Etes-vous quelqu'un de différent ?

dimanche 26 octobre 2008

L'Etat, problème ou solution : II) Refuser les solutions totales

Ce deuxième billet est celui qui m'intéresse le moins sur les trois que j'ai prévus, du coup ça traine :)

L'Etat, problème ou solution ? Dans le premier billet, nous nuancions les responsabilités dans le cas particulier de la crise des subprimes, nous nous penchons maintenant sur l'étrange alternative que Reagan nous propose. Celle-ci ne nous propose que des solutions totales et en cela elle s'inscrit mal dans la tradition libérale.

Prenons Milton Friedman. Il a mis en lumière les erreurs de la Fed lors de la crise de 29 mais quand il parle du New Deal, on peut constater qu'il distingue entre les politiques de réforme étatiste, qu'il critique, et le soutien aux travailleurs en difficulté, qu'il approuve (cf cet entretien).

Ainsi l'Etat est, comme à l'occasion de la crise des subprimes, partie du problème et opportunité de solution. Surtout, il convient d'éviter les solutions totales et de veiller à confronter son système à l'épreuve des faits, l'idéologie ne doit pas l'emporter.

Un homme l'a bien compris : Alan Greenspan dont les journaux nous rapportent qu'il aurait abjuré la foi ultralibérale (Il y a beaucoup de schadenfreude dans toute cette crise). Alan Greenspan nous dit qu'il a trouvé une faille dans son idéologie, mais il n'emploie pas idéologie dans le sens commun d'ensemble de croyances devant lesquelles tous les faits doivent s'agenouiller mais au contraire comme notre conception du monde que nous améliorons sans cesse en la confrontant avec la réalité.

Il faut lire les réponses - en vo- de Greenspan au représentant Henry Waxman lors de son audition devant le congrès (ci-jointes les transcriptions). Celui-ci est corrigé par celui-là : vous avez trouvé une faille dans la réalité ? Dans le modèle, reprend Greenspan. Loin de la caricature d'un fanatique, Greenspan nous rappelle l'humilité qui doit nous guider dans la recherche de la vérité, et la primauté des faits sur les systèmes qui leur donnent un sens. Même si Greenspan a péché, maintenant des taux d'intérêt bas peu orthodoxes, sa réaction est honorable (et j'apprécie peu la chasse au bouc-émissaire).

Malheureusement la caricature se substitue au message (lire sur ce sujet) et l'humilité de Greenspan s'efface derrière les interprétations superficielles.

Le message est que, faillibles et ignorants, nous devons nous méfier des solutions totales et fonder nos raisonnements sur la raison, et être prêt à évoluer au terme d'une discussion rationnelle. Cette leçon concerne au premier plan les libertariens. La partition qu'ils doivent jouer est encore plus difficile qu'ils ne le croient. Affirmer en temps de crise financière, largement perçue comme une crise du capitalisme, que la crise n'est pas due au libéralisme mais au manque de libéralisme, ce type d'argumentation évoque immanquablement les doctrines irréfutables (donc inutiles à discuter) que les libéraux ont longtemps combattu, au premier plan desquelles le marxisme.

L'argumentation du trop d'Etat est recevable mais elle est sensible, et le libéral classique s'effraie que le libéralisme économique soit assimilé aux idées de quelque hubris libertariens. Comme dirait RH, le libéralisme est une chose trop sérieuse pour le laisser aux libertariens.

Et le libéralisme était-il une chose trop sérieuse pour la laisser à Reagan ? Il est temps de lever le lièvre : sa citation ne doit pas être prise au sérieux. Son intérêt ne réside pas dans sa proposition, pure boutade, mais dans ce dont elle témoigne : le coup politique de la jonction des mouvements conservateur et libéral, qui inaugure d'une décennie de domination politique de la droite au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

mardi 21 octobre 2008

Concours wikibéral 2008

L'association liberaux.org avait décerné le prix liberaux.org 2008 à Pierre Schweitzer. C'est désormais le tour du meilleur livre, qui reçoit le prix wikiberal 2008.

Le lauréat est Jacques de Saint-Victor pour les racines de la liberté, le débat oublié.

