé à l'égard de l'enfant et de la mère.<br /><br />C'est pourtant au nom de l'intérêt de cette dernière et de l'égalité qu'on supprime cette institution. Un grand classique.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-26287002394485836262010-07-23T17:03:00.004+02:002010-07-23T18:04:11.847+02:00Dictature libérale ? Libéralisme sans démocratie ?<div align="justify"><br /><br />Pour un certain nombre de personnes la lecture de Hayek se résume à une petite citation citée hors contexte par des ouvrages et blogs antilibéraux. On peut la trouver sous cette forme : <strong>[mieux vaut une] « dictature libérale à une absence de libéralisme dans un gouvernement démocratique. » </strong><br /><br />Une double portée est attribuée à cette citation.<br /><br />D'abord un énoncé général : mieux vaut la dictature et le marché que la démocratie.<br /><br />Et ensuite, plus particulièrement, parce qu’elle était faite à un journal chilien de droite sous la dictature de Pinochet, elle signifierait que Hayek soutiendrait Pinochet.<br /><br />Parfois le tout est enrobé dans une belle histoire, avec Hayek ou Friedman en conseillers machiavéliques du caudillo.<br /><br />Aussi bien l'interprétation générale que particulière est fausse.<br /><br /><br /><strong>I) Pas de soutien à Pinochet</strong><br /><br />D'abord interpréter la citation comme un soutien à Pinochet s'écroule si on lit sérieusement in extenso ce que dit Hayek.<br /><br />La citation exacte, avec ce qui l'accompagne, est : « <strong>Je dirai que, comme institutions pour le long terme, je suis complètement contre les dictatures. Mais une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d'avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. [...] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu'un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. Mon impression personnelle est que [...] au Chili par exemple, nous assisterons à la transition d'un gouvernement dictatorial vers un gouvernement libéral.</strong> » (<a href="http://www.fahayek.org/index.php?option=com_content&task=view&id=121">Entretien</a> avec le quotidien chilien ''[[El Mercurio]]'', 12 avril 1981, d'après la documentation de Institut Hayek)<br /><br />Si Hayek prévoit que le régime chilien évoluera de la dictature au libéralisme, c’est bien que Pinochet et son régime n’ont pas une politique libérale. cqfd<br /><br />On ajoutera que s'il est exact que le régime de Pinochet est une dictature, que le général a violé la légalité pour s'installer au pouvoir, on ne peut pas assimiler le Président Allende au parangon de la démocratie. Celui-ci gouvernait en court-circuitant le Parlement qui détenait la majorité et réclamait sa destitution. Le parti d'Allende, s'il s'est montré finalement globalement respectueux de la lettre de la constitution si ce n'est à son esprit, n'a jamais eu la majorité absolue et se comportait de manière plus que déplaisante avec son opposition dans ses derniers mois.<br /><br />Il est donc prématuré d'assimiler le dictateur libéral à Pinochet et le démocrate antilibéral à Allende.<br /><br />En tout état de cause il est erroné de comprendre cette citation comme endossant Pinochet quand Hayek espère une évolution libérale du régime dictatorial de celui-ci.<br /><br /><br /><strong>II) Pas de théorie politique antidémocratique</strong><br /><br />Ensuite l'interprétation générale de la fameuse citation comme rejet de la démocratie au profit du marché est fausse car Hayek ne limite aucunement le libéralisme dont il fait état au seul libéralisme économique.<br /><br />Rappelons que pour les antilibéraux, Hayek opposerait la démocratie au libéralisme économique. Or jamais dans sa citation, qu’il s’agisse de l’original ou d’une version altérée, Hayek ne limite le libéralisme au libéralisme économique.<br /><br />Ce que fait Hayek, c'est dissiper la confusion, fréquente, entre les notions de libéralisme et démocratie.<br /><br /><strong>Incertitudes sur la notion de démocratie</strong><br /><br />Aujourd'hui tout le monde est démocrate. Le prix de cet unanimisme est une grande incertitude sur la définition de cette notion.