Au lendemain d'élections qui ont provoqué un cataclysme hélas pas vraiment sans précédent dans notre vie politique, le quotidien La Meuse Tranquille a demandé à deux grands poètes belges - l'un flamand, l'autre wallon - d'exprimer leurs sentiments et leur vision de l'avenir. Ils nous ont offert deux textes puissants que nous reproduisons ci-dessous.
L'ELAN
de Jan Van Pademaas
Né en 1935 à Geeleecrock, Jan Van Pademaas est un des grands poètes flamands, plusieurs fois considéré pour le Nobel et déconsidéré par la critique. Son épopée "Vlaanderen vrijgegeven" (La Flandre Libérée, 1966) lui a valu de nombreux prix. Il nous a dit avoir écrit ce poème en signe de concorde, afin de réaffirmer l'unité et la fraternité qui sont au coeur de l'identité belge; il a choisi le Français "parce que c'est une belle langue qu'il est fier de parler couramment, pas comme ces feignasses de Wallons qui refusent d'apprendre le Néerlandais".
Le lion flamand est un animal paisible
Il ne montre les dents que contraint et forcé
Car toute violence lui est pénible
Mais ce n'est pas lui qui a commencé
Tout ce qu'il veut, c'est vivre en paix
Avec les siens, mais la porte toujours ouverte
Car ce qu'il prêche, lui, il le fait
Pas comme ces sudistes de m....
Oui ce qu'il désire, c'est vivre dans sa langue
Tout comme ses frères vivent dans la leur
Infoutus qu'ils sont de sortir de leur gangue
Ces foutus francophones de malheur
Il ne demande qu'à oublier et à pardonner,
Car il n'est au fond qu'amour et tolérance
Cela dit ceux qui persistent à bouchonner
Peuvent faire leurs valises pour la France.
En ces temps difficiles, ces heures tendues,
Où la raison doit primer seule,
Nous devons, mes frères, garder la main tendue
De préférence dans la gueule.
L'ELIO
de Patrick Dimwitte
Né en 1950 à Moudubeek, Patrick Dimwitte est considéré comme l'une des voix majeures de la poésie francophone contemporaine. Lauréat des Prix Volapuk et Capharnaüm, son modernisme sans compromis lui a valu d'être comparé à René Char, Yves Bonnefoy, Aimé Césaire et Dominique de Villepin. Il a voulu exprimer dans ce poème "son effroi, mais aussi, en dépit de tout, son espoir".
Wallonie, ma terre, ma chair,
Tes jambes étiques de nation ménopausée
Pleurent de leurs yeux sans cils
Les larmes de sang de l'amère défaite
Mais elles te soutiennent malgré tout
Face à ton dioscure nordiste
Dents de lait, crinière de pacotille,
A la gueule baveuse de mensonges
Dansant le tango des traîtres
Sur la tombe point encore creusée
De notre âme commune.
Wallonie, ma mère, ma soeur,
Toi dont le cri sommeille au fond de moi
Comme la rivière qui hurle dans l'oubli
C'est de ton sein que surgit
Un spadassin dont l'épée est ta vertu
Et ta langue est le bouclier
Pour sauver les trois couleurs
Et dompter le Iago septentrional
Son nom aux effluves méditerranéennes
Est le triomphe de ton ouverture
La force de son caractère
Est la victoire de tes valeurs
Que ce noeud papillon
Soit le panache blanc
Qui incarne, O Wallonie, O patrie,
Ton fier majeur dressé à la face blême
De ces trouducs de flamoutches de m...
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