Voilà une dizaine d'année, l'Europe avait connu une vague rose avec les arrivées au pouvoir de Blair, Jospin ou Schroeder. Ajoutez à eux Clinton et vous remarquerez que la gauche avait le vent en poupe dans les pays occidentaux. Aujourd'hui la droite gagne davantage d'élections. Sarkozy a brisé la règle de la défaite systématique de la majorité qui durait depuis 25 ans et Fillon nous dit que la droite a gagné la bataille idéologique.
A ce phénomène on peut attribuer des cause mécaniques d'usure du pouvoir ou de basculement idéologique. L'avis de votre serviteur est qu'il y a un peu plus que cela et notamment une stratégie électorale mise en oeuvre par Bush puis Sarkozy avec succès. Je n'entends pas développer ici les fantasmes habituels sur le thème Sarko = Bush = fasciste, mais montrer la logique commune derrière leur victoire : la division de la gauche en hystérisant l'extrême-gauche.
J'ai la chance de lire des journaux depuis très longtemps et à l'époque de l'élection présidentielle américaine de 2000, je fréquentai déjà l'excellente presse américaine et ses sites webs. Le niveau intellectuel et l'art de la polémique étaient et sont toujours autrement plus attirant qu'en France. Pour autant le débat ne se caractérisait pas par une grande mesure et chacun prétait toute sorte d'objectif diabolique à son adversaire. Bush était largement haï et méprisé par la gauche des démocrates qui tirait sur lui en permanence à boulet rouge.
L'antibushisme, en plus d'être excessif et manichéen, n'était pas d'une grande tolérance : il ne fallait pas critiquer Bush, il fallait le dénoncer, lui hurler dessus. Les anti-Bush étaient par ailleurs assez naïfs, persuadés que Bush allait interdire l'avortement et rétablir la peine de mort.
On constate après 8 ans qu'il ne l'a pas fait. Certain diront que c'est parce que les démocrates ont réussi à l'en empêcher. Il me semble clair pour ma part qu'il faut juger aux faits : Bush qui pendant une longue période était populaire, disposait de la majorité dans les deux chambres et avait une cour suprême de son bord, aurait parfaitement pu effectuer ces mesures. Il faut conclure que s'il ne l'a pas fait c'est qu'il ne le voulait pas (en effet, que pourraient promettre les républicains pour les prochaines élections ?). Les critiques des ultras démocrates étaient donc exagérées.
Là où je veux en venir, c'est que la diabolisation de Bush, loin de le déservir, a pavé le chemin de sa victoire. Le pendant de se diabolisation est en effet l'hystérisation et l'aliénation de l'extrême-gauche américaine. Les démocrates modérés n'aiment sans doute pas Bush mais ils détestent le fanatisme. Ainsi la gauche se divise entre les puristes anti Bush et les modérés, son candidat ne peut satisfaire aucune de ces deux tendances et il perd.
Voilà pourquoi la stratégie classique de faire campagne au centre ne s'applique plus : comme Karl Rove le lui avait conseillé, George Bush a fait campagne à droite. Refusant de se soumettre aux canons de la bien-pensance, il a rendu l'extrême-gauche hystérique. Et lorsqu'on a compris que le but du militant d'extrême-gauche n'est pas la promotion d'objectifs sociaux radicaux mais la contemplation de sa bonne conscience, on voit que la maneuvre de Bush permet à la passion de la vanité de la gauche de contestation de l'emporter sur la raison et la loyauté envers la gauche de gouvernement et de l'emporter in fine.
En 2004, l'extrême-gauche était encore plus aigrie contre Bush. Comment pouvait-on ne pas être d'accord avec elle ? Comment ne pouvait-on pas voir que Bush allait appliquer un programme réactionnaire ? N'avez-vous pas vu Michael Moore montrer à quel point Bush est bête ?
La sanction : large victoire de Bush.
La leçon retenue par l'extrême-gauche : les électeurs de Bush sont des idiots, des fanatiques d'armes, des bigots etc.
Le succès de Sarkozy a la même explication. Comme Bush il a une image droitière, et comme Bush il gouverne au centre, encore que son style est plus autoritaire. Comme l'extrême-gauche américaine, la française ne juge pas le président sur ses actes mais sur les intentions qu'elle lui prête. Pareillement elle le hait et le méprise.
Santion : large victoire de Sarkozy.
La leçon de l'extrême-gauche : les électeurs de Sarkozy sont des idiots, des riches égoïstes, des moutons sans esprit critique etc
L'ancienne stratégie consistait à draguer les électeurs de l'extrême vers le centre, la nouvelle stratégie consiste à hystériser le camp ennemi. Il faut remarquer que cette stratégie pourrait être renversée entre gauche et droite et d'ailleurs la stratégie de Mitterrand d'aliéner de nombreux électeurs de la droite vers l'extrême-droite peut s'inscrire dans ce schéma.