A cette occasion, nous présentons des mélanges réunis en son honneur. Vous y trouverez les reviews des nominés à savoir :
  • Pascal Salin, Français, n’ayez pas peur du libéralisme, Odile Jacob,
  • Jörg-Guido Hülsmann, Mises, The Last Knight of Liberalism, Mises Institute, Auburn, Alabama
  • Friedrich A. Hayek, Essais de philosophie, de science politique et d’économie, Les Belles Lettres, Bibliothèque classique de la liberté,
  • Gilles Campagnolo, Seuls les extrémistes sont cohérents… Rothbard et l’école austro-américaine dans la querelle de l’herméneutique, ENS Editions,
  • Jacques de Saint Victor, les Racines de la liberté : Le débat français
    oublié, 1689-1789, Librairie académique Perrin,
  • Jean-Claude Michéa, L’Empire du moindre mal : Essai sur la civilisation libérale, Climats
  • Cécile Philippe, C’est trop tard pour la Terre, Jean-Claude Lattès, Idées fausses Vraies réponses,
  • Claude Allègre, Ma vérité sur la planète, Plon, Fayard.
Bonne lecture : lien vers les mélanges (pdf), et à bientôt pour le dernier prix, le prix flanby.

samedi 4 octobre 2008

Les raisons de la crise économique

Je remercie Free Jazz pour avoir porté à ma connaissance cette analyse de la crise, intéressante à tous points de vue. La traduction est de Hervé de Quengo.
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De la manipulation de la monnaie et du crédit
Les Raisons de la crise économique

(...)
II. Les changements cycliques concernant la situation économique

1. Le rôle des taux d'intérêt

Dans notre système économique les époques de prospérité alternent habituellement de manière plus ou moins régulière avec des époques de dépression. Le déclin suit l'essor économique, l'essor suit le déclin, etc. L'attention de la théorie économique a été grandement attirée, pour des raisons bien compréhensibles, par ce problème des changements cycliques des conditions économiques. Au début, plusieurs hypothèses incapables de résister à l'examen critique furent proposées. Toutefois on finit par développer une théorie des fluctuations cycliques répondant aux exigences légitimement attendues de la part d'une solution scientifique au problème. Il s'agit de la Théorie du crédit de circulation, habituellement appelée Théorie monétaire des cycles économiques. Cette théorie est généralement acceptée par les scientifiques. Toutes les mesures de politique cyclique prises au sérieux sont issues du raisonnement qui est à la base de cette théorie.

D'après la Théorie du crédit de circulation (Théorie monétaire des cycles économiques), les changements cycliques de la situation économique proviennent des tentatives de baisse artificielle des taux d'intérêt sur les prêts par l'intermédiaire de décisions de politique bancaire — expansion du crédit bancaire par le biais d'une émission ou d'une création d'instruments fiduciaires supplémentaires (c'est-à-dire de billets de banque et/ou de dépôts à vue non couverts à 100 % par de l'or). Sur un marché non perturbé par l'interférence d'une telle politique bancaire « inflationniste », les taux d'intérêt s'établissent à un niveau pour lequel tous les moyens sont disponibles pour réaliser tous les plans et toutes les initiatives qui ont été entrepris. Ces taux d'intérêt d'un marché non entravé sont connus sous le nom de taux « naturels » ou « statiques ». Si l'on respectait ces taux d'intérêt, le progrès économique se poursuivrait sans interruption — en dehors de l'influence des cataclysmes naturels ou d'actes politiques comme les guerres, les révolutions et autres phénomènes du même genre. Le fait que le développement économique suit un mouvement sinusoïdal doit être mis sur le compte de l'intervention des banques au travers de leur politique de taux d'intérêt. Chez les politiciens, dans le monde des affaires, dans la presse et au sein de l'opinion publique l'idée qui prévaut généralement est que la réduction des taux d'intérêt en dessous du niveau engendré par les conditions du marché est un objectif louable en matière de politique économique, et que la façon la plus simple de parvenir à ce but est d'accroître le crédit bancaire. Sous l'influence de cette idée, on tente sans arrêt de déclencher un essor économique en accordant des prêts supplémentaires. Certes, le résultat d'une telle expansion du crédit répond au départ aux attentes. Les affaires reprennent vie. Une amélioration notable se produit. Mais l'effet stimulant émanant de l'accroissement du crédit ne peut toutefois pas continuer éternellement. Tôt ou tard, un boom économique créé de cette manière doit s'effondrer.