<br /><br />S'agit-il de la loi de la majorité, du consensus généralisé, d'un mouvement égalitariste, de l'état de droit, d'un mode de division des passions, d'un système réaliste de transition pacifique au pouvoir ? (On pourra se reporter à <a href="http://hyperboree-apollon.blogspot.com/2009/02/citations-sur-la-democratie.html">cet ancien article</a> qui recueille des citations sur la démocratie et montre la variété des approches.)<br /><br />La démocratie est confondue avec des idées voisines, au premier rang desquelles se trouve le libéralisme.<br /><br /><strong>La démocratie devrait se définir premièrement comme mode de désignation des gouvernants par le mode du suffrage universel.</strong> C'est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple (citation de Lincoln qu'on retrouve dans la Constitution française). Si ce système est souhaitable, il n'est pas suffisant car la majorité peut vouloir un mal, aux dépens des minorités.<br /><br />La démocratie peut faillir et d'ailleurs Hayek provient précisément d'un pays où la faillite de la démocratie a eu de graves conséquences. Il a acquis la nationalité britannique en 1938, refusant l’anschluss.<br /><br /><strong>Confusion entre démocratie et libéralisme</strong><br /><br />Le libéralisme doit quant à lui se comprendre des contre-pouvoirs et autres mécanismes de limitation du pouvoir : la presse, le marché, le règne de la loi etc.<br /><br />Mais le libéralisme ne suffit pas à faire un gouvernement, il faut encore une assise populaire, la légitimité, à ces mécanismes. La démocratie est aujourd'hui le régime qui est perçu comme le plus légitime quand ce n'est pas le seul ; il est en outre légitime per se en ce qu'il intègre tout le corps politique dans le processus électoral.<br /><br />C'est pourquoi il est nécessaire de combiner les idées démocratique et libérale.<br /><br />Et ce que nous appelons généralement démocratie est plus précisément la démocratie libérale, combinaison des idées démocratiques et libérales. Mais il est concevable que d'autres combinaisons se fassent.<br /><br />La démocratie s'oppose à la dictature, le libéralisme s'oppose à l'absolutisme.<br /><br /><br />Victime de son succès, la combinaison est devenue confusion. Celle-ci est telle entre les deux notions que ce que défendent nombre les promoteurs de la démocratie est en réalité le libéralisme duquel la démocratie a été considérablement vidé.<br /><br />Par exemple, il est à la mode actuellement de définir la démocratie comme le pluralisme or précisément le pluralisme n’a rien à voir avec la démocratie pure, qui est le gouvernement du peuple. Le pluralisme est, tout comme le libéralisme, un complément de la démocratie. A ces partisans, on serait tenté de demander s'ils préfèrent une démocratie sans pluralisme ou le pluralisme sans la démocratie...<br /><br />Il convient donc de restituer leur sens aux mots et de bien distinguer les idées. Ainsi Hayek de nous montrer que le libéralisme n’est pas la démocratie, qu’il est possible de concevoir l’un sans l’autre et de les ordonner.<br /><br /><strong>La même typologie que… Pierre Rosanvallon</strong><br /><br />Pour ceux qui ne sont pas convaincus, indiquons que la typologie présentée ici, distinguant les idées démocratique et libérale habituellement confondues, n'est évidemment pas propre à Hayek. On la retrouve aussi chez Pierre Rosanvallon, qui n'apparait pas être un ultralibéral.<br /><br />Dans son ouvrage <em>la démocratie inachevée</em>, cet auteur nous présente un régime libéral mais sans démocratie et un régime démocrate sans le libéralisme.<br /><br />Il s'agit des régimes respectifs de Louis-Philippe et Napoléon III.<br /><br />Et en effet mieux vaut Louis-Philippe que Napoléon III.<br /><br /><br /><strong>III) La nécessité ponctuelle de la dictature</strong><br /><br />Par ailleurs Hayek affirme noir sur blanc qu’il est contre la dictature sauf lorsque cela est nécessaire à titre transitoire.