Que font ces hommes politiques une fois arrivés au pouvoir ? Ils gouvernent au centre en persistant à exciter l'extrême-gauche par leurs paroles. Ainsi ils alimentent la division du camp adverse, parce que l'extrême-gauche est hystérique et parce que la gauche modérée est satisfaite. Reste à savoir comment la droite va réagir sur le long terme à l'accumulation des victoires sans traduction politique réelle.
A ce phénomène on peut attribuer des cause mécaniques d'usure du pouvoir ou de basculement idéologique. L'avis de votre serviteur est qu'il y a un peu plus que cela et notamment une stratégie électorale mise en oeuvre par Bush puis Sarkozy avec succès. Je n'entends pas développer ici les fantasmes habituels sur le thème Sarko = Bush = fasciste, mais montrer la logique commune derrière leur victoire : la division de la gauche en hystérisant l'extrême-gauche.
J'ai la chance de lire des journaux depuis très longtemps et à l'époque de l'élection présidentielle américaine de 2000, je fréquentai déjà l'excellente presse américaine et ses sites webs. Le niveau intellectuel et l'art de la polémique étaient et sont toujours autrement plus attirant qu'en France. Pour autant le débat ne se caractérisait pas par une grande mesure et chacun prétait toute sorte d'objectif diabolique à son adversaire. Bush était largement haï et méprisé par la gauche des démocrates qui tirait sur lui en permanence à boulet rouge.
L'antibushisme, en plus d'être excessif et manichéen, n'était pas d'une grande tolérance : il ne fallait pas critiquer Bush, il fallait le dénoncer, lui hurler dessus. Les anti-Bush étaient par ailleurs assez naïfs, persuadés que Bush allait interdire l'avortement et rétablir la peine de mort.
On constate après 8 ans qu'il ne l'a pas fait. Certain diront que c'est parce que les démocrates ont réussi à l'en empêcher. Il me semble clair pour ma part qu'il faut juger aux faits : Bush qui pendant une longue période était populaire, disposait de la majorité dans les deux chambres et avait une cour suprême de son bord, aurait parfaitement pu effectuer ces mesures. Il faut conclure que s'il ne l'a pas fait c'est qu'il ne le voulait pas (en effet, que pourraient promettre les républicains pour les prochaines élections ?). Les critiques des ultras démocrates étaient donc exagérées.
Là où je veux en venir, c'est que la diabolisation de Bush, loin de le déservir, a pavé le chemin de sa victoire. Le pendant de se diabolisation est en effet l'hystérisation et l'aliénation de l'extrême-gauche américaine. Les démocrates modérés n'aiment sans doute pas Bush mais ils détestent le fanatisme. Ainsi la gauche se divise entre les puristes anti Bush et les modérés, son candidat ne peut satisfaire aucune de ces deux tendances et il perd.
Voilà pourquoi la stratégie classique de faire campagne au centre ne s'applique plus : comme Karl Rove le lui avait conseillé, George Bush a fait campagne à droite. Refusant de se soumettre aux canons de la bien-pensance, il a rendu l'extrême-gauche hystérique. Et lorsqu'on a compris que le but du militant d'extrême-gauche n'est pas la promotion d'objectifs sociaux radicaux mais la contemplation de sa bonne conscience, on voit que la maneuvre de Bush permet à la passion de la vanité de la gauche de contestation de l'emporter sur la raison et la loyauté envers la gauche de gouvernement et de l'emporter in fine.
En 2004, l'extrême-gauche était encore plus aigrie contre Bush. Comment pouvait-on ne pas être d'accord avec elle ? Comment ne pouvait-on pas voir que Bush allait appliquer un programme réactionnaire ? N'avez-vous pas vu Michael Moore montrer à quel point Bush est bête ?
La sanction : large victoire de Bush.
La leçon retenue par l'extrême-gauche : les électeurs de Bush sont des idiots, des fanatiques d'armes, des bigots etc.
Le succès de Sarkozy a la même explication. Comme Bush il a une image droitière, et comme Bush il gouverne au centre, encore que son style est plus autoritaire. Comme l'extrême-gauche américaine, la française ne juge pas le président sur ses actes mais sur les intentions qu'elle lui prête. Pareillement elle le hait et le méprise.
Santion : large victoire de Sarkozy.
La leçon de l'extrême-gauche : les électeurs de Sarkozy sont des idiots, des riches égoïstes, des moutons sans esprit critique etc
L'ancienne stratégie consistait à draguer les électeurs de l'extrême vers le centre, la nouvelle stratégie consiste à hystériser le camp ennemi. Il faut remarquer que cette stratégie pourrait être renversée entre gauche et droite et d'ailleurs la stratégie de Mitterrand d'aliéner de nombreux électeurs de la droite vers l'extrême-droite peut s'inscrire dans ce schéma.
Que font ces hommes politiques une fois arrivés au pouvoir ? Ils gouvernent au centre en persistant à exciter l'extrême-gauche par leurs paroles. Ainsi ils alimentent la division du camp adverse, parce que l'extrême-gauche est hystérique et parce que la gauche modérée est satisfaite. Reste à savoir comment la droite va réagir sur le long terme à l'accumulation des victoires sans traduction politique réelle.
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