Aux taux d'intérêt qui s'établissaient sur le marché, avant toute intervention des banques par l'intermédiaire de la création d'un crédit de circulation supplémentaire, les seules entreprises et affaires qui paraissaient rentables étaient celles pour lesquelles les facteurs de production étaient disponibles dans l'économie. Quand les taux d'intérêt baissent suite à l'expansion du crédit, certaines affaires qui ne semblaient pas rentables auparavant donnent l'impression de l'être. C'est précisément le fait que de telles affaires soient entreprises qui déclenche l'essor. Mais l'économie n'est pas suffisamment riche pour elles. Les ressources dont elles ont besoin pour être achevées ne sont pas disponibles : elles doivent être retirées à d'autres entreprises. Si les moyens avaient été disponibles l'accroissement du crédit n'aurait pas été nécessaire pour rendre possibles les nouveaux projets.

2. Les conséquences de l'expansion du crédit

L'expansion du crédit ne peut pas augmenter la quantité de biens réels. Elle ne conduit qu'à un réarrangement. Elle détourne les investissements en capital du cours prescrit par la situation de la richesse économique et des conditions du marché. A cause d'elle la production suit des voies qu'elle n'aurait empruntées que si l'économie avait connu un accroissement du nombre des biens matériels. Il en résulte que l'essor ne repose pas sur une base solide. Il ne s'agit pas d'une prospérité réelle. C'est une prospérité illusoire. Elle ne s'est pas développée à la suite d'une augmentation de la richesse économique. Elle est née au contraire parce que l'expansion du crédit a créé l'illusion d'un tel accroissement. Tôt ou tard il doit apparaître que cette situation économique est construite sur du sable.

Tôt ou tard l'accroissement du crédit, par la création d'instruments fiduciaires supplémentaires, doit s'arrêter. Même si les banques le voulaient elles ne pourraient pas continuer cette politique indéfiniment, même si elles étaient obligées de le faire par une forte pression extérieure. L'augmentation constante de la quantité d'instruments fiduciaires aboutit à la hausse constante des prix. L'inflation ne peut continuer que tant que persiste l'opinion qu'elle s'arrêtera dans un avenir prévisible. Mais si la conviction que l'inflation ne s'arrêtera pas s'empare des esprits, le public tient compte à l'avance des hausses de prix anticipées. En conséquence les prix s'emballent par à-coups, sans qu'il y ait de limites. Les gens se détournent de l'usage de la monnaie, qui est mis en danger par l'accroissement des instruments fiduciaires. Ils « fuient » vers les devises étrangères, vers les lingots métalliques, les « valeurs réelles », le troc. Bref la monnaie s'effondre.

La politique d'expansion du crédit est habituellement abandonnée bien avant que ce point critique ne soit atteint. Elle est interrompue en raison de la situation qui se développe concernant les relations commerciales internationales et aussi, en particulier, en raison de l'expérience des crises précédentes, qui ont fréquemment aboutit à des limitations légales du droit des banques centrales d'émettre des billets et de créer du crédit. En tout cas la politique d'accroissement du crédit doit prendre fin, si ce n'est suffisamment vite suite à une volte-face des banques, alors plus tard dans un effondrement catastrophique. Plus vite elle est arrêtée, moins il y aura de dommages consécutifs au fourvoiement de l'activité entrepreneuriale, plus la crise sera douce et plus la période de stagnation économique et de dépression générale sera courte.

L'apparition de crises économiques revenant périodiquement est la conséquence nécessaire des tentatives continuellement répétées visant à faire baisser les taux d'intérêt « naturels » du marché au moyen de la politique bancaire. Les crises ne disparaîtront pas tant que les hommes n'auront pas appris à éviter de tels « amorçages de la pompe », parce qu'un boom stimulé de manière artificielle doit inévitablement conduire a une crise et à la dépression.


