Etes-vous quelqu'un de différent ?

mercredi 30 juillet 2008

Obamania

Ce qui est bien avec les Américains c'est que les médias, même s'ils sont très majoritairement progressistes comme partout ailleurs voire davantage, et donc démocrates dans le cas des Etats-Unis, n'abdiquent pas leur sens critique et remplissent correctement leur rôle de contre-pouvoir, avec talent. En ce qui concerne Obama, on a d'abord senti que les médias préféraient Obama et on pouvait redouter un biais, d'autant plus prononcé que Hillary Clinton provoquait un certain rejet.

Maintenant la nouveauté d'Obama s'est effacée, et Clinton est out. Par conséquent la caricature a trouvé ses marques et fonctionne à plein régime et, en raison de la ferveur béate qu'Obama provoque, il est caricaturé en messie. On peut cependant avoir des doutes quant au second degré de certaines images.

Je vous donne les liens (pas sur d'avoir le droit de les afficher, merci à ceux qui les ont portées à ma connaissance) :
  • The dream, origine inconnue : ici,
  • The New Republic, 30 janvier 2008, couverture,
  • Illustrations d'un article du city journal d'été 2008, la toute première est absolument excellente,
  • Une collection dans le même genre sur NPR.

ps : avez-vous remarqué qu'Obama a le même prénom que le pape : "béni" ?

jeudi 24 juillet 2008

Neutralité de moyen / neutralité de résultat : le danger du relativisme sur wikipédia

Pour permettre à des contributeurs de toute tendance de contribuer harmonieusement, la règle npov (Neutral Point Of View) commande d'attribuer toute information à sa source, tout le monde l'a bien compris(1). Au lecteur de trancher entre les différents avis qui lui sont proposés, cette seconde idée pose en pratique beaucoup plus problème à cause de la confusion entre ce que j'appelle la neutralité de moyen et la neutralité de résultat. Le fonctionnement de la neutralité sur Wikipédia est en effet un point souvent mal compris.

Le contre-sens fréquent est de croire que la npov serait relativiste, rien n'est plus faux. Un nombre considérable de conflits éditoriaux est du à l'interprétation de la npov comme une règle prônant une appréciation relativiste des informations, qui conduit à présenter les opinions comme étant de même valeur en les égalisant artificiellement, la neutralité de résultat.

Qu'est-ce que le relativisme ? C'est la croyance selon laquelle toutes les croyances se valent, que la vérité n'existe pas ou alors qu'elle n'est pas à notre portée. Toutefois il demeure une croyance absolue et intangible qui est le relativisme lui-même : il est une vérité absolue qu'il n'y a aucune vérité absolue. C'est la religion du monde moderne : moi, mon égo, mon opinion.

Le relativisme rend la discussion, échange tendant vers la vérité, vaine, puisqu'il dit "chacun sa vérité". A quoi bon discuter s'il n'y a pas de vérité, si toutes les opinions se valent in fine ?(2) Dans une discussion, chacun présente ses arguments à la réfutation de l'autre, pour progresser vers la vérité. Il faut tirer la conséquence d'une réfutation : reconnaitre l'erreur expressément ou tacitement.

Ou on peut ne pas tirer cette conséquence : le relativisme est alors le dernier recours de l'opinion réfutée. Combien de fois ai-je vu sur wikipédia une personne suspendre sa reconnaissance d'avoir eu tort à la reconnaissance par l'adversaire qu'il ne défend qu'une opinion, également fausse ou vraie ? Trop souvent : d'accord j'ai tort mais alors toi aussi ! Ainsi le croyant en déroute vient-il se réfugier dans le relativisme, croyant naïvement que le summum de la neutralité est de prêcher que tout est faux alors qu'en plus d'être pov, il est dans l'erreur et viole la loyauté des discussions.

Et l'invocation du relativisme est hypocrite, parce qu'au final il ne s'agit pas tant de prôner l'égalité des opinions que de dénoncer celle d'autrui. Si toutes les croyances se valent, on se demande bien pourquoi le relativiste n'abandonne pas les siennes...

La npov est-elle relativiste ?

On le croit souvent : tous les points de vue ne sont-ils pas acceptés sur les articles ?

Il existe une protection explicite contre le relativisme des points de vue dans la npov : la notion de pertinence ; il faut présenter tous les pdv "pertinents". Ce mot, essentiel, est bienvenu mais on peut se demander s'il ne doit pas beaucoup de sa présence à son équivoque. Je le comprends comme ceci : l'avis d'un blog ou d'un réseau conspirationiste est insignifiante, il n'a pas sa place a priori ; l'avis d'un biologiste sur un sujet d'économie n'est pas qualifié (et vice versa) et n'est donc pas autorisé a priori etc.

La npov admet largement les pdv mais non pas parce qu'ils se vaudraient tous mais parce que nous sommes faillibles et ignorants et devons adopter une démarche humble. Mais la npov ne commande pas de dire que tout se vaut, simplement qui dit quoi. Wikipédia ne tranche pas qui a raison, non pas parce que personne n'a raison, mais parce que c'est le travail du lecteur.

Aussi l'erreur est-elle permise, sous réserve d'être attribuée. Le lien entre l'information et son auteur donne une double information : il ne s'agit pas simplement d'exposer une opinion mais encore de l'attribuer. Si l'information est fausse, on attribue l'erreur, ce qui est infiniment plus utile que la nier. Prenons la lutte des classes par exemple, l'important n'est pas d'expliquer que la lutte des classes est une sornette mais d'identifier qui diffuse cette erreur. Voilà une fonction de la npov trop souvent occultée : attribuer l'erreur.

