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samedi 22 décembre 2007

le complot américain

Derrière les affaires du procès des Rosenberg, le putsch contre Allende, l’opération Condor ou de nombreuses affaires internationales, on retrouve typiquement une théorie du complot américaine. Un préjugé difficile à dégager, les discussions ont un air de famille. Je prendrai comme exemple celles concernant le Plan Condor où je me suis borné à faire retirer une carte indiquant en rouge les pays participants, en rose les pays coopérants. Les USA étaient en rouge alors que les historiens énumérant les participants ne les citent pas dans les pays clés, (par exemple : ici, , encore là), invoquant soit son ignorance, soit sa complaisance, soit un support technique.

Dans un premier temps mes interlocuteurs admettent l’importance de sourcer leur point de vue cad la validité de la carte, mais souhaitent que le point de vue soit conservé dans l’article le temps pour eux de sourcer, première atteinte aux règles.

Dans un deuxième temps, ils ne trouvent aucune source fiable et comblent cette lacune par la quantité : un étalage de sources de deux types, celles qui sont fiables mais n’établissent pas le point de vue, celles qui ne sont pas fiables mais vont dans le sens souhaité. Mes contradicteurs donnent les sources sans établir en quoi elles établiraient leur point (adresse et présentation minimale) ni en écartant celles qui ne sont pas fiables.

Dans un troisième temps, les contradicteurs s’improvisent spécialistes et tirent les conclusions qu’ils souhaitent de sources qu’ils choisissent et analysent de façon à ce que les faits satisfont leurs préconceptions. Que chaque présentation des faits soit suivie d'une spéculation montre que les sources n'établissent pas le point.

Dans un quatrième temps, après avoir échoué à adapter les faits à la théorie défendue, on utilise la méthode inverse : le sens des mots est plié. En l’espèce, une participation américaine au plan Condor pourrait être simplement déduite de la présence de fonctionnaires américains lors d’un interrogatoire ou de la revendication par un militaire sud-américain de l’emploi d’une station de radio US. Et peu importe que la carte se caractérise justement par les degrés attribués au pays dans la participation à l’opération.

Au fur et à mesure que les étapes se succèdent, le risque d’attaques personnelles s'amplifie : accusation de propagande, procès d’intentions. En l’espèce je me suis retrouvé accusé de défendre l’innocence des USA. Je n’avais pas cette prétention, seulement celle d’enlever une carte que personne ne pouvait établir et qui indiquait un degré d’implication maximum pour les USA.

Dans cette affaire, survint un deus ex machina. Il se trouvait que la carte comportait trois autres erreurs. La carte devenait grossièrement indéfendable. Je remercie au passage l’utilisateur Sammyday, un de mes contradicteurs, qui a su parfaitement respecter les règles.

La carte est enfin effacée mais ce n’est pas fini : on ratiocine encore pour tenter d’obtenir une consolation. On critique l'unilatéralisme et le manque de discussion... Tout plutôt que reconnaitre un tort !

Certains préjugés sont difficiles à vaincre, ils ont un point commun et ce sera pour un prochain post.

mercredi 12 décembre 2007

Critique et esprit critique

Alain aurait dit ou écrit "Penser, c'est dire non", un site athée indique que cette citation se trouve dans Propos sur les pouvoir , 19 janvier 1924 / 1925.

Camus écrit quelque chose de semblable en 1951 : le rebelle, c'est celui qui dit non.

De jolies formules qui illustrent un malentendu courant sur internet où beaucoup de monde semble croire qu'il suffit de dire non pour croire qu'il pense.

L'usage de l'esprit critique offre la possibilité de dire autre chose que "non" : "oui". Ou mieux : offrir une autre conception.
Car "dire non, c'est dire oui", c'est se glisser dans les conceptions de son interlocuteurs, admettre ses prémisses et finalement contredire un point pour admettre l'essentiel.