III. La crise actuelle

La crise dont nous souffrons aujourd'hui est également le résultat d'une expansion du crédit. La crise actuelle est la conséquence inévitable d'un boom. Une telle crise suit nécessairement tout boom suscité par la tentative de réduire le « taux d'intérêt naturel » par l'accroissement des instruments fiduciaires. Mais la crise actuelle diffère sur certains points essentiels des crises précédentes, tout comme le boom l'ayant précédée différait des essors économiques précédents.

La période de boom la plus récente n'a pas entièrement pris fin, au moins en Europe. Certains pays et certaines branches de la production n'ont pas été touchés de façon très importante par l'embellie qui, dans de nombreux pays, fut assez agitée. Un peu de la dépression précédente continuait, y compris pendant l'embellie. Pour cette raison — en accord avec notre théorie et sur la base de l'expérience passée — on aurait pu s'attendre cette fois à ce que la crise soit plus douce. Mais elle est à coup sûr bien plus sévère que les crises précédentes et il apparaît peu probable que la situation économique s'améliore de sitôt.

L'absence de rentabilité de nombreuses branches de la production et le chômage d'une proportion importante de travailleurs ne peuvent évidemment pas être dus au seul ralentissement des affaires. Cette absence de rentabilité et ce chômage sont tous deux accentués en ce moment par la dépression généralisée. Mais ils sont devenus, en cette période d'après-guerre, un phénomène durable qui ne disparaît pas complètement y compris lors de l'essor économique. Nous sommes confrontés ici à un nouveau problème que la théorie des changements cycliques ne peut pas résoudre à elle seule.


Ludwig von Mises (1931) - La Crise économique — Discours prononcé le 28 février 1931 (surlignez pour lire le nom de l'auteur)

Pris du site de Hervé de Quengo, qui propose gratuitement ses nombreuses traductions professionnelles de notre auteur.

mercredi 1 octobre 2008

L'Etat, problème ou solution : I) la crise des subprimes

Tout le monde connait la fameuse boutade de Reagan : l'Etat n'est pas la solution, il est le problème. Je ferai une suite d'article sur le thème. Premier épisode : la crise des subprimes vient-elle apporter un démenti au raccourci de Reagan ?

Les subprimes sont des prêts de deuxième classe, faits à des personnes trop pauvres pour bénéficier d'un crédit normal ou ayant connu des accidents de paiement dans le passé. Ce sont donc des prêts à risques, contractés en échange d'une prime plus élevée que les contrats normaux, le plus souvent sans apport. Les subprimes ont donc permis à de nombreux pauvres d'acquérir une maison mais les conditions ne sont pas particulièrement saines puisque le taux réel de remboursement ne se met en place qu'au bout de quelques années même si bien évidemment on ne saurait expliquer le succès des subprime comme étant une grande arnaque : la vérité est que chacun veut devenir propriétaire, et envie la plus grande maison de son voisin.

Le caractère social de ces prêts a conduit le gouvernement à inciter voire à contraindre les établissements de crédit a ouvrir les vannes, notamment à travers le CRA (Community Reinvestment Act).

L'accès facilité du crédit aux pauvres résulte, on le voit, de deux forces que sont l'appât du gain des sociétés financières et la législation sociale des USA. Le mécanisme a longtemps fonctionné et permis à de nombreux ménagère de devenir propriétaire. Il a cependant créé une inflation immobilière (le prix de l'immobilier monte avec la demande) et reposait sur une politiques de taux d'intérêts bas, les prêts subprimes étant généralement indexés directement ou indirectement sur les taux de la réserve fédérale. La valeur des maisons s'appréciant avec la bulle dont elle était à l'origine, la défaillance d'un emprunteur était couverte par la revente de la maison que l'emprunt avait servi à acheter.