<br /><br />Or un tel énoncé est absolument évident. La dictature, au sens de l’institution romaine du pouvoir absolu mais caractérisée par sa légalité, sa légitimité et son caractère temporaire (typologie lue chez Aron) est nécessaire à n’importe quel régime.<br /><br />La 5e République elle-même prévoit trois modes de dictature : les pleins pouvoirs de l’article 16, l’état d’urgence et l’état de siège.<br /><br />Si la politique est un art du moindre mal et d'apaisement des passions, il arrive que les démagogues soient prêts de prendre la place des politiques. Il arrive aussi que le corps social se dissolve et que la guerre civile approche. Il faut alors sauver la démocratie libérale et la paix, et la dictature est nécessaire.<br /></div><div align="justify">Cela est particulièrement vrai pour l'expérience historique qui a marqué Hayek : le renversement de la République de Weimar par les Nazis. Il eut été préférable que les anciennes élites ou les démocrates maintiennent de force le régime plutôt que le laisser aux démagogues, quelque démocratique soit leur légitimité.</div><div align="justify"><br />Tout le monde de sensé sera d'accord avec ce constat... sauf si c'est Hayek qui le prononce...<br /><br /><strong>Conclusion</strong><br /><br /><br />Ce qui est remarquable avec cette boutade de Hayek, c'est qu'elle perd tout son caractère choquant si on apprécie avec un peu de rigueur son contenu.<br /><br />La démocratie n'est pas une abstraction d'autant plus abstraite qu'on la définit comme un bien absolu, c'est un mode de désignation des gouvernants par le peuple qui peut faillir.<br /><br />La dictature n'est pas que l'exercice illégal et illégitime du pouvoir, c'est encore la faculté que se réserve n'importe quel régime d'accroitre ses pouvoirs dans des circonstances exceptionnelles pour préserver le pays de la guerre civile.<br /></div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-60190444739487129242010-07-04T23:01:00.008+02:002010-07-05T17:44:52.313+02:00Pourquoi les jeunes ne trouvent pas de boulot ?<div align="justify"><strong>Pourquoi les jeunes ne trouvent pas de boulot ? </strong></div><div align="justify">Où il sera montré que Nicolas Sarkozy n'y est pas pour rien (pour augmenter mon tirage comme tous les journaux ?)</div><div align="justify"><br /><br />Deux raisons à la question en titre :<br /><br />1) L'incompréhension de l'économie par les jeunes,<br />2) L'incompréhension de l'économie par les vieux. </div><div align="justify"><br /> </div><div align="justify">Et je ne parle pas de la discipline de sciences sociales mais des interactions humaines d'échange et du circuit de production.</div><div align="justify"><br />Commençons.<br /><br /><strong>1) Les jeunes ne comprennent rien à l'économie</strong><br /><br />Loin de moi l'idée de jouer dans la démagogie anti éducation nationale pourtant le problème réside en partie dans notre système éducatif.<br /><br />Aussi bien le contenu de l'enseignement que le mode d'enseignement ont des effets pervers.<br /><br /><strong>Contenu - </strong>Le contenu de l'enseignement, abstrait, est très largement inutile à la vie professionnelle future. Il serait curieux de connaitre quelle part des travailleurs se sert de ses connaissances acquises à l'école pour son activité professionnelle ? Certainement une part faible.<br /></div><div align="justify"><br />Il n'est pas inutile d'apprendre l'histoire, le latin, la bio et la chimie. Mais ces enseignements n'ont pas de finalité pratique. Et du fait de leur nombre, ils prennent la place d'enseignement plus manuels. (un effet d'éviction)<br /><br />Il est vrai que les élèves, fidèles à l'air du temps, ont peu d'estime pour les enseignements manuels.<br /><br />Il est vrai surtout que la finalité réelle du contenu de l'enseignement n'est pas d'enseigner mais de sélectionner. Faut-il être satisfait de cette hypocrisie ?<br /><br />Ainsi le système éducation nous apparait déjà séparé du système de production, ce qui me permet de venir à la seconde partie du problème, et la plus importante : le mode d'enseignement.