Comment le relativisme change la compréhension de la npov.

Le relativisme pervertit la npov. A partir du moment où on admet que toutes les opinions se valent, la neutralité consiste à exposer toutes les opinions de façon à ce qu'elles soient à égalité. Ceci mène à renforcer artificiellement un pov ou instiller un doute illégitime sur un autre. Il se peut qu'une opinion représente le consensus scientifique quand une autre, opposée à la première, ne peut être rattachée qu'à des non-spécialistes, des pseudo-comités citoyen, des blogueurs conspirationistes.

Que faire alors ? Rien. Nous n'avons pas à rectifier la réalité. Le lecteur va sans doute accorder davantage de crédit à une opinion, soutenue plus rationnellement, dotée de l'aura scientifique, et il aura bien raison ! Ou alors il faut être conséquent et accorder autant de place au créationnisme qu'à la théorie de l'évolution ; écrire que peut-être après tout la Terre est plate et est le centre de l'univers, que les tours du world trade center contenaient des balises pour guider des avions remplis d'explosif vers elles. On pourrait continuer cette liste ad nauseam. Pour utiliser une métaphore de juriste : l'erreur est de rechercher une neutralité de résultat quand il faut chercher une neutralité de moyen. En d'autres termes, il ne faut pas rédiger de façon à ce que le lecteur estime à égalité les opinions, mais présenter toutes les opinions pertinentes de façon à ce que le lecteur puisse trancher librement.

Pour que la npov fonctionne correctement, il faut comprendre qu'elle n'est pas relativiste, que la neutralité doit être entre les pov sur la page de wikipédia, pas dans la tête du lecteur. En note finale, j'ajouterai que le rejet du relativisme implique qu'il faut reconnaitre l'idée à contre-courant selon laquelle la connaissance légitime existe, peu importe que le relativisme la nie et la nomme dominante.

(1) Voir aussi cet ancien post : Fiabilité et vérifiabilité sur Wikipédia.
(2) Et à quoi bon monter une encyclopédie...

lundi 21 juillet 2008

King George's Six Maxims

Voici les six conseils que le roi George Ier conservait affichés sur le mur de son étude, et Apollon au-dessus de sa baignoire. Ce sont des conseils dont les wikipédiens feraient bien de prendre connaissance et d'appliquer, moi compris :
  • Teach me to be obedient to the rules of the game ;
  • Teach me to distinguish between sentiment and sentimentality - admiring the one and despising the other ;
  • Teach me neither to proffer nor to receive cheap praise ;
  • If I am called upon to suffer let me be like a well-bred beast that goes away to suffer in silence ;
  • Teach me to win if I may ; If I may not win, then, above all, teach me to be a good loser ;
  • Teach me neither to cry for the moon nor over spilt milk.

lundi 14 juillet 2008

Faire parler les morts

D'Outre-tombe nous viennent deux excellents textes, l'un répond à Siné qui nous a exposé dans un Charlie Hebdo de juin sa détestation des femmes voilées, l'autre est relatif aux comités de soutien de Florence Aubenas, qu'on peut appliquer à ceux d'Ingrid Bétancourt, qui jouent la mouche du coche.

Le premier est un réquisitoire de Desproges du haut de son tribunal des flagrants délires : lire ici
(descendre vers le milieu du texte), merci à Legion pour ce texte. Chacun pourra apprécier à quel point le réquisitoire contre le "seul gauchiste d'extrême droite de France" est encore à jour.

Le second est de Philippe Muray et est intitulé : Que soutiennent, au juste, les comités de soutien? Lire là, merci à Saucer fly pour l'avoir déniché. La prose est savoureuse, l'argument convaincant : "les membres des collectifs de soutien à Florence Aubenas se sont activés narcissiquement, s'offrant l'illusion de porter leur « amour » sur un autre objet qu'eux-mêmes, quand c'était bel et bien le spectacle qu'ils se donnaient qui les soulevait d'extase".

mercredi 2 juillet 2008

Ma belle Britannica

ça y est je l'ai :)

Plus seulement le dvd ou l'accès gratuit sur le site internet, non la vraie, la feuillue : j'ai acheté la Britannica 15e édition (1989). Elle se compose de 29 volumes répartis entre macropédia (articles de fond) et micropédia (toutes les entrées), propédia pour la recherche thématique (1 volume), index (2 volumes) et mises à jour (5 volumes), pour un total de 36 volumes soit plus de 70 kilos !

Petit malheur (ceux qui additionnent l'ont vu) il me manque le 25e tome, de Norway à Pre-columbian non inclus. Si vous voulez m'embêter, vous saurez où me questionner :) encore que c'est un tome de la macropédia, j'aurais donc la plupart des infos dans la micropédia pour ces entrées.

Si vous faites un tour sur internet, vous pouvez trouver des prix effrayants pour la Britannica. Celle de cette année est au-dessus des 1000 pounds ! Un volume de la 15e édition se trouve à 30 pounds ! Mon acquisition m'a couté... 45 pounds :) soit environ 60 euros. Encore que mon libraire, qui avait l'air aux anges de se débarrasser de l'encombrante encyclopédie, m'a remboursé 5 pounds en raison du volume manquant... que j'ai bien entendu aussitôt dépensé sur un autre bouquin bien appétissant : la Routledge encyclopedia of philosophy, recommandée pa The Economist, trouvable de 35 pounds à plus de 100 pounds sur internet, 11 pounds chez mon libraire (6 pounds en comptant le remboursement du volume 25).

Mais comment l'amener en France ! Je penche pour acheter un diable et revenir en train, croisons les doigts...