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mardi 22 janvier 2008

Intérêt général, progrès

Deux notions soumises à forte critique théorique jusqu’à ce qu’on réalise qu’il n’y a pas de raison de préférer la définition courante et fausse à une définition pour lesquelles ces termes désignent une réalité.

L’intérêt général, notion abstraite, désigne d’abord un intérêt qui serait commun à tous. Son hérault est la social-démocratie, chantre du « service public » et des « subventions », d’un bien commun ordonnancé au mieux par la volonté omnipotente et omnisciente du législateur. Fiction.

Si on se penche sur l’intérêt général communément admis, on réalise qu’il ne profite qu’à des catégories privilégiées : protéger le petit commerce se fait, quoi qu’on dise, au détriment du consommateur, c’est avantager une catégorie contre la multitude. Idem la mise en place de transports en commun, dont personne ne connaît vraiment le coût, qui profite à ceux qui le font fonctionner mais prévient les usagers d’employer leur argent à d’autres dépenses qu’ils auraient préféré faire. Idem pour l’art subventionné, sur lequel le citoyen n’a aucun mot à dire. C’est encore vrai pour l’éducation, premier budget de l’Etat. Il ressort de cette liste que si le service public est théoriquement au service de l’usager, théoriquement possédé par les citoyens à travers l’Etat, la réalité est que le service public est la propriété des hommes qui le composent, qui organisent le service public selon les fins qu’ils décident. Une illustration : l’exclusion des sociétés marchandes du domaine de l’éducation montre que la mise en œuvre des idées typiques de la classe éducative prime sur l’intérêt au moins potentiel des élèves à être confronté à l’entreprise et de découvrir un modèle d’organisation hiérarchique fondé sur d’autres valeurs que l’obéissance et la conformité.

Cet intérêt général, qu’on touve dans les discours politiques, n’existe pas mais il convient de saisir le véritable sens plutôt que de condamner le terme.

Le véritable intérêt général profite à tous. On peut le définir comme la somme des intérêts particuliers mais une telle définition est peut-être plus utilitariste que libérale, et prête à sacrifier l’intérêt de quelques-uns pour un plus grand bien. Mon avis est que pour conférer une définition convenable à l’intérêt gnéral, il faut se débarasser des définitions métaphysiques, l’intérêt général est ce qui profite à tous. Il est dans l’intérêt de tous que les feux rouges existent, que la paix soit maintenue, la liberté des échanges assurée, le fruit du travail assuré au producteur. L’intérêt du consommateur - et nous sommes tous concommateurs - est d’obtenir le plus large choix de produits au meilleur prix, celui du contribuable - et nous sommes tous contribuables, sauf pour ceux qui ne connaissent pas la TVA - est d’être le moins pressé fiscalement, l’intérêt du justiciable - et nous sommes tous justiciables - est d’être soumis aux même règles que tous.

De façon remarquable, l’opinion commune a préféré l’acception métaphysique de l’intérêt général de sorte qu’il ne désigne plus rien, il en est de même pour le progrès.


Le progrès est la valeur politique suprême, peut-être plus encore que la liberté individuelle censée être la clé de voute des démocraties libérales. Mais les progressistes placent trop d’attente dans le progrès, ils attendent que celui-ci rende les hommes heureux et le rejet du capitalisme s’appuie souvent sur l’affirmation, exacte, que le capitalisme ne rend pas les hommes heureux. Mais pourquoi le progrès rendrait-il les hommes heureux ?

Comme Mises l’explique admirablement : « Quand les économistes parlaient de progrès, ils considéraient la situation du point de vue des fins recherchées par les agents. Il n'avait rien de métaphysique dans leur notion du progrès. La plupart des hommes veulent vivre et prolonger leur vie ; ils veulent conserver une bonne santé et ne pas se retrouver au bord de la famine. Aux yeux des agents se rapprocher de ces objectifs signifie une amélioration, le contraire une détérioration. Telle est la signification des termes "progrès" et "régression" quand les économistes les emploient. Ils qualifient en ce sens de progrès une baisse de la mortalité infantile ou un succès dans la lutte contre les maladies contagieuses.

« La question n'est pas de savoir si un tel progrès rend les gens heureux. Il les rend plus heureux qu'ils ne l'auraient été sinon. La plupart des mères se sentent plus heureuses si leurs enfants survivent et la plupart des gens se sentent plus heureux sans la tuberculose qu'avec. » (Ludwig Von Mises, Théorie et Histoire, Une interprétation de l'évolution économique et social, 1957, Troisième partie : Les problèmes épistémologique de l'Histoire, Chapitre 10. L'historicisme , http://herve.dequengo.free.fr/Mises/TH/TH10.htm)

Mises, prenant le contre-pied du relativisme, définit le progrès comme « le remplacement de méthodes d'action moins adaptées par des méthodes plus adaptées. » Le mot n’en demeure pas moins corrompu dans le langage courant, sujet d’idôlatrie au point que le progrès devenu fin en soi plutôt que manifestation d’améliorations ponctuelles essentiellement techniques est prétexte à bien des absurdités et des mensonges et on comprend que le mot « progressisme » soit devenu négatif.

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