<br /></div><div align="justify"><br /><strong>Mode d'enseignement - </strong>Après toutes ces années sur les bancs de l'école, l'élève en a assimilé la logique. En revanche il ne connait pas celle du monde du travail. Or les deux mondes obéissent à des règles très différentes.<br /><br />A l'école il est demandé à l'élève d'être obéissant (y compris et même surtout dans les matières où l'on prétend faire exprimer de l'esprit critique). L'obéissance et donc les bonnes notes ouvrent toutes les portes. Dans le système scolaire vous êtes libre de vous orienter comme vous le souhaitez sous réserve d'avoir les notes qui le permettent. Et pour avoir ces notes, il faut bêcher. C'est la même logique que l'argent de poche. Il faut savoir doser entre réclamer et être sage.<br /></div><div align="justify"><br />Dans le monde du travail, l'obéissance est requise mais ce qui est demandé avant tout c'est d'être utile, productif. Il faut rapporter de l'argent, au moins pour couvrir son propre coût.<br /><br />Mais l'étudiant, qu'il fasse des petits boulots ou pas, me semble rester prisonnier de la logique de l'école : il se croit en droit de choisir comme il le souhaite sa voie professionnelle en la payant de son effort.<br /><br />Or il n'en est rien. Le travailleur en devenir n'entre plus dans une école mais sur le marché du travail. Il ne peut choisir ce qu'il veut mais ce que le marché offre. Le marché propose à peu près tout, mais pas aux même prix, le prix étant fonction de l'offre et de la demande et donc de l'utilité sociale de l'emploi requis et de la rareté des talents nécessaires.<br /><br />En d'autres termes, à l'école on est au service de soi-même, dans le monde du travail on est au service d'autrui, ce car la contre-partie de la rémunération est le trravail effectué, le service rendu.<br /><br /></div><div align="justify">Le manque d'intégration entre le système éducatif et le système de production a ainsi pour conséquence de nourrir des illusions. Le monde du travail est fait d'emplois qui doivent satisfaire à la fois les producteurs et les consommateurs.<br /><br />Croire que la société devrait fournir à chacun l'emploi qu'il souhaite est illusoire et égoïste. C'est en ce sens - et seulement en ce sens - que Thatche avait dit <em>there is no such thing as society</em>.<br /><br /><br />L'étanchéité entre circuis de l'éducation et de la production a aussi pour effet pervers de favoriser l'atomisation de l'individu. Cette atomisation se manifeste de plusieurs manières. D'une part, comme indiqué auparavant, il nourrit la croyance que l'individu choisit la voie qui lui chaut sans tenir compte de ce que la société demande.<br /><br />D'autre part c'est le travail qui intègre le mieux dans la vie. A ce sujet, mentionnons la parfaite véracité d'une formule que les Nazis ont malheureusement corrompue : arbeit macht frei. Par cynisme ou pour tromper leurs victimes, les nazis plaçaient cette formule à l'entrée de leurs camps d'extermination. Néanmoins cette formule leur est largement antérieure et témoigne à mon avis d'une profonde vérité.<br /><br /><br />Un dernier mot sur l'artificialité du processus scolaire. Il est remarquable que les connaissances acquises à l'école sont en réalité très rapidement oublié. Preuve en est l'orthographe de tous ces élèves qui oublient sitôt quitté l'école ce qui leur a été enseigné pour se soumettre aux conventions des groupes qu'ils suivent. <br /><br />Il faut se débarrasser de cette idée d'une école qui servirait de cocon où l'on enseignerait de façon neutre des connaissances à des esprits vierges.<br /><br />Comment y remédier ?<br /><br />Il m'arrive de penser qu'une solution pourrait consister en la mise en place d'une sorte de bourse des métiers dont les prix seraient communiqués aux élèves. Autrement dit, les élèves connaitraient les revenus de chaque emploi et pourraient se décider en fonction de ses prix, quitte à choisir être mal payé mais faire ce que l'on souhaite.<br /><br />Mais une telle solution générerait vraisemblablement l'envie et la haine sociale.