Ce deuxième billet est celui qui m'intéresse le moins sur les trois que j'ai prévus, du coup ça traine :)
L'Etat, problème ou solution ? Dans le premier billet, nous nuancions les responsabilités dans le cas particulier de la crise des subprimes, nous nous penchons maintenant sur l'étrange alternative que Reagan nous propose. Celle-ci ne nous propose que des solutions totales et en cela elle s'inscrit mal dans la tradition libérale.
Prenons Milton Friedman. Il a mis en lumière les erreurs de la Fed lors de la crise de 29 mais quand il parle du New Deal, on peut constater qu'il distingue entre les politiques de réforme étatiste, qu'il critique, et le soutien aux travailleurs en difficulté, qu'il approuve (cf cet entretien).
Ainsi l'Etat est, comme à l'occasion de la crise des subprimes, partie du problème et opportunité de solution. Surtout, il convient d'éviter les solutions totales et de veiller à confronter son système à l'épreuve des faits, l'idéologie ne doit pas l'emporter.
Un homme l'a bien compris : Alan Greenspan dont les journaux nous rapportent qu'il aurait abjuré la foi ultralibérale (Il y a beaucoup de schadenfreude dans toute cette crise). Alan Greenspan nous dit qu'il a trouvé une faille dans son idéologie, mais il n'emploie pas idéologie dans le sens commun d'ensemble de croyances devant lesquelles tous les faits doivent s'agenouiller mais au contraire comme notre conception du monde que nous améliorons sans cesse en la confrontant avec la réalité.
Il faut lire les réponses - en vo- de Greenspan au représentant Henry Waxman lors de son audition devant le congrès (ci-jointes les transcriptions). Celui-ci est corrigé par celui-là : vous avez trouvé une faille dans la réalité ? Dans le modèle, reprend Greenspan. Loin de la caricature d'un fanatique, Greenspan nous rappelle l'humilité qui doit nous guider dans la recherche de la vérité, et la primauté des faits sur les systèmes qui leur donnent un sens. Même si Greenspan a péché, maintenant des taux d'intérêt bas peu orthodoxes, sa réaction est honorable (et j'apprécie peu la chasse au bouc-émissaire).
Malheureusement la caricature se substitue au message (lire sur ce sujet) et l'humilité de Greenspan s'efface derrière les interprétations superficielles.
Le message est que, faillibles et ignorants, nous devons nous méfier des solutions totales et fonder nos raisonnements sur la raison, et être prêt à évoluer au terme d'une discussion rationnelle. Cette leçon concerne au premier plan les libertariens. La partition qu'ils doivent jouer est encore plus difficile qu'ils ne le croient. Affirmer en temps de crise financière, largement perçue comme une crise du capitalisme, que la crise n'est pas due au libéralisme mais au manque de libéralisme, ce type d'argumentation évoque immanquablement les doctrines irréfutables (donc inutiles à discuter) que les libéraux ont longtemps combattu, au premier plan desquelles le marxisme.
L'argumentation du trop d'Etat est recevable mais elle est sensible, et le libéral classique s'effraie que le libéralisme économique soit assimilé aux idées de quelque hubris libertariens. Comme dirait RH, le libéralisme est une chose trop sérieuse pour le laisser aux libertariens.
Et le libéralisme était-il une chose trop sérieuse pour la laisser à Reagan ? Il est temps de lever le lièvre : sa citation ne doit pas être prise au sérieux. Son intérêt ne réside pas dans sa proposition, pure boutade, mais dans ce dont elle témoigne : le coup politique de la jonction des mouvements conservateur et libéral, qui inaugure d'une décennie de domination politique de la droite au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
L'Etat, problème ou solution ? Dans le premier billet, nous nuancions les responsabilités dans le cas particulier de la crise des subprimes, nous nous penchons maintenant sur l'étrange alternative que Reagan nous propose. Celle-ci ne nous propose que des solutions totales et en cela elle s'inscrit mal dans la tradition libérale.
Prenons Milton Friedman. Il a mis en lumière les erreurs de la Fed lors de la crise de 29 mais quand il parle du New Deal, on peut constater qu'il distingue entre les politiques de réforme étatiste, qu'il critique, et le soutien aux travailleurs en difficulté, qu'il approuve (cf cet entretien).
Ainsi l'Etat est, comme à l'occasion de la crise des subprimes, partie du problème et opportunité de solution. Surtout, il convient d'éviter les solutions totales et de veiller à confronter son système à l'épreuve des faits, l'idéologie ne doit pas l'emporter.
Un homme l'a bien compris : Alan Greenspan dont les journaux nous rapportent qu'il aurait abjuré la foi ultralibérale (Il y a beaucoup de schadenfreude dans toute cette crise). Alan Greenspan nous dit qu'il a trouvé une faille dans son idéologie, mais il n'emploie pas idéologie dans le sens commun d'ensemble de croyances devant lesquelles tous les faits doivent s'agenouiller mais au contraire comme notre conception du monde que nous améliorons sans cesse en la confrontant avec la réalité.
Il faut lire les réponses - en vo- de Greenspan au représentant Henry Waxman lors de son audition devant le congrès (ci-jointes les transcriptions). Celui-ci est corrigé par celui-là : vous avez trouvé une faille dans la réalité ? Dans le modèle, reprend Greenspan. Loin de la caricature d'un fanatique, Greenspan nous rappelle l'humilité qui doit nous guider dans la recherche de la vérité, et la primauté des faits sur les systèmes qui leur donnent un sens. Même si Greenspan a péché, maintenant des taux d'intérêt bas peu orthodoxes, sa réaction est honorable (et j'apprécie peu la chasse au bouc-émissaire).
Malheureusement la caricature se substitue au message (lire sur ce sujet) et l'humilité de Greenspan s'efface derrière les interprétations superficielles.
Le message est que, faillibles et ignorants, nous devons nous méfier des solutions totales et fonder nos raisonnements sur la raison, et être prêt à évoluer au terme d'une discussion rationnelle. Cette leçon concerne au premier plan les libertariens. La partition qu'ils doivent jouer est encore plus difficile qu'ils ne le croient. Affirmer en temps de crise financière, largement perçue comme une crise du capitalisme, que la crise n'est pas due au libéralisme mais au manque de libéralisme, ce type d'argumentation évoque immanquablement les doctrines irréfutables (donc inutiles à discuter) que les libéraux ont longtemps combattu, au premier plan desquelles le marxisme.
L'argumentation du trop d'Etat est recevable mais elle est sensible, et le libéral classique s'effraie que le libéralisme économique soit assimilé aux idées de quelque hubris libertariens. Comme dirait RH, le libéralisme est une chose trop sérieuse pour le laisser aux libertariens.
Et le libéralisme était-il une chose trop sérieuse pour la laisser à Reagan ? Il est temps de lever le lièvre : sa citation ne doit pas être prise au sérieux. Son intérêt ne réside pas dans sa proposition, pure boutade, mais dans ce dont elle témoigne : le coup politique de la jonction des mouvements conservateur et libéral, qui inaugure d'une décennie de domination politique de la droite au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
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