Lorsque la Fed a finalement remonté ses taux, conformément aux prescriptions libérales faut-il noter, la bulle a commencé à se dégonfler. Les échéances de remboursement ont couté plus cher. Davantage d'emprunteurs n'ont pu honorer leur dette, de plus en plus de maisons ont été revendues et le prix de l'immobilier a commencé à baisser. S'ensuit une spirale infernale : le plus les débiteurs sont défaillants, le plus de maisons sont revendues pour couvrir les dettes, le plus le marché descend, le plus la valeur des maisons achetées décroit. Suit la crise des subprimes, les investisseurs perdent fois dans les subprimes titrisées et réclament les sous étatiques. Les bourses descendent et espèrent le vote du plan Paulson qui prévoit d'impliquer la somme pharaonique de 700 milliards de dollars.

A qui la faute ?

Pour le sénateur socialiste Henri Weber dans Le Monde (Tsunami financier : la réplique idéologique, 01/10/08), la cause est entendue : c'est la faute du libéralisme. Comment pourrait-il en être autrement, la crise n'avait pas commencée qu'elle allait être la faute du libéralisme. C'est la France : 100% des gens sont contre la pensée unique qui est toujours celle des autres, il faut faire avec. Pour Henri Weber : "Les libéraux apparaissent pour ce qu'ils sont : des idéologues qui stigmatisent l'intervention de l'Etat en période de vaches grasses, mais qui exigent au contraire son secours massif dès que se lèvent les tempêtes que leurs politiques ont contribué à déclencher." Ce texte nous montre que les libéraux sont définis par leurs adversaires non comme les partisans d'une doctrine (de laquelle ses détracteurs veulent par-dessus tout ne rien comprendre), mais comme ceux qui tireraient les ficelles du système capitaliste mondial, à leur profit. Et peu importe que les libéraux critiquent le plan Paulson et que les Représentants républicains le rejettent aux 2/3.

Reprenons. Quelle est la faute pour commencer : elle est triste à écrire, la faute c'est d'avoir trop prêté, notamment aux pauvres. On dénonce l'appat du gain des financiers, encore faut-il bien réaliser que la contrepartie de l'appat du gain était de prêter aux pauvres. Comment sortir les pauvres de la pauvreté quand l'accès au crédit leur est généralement empêché par les lois sensés les protéger ?
Le crédit a un coût, prêter à une population pauvre c'est prendre un risque, qui doit être rémunéré. En interdisant cette rémunération, on interdit le prêt aux pauvres. La fermeture du crédit est pauvre est un effet pervers de l'interdiction de l'usure. C'est la leçon paradoxale que nous rappelle Muhammad Yunus, banquier et prix Nobel de la paix 2006, qui nous conseille d'abolir nos législations soi-disant protectrices (dans une émission télé dont je ne retrouve plus les références).

Il n'y avait donc pas pêché à prêter aux pauvres mais il y a bien une crise. A qui peut-on imputer la faute : aux établissements de crédit mais aussi à l'Etat dont on a indiqué dans les lignes ci-dessus la responsabilité à deux titres : législations sociales poussant les banques à prêter à des personnes risquant la défaillance, et politique de taux d'intérêt bas qui multiplie le crédit et entraîne la bulle immobilière.

Il faut encore retenir la responsabilité de l'Etat à un autre égard : le too big to fail cad trop gros pour faillir. Ce principe signifie qu'une entreprise, à partir d'une taille critique devient invulnérable car le coût social de son effondrement serait tel que l'Etat va intervenir pour la soutenir. Une entreprise en difficulté dispose donc d'une alternative : se réformer, ce qui est difficile, ou grossir au maximum, voie dans laquelle il suffit de se laisser aller. En d'autres termes, la responsabilité ou l'irresponsabilité. Si l'Etat soutient l'irresponsable, la responsabilité perd tout intérêt c'est pourquoi l'Etat doit refuser de sanctionner le vice d'une entreprise qui cherche à devenir trop grosse pour bénéficier d'une aide privilégiée. Malheureusement cela fait des années que l'Etat américain a montré des signes de faiblesse. Il faut donc saluer le refus de sauver Lehman Brothers même si on savait que ce n'était qu'un avertissement sans lendemain puisqu'il fallait faire peur avant que les très gros poissons se manifestent ce qui fut très rapidement le cas avec AIG.

Au final, les financiers demandent des fonds publics : l'Etat est la solution. Mais il est aussi le problème...