<br /><br />Je me contenterai donc de conseiller l'intégration entre les systèmes d'éducation et de travail histoire de dissiper au plus tôt de tragiques malentendus.<br /><br /><br /><strong>2) Les vieux ne comprennent rien non plus à l'économie</strong><br /><br />Ceci est une hypothèse optimiste car pour expliquer leur comportement il y a une alternative :<br /><br />- Les vieux ne comprennent rien non plus à l'économie,<br />- Ils sont malveillants et empêchent délibérément les jeunes d'avoir un travail.<br /><br /><strong>La rigidité à l'entrée du marché du travail<br /></div></strong><div align="justify">On connait la chanson, le pendant des systèmes de protection sociale est l'accroissement du coût du travail et in fine le chômage<br /><br />Puisqu'il n'est pas possible de renvoyer sans risquer de lourdes pénalités financières, on embauche moins.<br /><br /><br />Des arguments simples et rationnels mais pas compris par grand monde. C'est la théorie des insiders/outsiders. La nouvelle summa divisio du monde du travail, c'est celle qui sépare ceux qui ont un travail et sont protégés par le système, contre ceux qui n'ont pas de travail et sont en grande insécurité et doivent accepter divers types d'emplois précaires pour assurer les privilèges de la première catégorie.<br /><br />Le cas du système de retraite par répartition (d'origine pétainiste d'ailleurs) est éloquent : non seulement il fait peser des charges toujours croissantes sur les travailleurs et donc augmente le coût du travail et in fine contrarie l'embauche des jeunes, mais en plus il consiste en un transfert de richesse des jeunes vers les vieux. Doublement antisocial.<br /><br /><br /><strong>La négation des différences de productivité<br /></strong><br />Les jeunes sont moins productifs en ce sens qu'ils ne sont pas formés et ne connaissent pas les routines et génèrent logiquement moins de production. Il faut ajouter à cela qu'on perd à court terme la productivité de leurs formateurs.<br /><br /><br />Cela est plus vrai dans les domaines de haute spécialisation.<br /><br /><br />En outre l'employeur prend un risque en embauchant une nouvelle personne car celle-ci peut se révéler incompétente et représenter un poids mort pour l'entreprise.<br /><br /><br />Le nouveau travailleur produit moins or c'est la production qui une fois vendue procure les revenus à l'entreprise et paie les salaires. En conséquence de quoi il est illusoire de croire que le nouvel entrant devrait être payé comme tous les autres salariés. Le nier c'est empêcher les jeunes d'obtenir du travail.<br /><br /><br />Dominique de Villepin, lorsqu'il était premier ministre, a institué brièvement le contrat première embauche (CPE) qui facilitait la rupture entre l'employeur et un jeune embauché en CPE. Interprété comme la précarisation du travail des jeunes, une telle mesure visait au contraire à faciliter l'intégration des jeunes dans le monde du travail.<br /><br />De nombreux jeunes ont défilé et obtenu le retrait du CPE. Deux conséquences : ils ont supprimé un outil qui était fait dans leur intérêt, et ils ont pavé la voie de la victoire de Nicolas Sarkozy en éliminant au bon moment son principal rival à droite. Amusant, non ?<br /><br /><br />Au final la précarisation s'accroit. Elle n'est que la conséquence inéluctable d'une jeunesse qui se dirige vers des emplois que la société ne demande pas et un coût du travail trop élevé.<br /><br /><br />Emergent tout un tas d'emplois précaires. Le plus grand succès est celui du stage : il offre à l'employeur un travailleur peu qualifié, peu payé, corvéable et sans pérennité, il offre au stagiaire une vague formation et le droit d'inscrire une ligne de CV qui le rapproche du Saint-Graal : le CDI... Le stage permet surtout de court-circuiter toute la législation de protection des travailleurs.<br /><br /><br />Qui serre trop mal étreint. La protection des travailleurs se retourne contre les plus faibles d'entre eux.</div><div align="justify"><br /><br /><strong>En conclusion : que faire ?