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dimanche 31 octobre 2010

Huxley et Orwell comparés

Voici une jolie petite bande dessinée sur Huxley et Orwell qu'il vous appartient de cliquer pour la lire correctement. (En fait non : cliquez ici pour l'afficher au format le plus convenable)

Le dessin est créatif, le texte délicieux et la mise en perspective des pensées des deux auteurs brillante.

Aussi bien Aldous Huxley que George Orwell ont décrit dans des romans célèbres des fins de l'histoire ayant pour forme des mondes totalitaires. Mais les mécanismes de ces mondes diffèrent essentiellement et c'est le mérite de cette bande dessinée de le mettre en évidence aussi joliment.

Ceci dit, je n'ai pas vraiment aimé 1984. D'Orwell je préfère l'excellente satire anticommuniste La Ferme des Animaux.

Pourquoi est-ce que 1984 me laisse froid ? Parce que d'une certaine manière le totalitarisme anticipé par Orwell s'est réalisé dans l'URSS. Mais il est remarquable que ce régime s'est précisément effondré depuis l'intérieur, pour des causes internes, spontanément. Exit donc la possibilité d'une fin de l'histoire sous forme de grande dictature des esprits omniprésente.

La bande dessinée parait d'ailleurs trancher en ce sens.

Le texte est de Neil Postman dans "Amusing Ourselves to Death", le dessin de Stuart McMillen. J'ai tiré l'image du blog de ce dernier ie ici.




6 commentaires:

Bernard a dit…

L'image que vous proposez est trop petite pour être lisible : /

Apollon a dit…

Voilà l'adresse exacte : http://www.recombinantrecords.net/docs/2009-05-Amusing-Ourselves-to-Death.html

Je vais d'ailleurs la placer dans l'article.

Samahell a dit…

Juste pour la plaisir de pinailler :
- la dictature des esprits omniprésente ne s'est pas effondrée partout, et reste une réalité quotidienne pour 20 millions de Coréens et, sous une forme un peu édulcorée pour près d'un milliard et demi de Chinois (mais après tout même le régime soviétique de l'URSS correspondait, comme l'explique O'Brien à la fin du livre, à un degré de totalitarisme inférieur à celui de l'Océania).
- loin d'être anti-communiste, La Ferme Des Animaux, s'il reste très critique vis-à-vis des dérives stalinistes de la révolution russe, reste une apologie enthousiaste de l'anarcho-communisme, ou au moins du communisme démocratique (à l'instar de presque tous les communistes non repentis que notre époque compte encore).

Apollon a dit…

à samahell :

Dans ce cas où voyez-vous une apologie de l'anarcho-communisme dans la ferme des animaux ?

Samahell a dit…

Tout le passage qui suit la Révolution – après que les humains-capitalistes aient été renversés mais avant que Napoléon-Staline n'instaure des relations de pouvoir autoritaires au sein de la ferme – est présenté comme un vrai paradis :

"Et ainsi la fenaison fut achevée deux jours plus tôt qu’aux temps de Jones. Qui plus est, ce fut la plus belle récolte de foin que la ferme ait jamais connue. (...) Et pas un animal n’avait dérobé ne fût-ce qu’une bouchée.

Tout l’été le travail progressa avec une régularité d’horloge. Les animaux étaient heureux d’un bonheur qui passait leurs espérances. Tout aliment leur était plus délectable d’être le fruit de leur effort. Car désormais c’était là leur propre manger, produit par eux et pour eux, et non plus l’aumône, accordée à contrecœur, d’un maître parcimonieux. Une fois délivrés de l’engeance humaine, des bons à rien, des parasites, chacun d’eux reçut en partage une ration plus copieuse. Et, quoique encore peu expérimentés, ils eurent aussi des loisirs accrus."

Même à la fin, le récit est toujours évasif quant à la comparaison de la situation des animaux avant la Révolution et après la prise de pouvoir des cochons (même si, de ce qu'il en dit dans 1984, on comprend qu'Orwell trouve effectivement que le totalitarisme pseudo-socialiste – car pour lui le régime d'Océania n'a qu'usurpé l'apparence du socialisme – est encore pire que la société capitaliste). Il conclut sur le constat que la domination de l'un ou l'autre revient au même : les cochons sont devenus des humains-capitalistes, ni plus ni moins.

Orwell était un socialiste pessimiste. Il honnissait l'impérialisme de la société capitaliste et appelait de ses voeux le fameux "socialisme réel" (concept qui a cela de paradoxale qu'il n'a justement jamais existé durablement dans le monde réel ^^), qu'il imaginait plus efficace et plus juste que le capitalisme. En revanche il semblait considérer, et déplorer, que les chances d'avènement de son idéal étaient minimes.

Apollon a dit…

Merci pour la réponse mais ça fait quand même très très court pour voir dans le livre "une apologie enthousiaste de l'anarcho-communisme."

Concernant le passage que vous citez, je suis allé retrouver le passage complet et j'y ai vu que déjà les cochons ne travaillent pas mais donnent des ordres (j'appelle cela travailler mais pas ceux qui pensent que les capitalistes sont des parasites). On remarque aussi que l'élimination des capitalistes entraine une régression technique et donc un accroissement de travail que l'enthousiasme compense. Le paradis apparait être une fiction éphémère.

Concernant les cochons, je pense que pour Orwell, ils sont pires que les capitalistes car leur empire repose sur le mensonge, la manipulation et autres maux.