</strong><br /><br />Enseigner mieux l'économie ? Laissons tomber.<br /><br />Il y a deux choses à faire : 1/ intégrer l'éducation et la formation professionnelle, 2/ assouplir la législation du travail.</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-4516942437451844390.post-42093120840929053712010-06-29T16:38:00.005+02:002010-06-29T17:25:40.621+02:00Le coq de la farce<div align="justify">Aaah la coupe du monde. Comme toujours nous allons subir le matraquage d'éditorialistes en peine d'idée qui se plaignent de l'omniprésence du foot. Les footeux sont ravis, et même les badauds prennent plaisir.<br /><br />Mais cette année, ce sont les amateurs de farce qui sont aux anges car celle qui se déroule actuellement restera dans les annales du comique et de l'infamie.<br /><br /><br />Un article se justifie pour faire le point !<br /><br />Tout d'abord l'équipe de France se qualifie in extremis pour la coupe du monde de façon bien douteuse. Grâce à des matches de barrage organisés suivant une interprétation complaisante des règlements et un but marqué contre l'Irlande sur une passe décisive faite... de la main.<br /><br />ça augure mal. Mais avec l'équipe de France l'irrégularité est la règle : finaliste en 2006, dernière en 2002 (bien que favorite...), victorieuse en 1998, absente en 1994... Sait-on jamais : l'équipe de France va peut-être faire la une...<br /><br /><br />Premier match, contre l'Uruguay : zéro but, match nul. A ce moment on ne se doute de rien, on ignore que l'équipe nationale nous prépare une surprise qui va éclipser le ridicule qui attend d'autres équipes telles que l'Italie : équipe championne en titre, éliminée au premier tour, dernière de sa poule - poule constituée de la Nouvelle-Zélande, Slovaquie et Paraguay...<br /><br />Deuxième match de l'équipe de France, contre le Mexique : plouf, l'équipe s'écroule. Le score de 2-0 ne révèle pas assez la domination d'une équipe et l'indigence de l'autre. La qualification est compromise.<br /><br />On enchaine sur un psychodrame : Anelka, attaquant vedette en pleine campagne publicitaire en France, avait insulté l'entraineur Domenech à la mi-temps. Il refuse de s'excuser et est exclu de l'équipe.<br /><br />Pour faire bloc et identifier la balance, l'équipe de France refuse de s'entrainer. L'équipe apparait à l'opinion publique comme une bande de petits caïds. La rumeur veut que Gourcuff aurait été écarté de la sélection pour des raisons puériles. On admire la gradation dans les évènement et l'enchainement des gags.<br /><br />On se met à intellectualiser la faillite de la sélection de toutes les manières possibles... La faute à l'immigration, au multiculturalisme, au fric, au libéralisme, à Sarkozy etc<br /><br />Troisième match, contre l'Afrique du sud : tout le monde n'a d'yeux que pour Gourcuff le gentil... qui reçoit un carton rouge... N'en rajoutez plus la coupe est pleine. Score final : 2 - 1. Et il n'est pas inutile de préciser que le premier but pris l'était dès avant l'expulsion du joueur français.<br /></div><div align="justify">La France est logiquement dernière de sa poule et éliminée.</div><div align="justify"><br /><br />Exit la France ? Non car les politiques s'en mêlent et poursuivent le divertissement !<br /><br />Roselyne Bachelot fait la leçon aux joueurs français... qui pleurent !<br /><br />Nicolas Sarkozy reçoit Thierry Henry, l'attaquant star qui a assez peu joué, sans doute gardé au frais pour filer un coup de main lors des fins de match.<br /></div><div align="justify">Les politiques veulent que les têtes tombent à la FFF.</div><div align="justify"><br />Furieuse de l'ingérence, <a href="http://news.bbc.co.uk/sport2/hi/football/world_cup_2010/8771693.stm">la FIFA menace de suspendre la fédération française</a> !<br /></div><div align="justify"><br />Quel romancier aurait pu imaginer farce si machiavélique, ces relances, ces tacles ? Un seul mot : grandiose.</div><div align="justify"></div><div align="justify">Sur ce, bon match</div>Apollonhttp://www.blogger.com/profile/12476879548068809349noreply@blogger.com0