Alors qu’on approche la fin des démêlés judiciaires de l’historien François Garçon poursuivi pour diffamation contre l’auteur du film documentaire, Hubert Sauper, je voudrais signaler que j’ai une dette envers le film en titre, qui a aidé à ma formation.
Tourné entre 2001 et 2004, le film décrit un commerce révoltant : la perche du Nil a été introduite dans le lac Victoria, en Afrique, elle en a détruit l’écosystème ; ce poisson est pêché puis envoyé dans les pays occidentaux pour fabriquer de la nourriture. Au retour les avions ramènent des armes, alimentant la guerre et donc la pauvreté africaine. Les Africains gardent les carcasses pourrissantes. Commerce inique, métaphore d’une mondialisation prédatrice et inhumaine, le film connut un certain succès en France, pays où il fut projeté en 2005.
Comme tout le monde, ce film m’a révolté mais pour des raisons différentes puisque j'estime que loin d’informer l'opinion publiques d'horreurs véritables, ce film n’était qu’une fiction destinée à flatter un certain type de spectateur occidental dans ses préjugés. Le cauchemar de Darwin m'a fait comprendre beaucoup de choses, il m'a permis de voir où reposaient réellement les préjugés, leur force, la facilité et la satisfaction intellectuelle. Il a commencé à me faire comprendre à quel point le combat politique consistait à identifier l'adversaire à sa caricature et donc au mal, que l'idéologie n'est que le mensonge servant à justifier nos mauvais actions.
Le cauchemar de Darwin est le cauchemar rêvé des anticapitalistes, un film qui d'une bouillie de faits vus à travers le prisme de l'idéologie tente péniblement de mettre en accusation la mondialisation libérale.
L'image du film est belle, la fable séduisante mais y a-t-il quelque chose dans ce film qui ne prête à contestation ? Regardons.
1/ Un trafic d'armes
Le film et en particulier son affiche allègue un trafic d’armes en rapport avec le commerce de la perche du Nil or celui-ci n'est jamais prouvé et rien ne permet de croire qu'un lien quelconque entre le commerce de la perche et des armes existe.
Pourtant cette allégation fonde la critique politique du film et c'est une accusation grave. Dès lors il convenait de la prouver ou de ne pas l'utiliser du tout.
2/ Des populations affamées
Le film sous-entend (au minimum) que le commerce de la perche affame les populations locales. Or ce n'est pas par la contrainte que le poisson est pris au pêcheur, ce n'est par la contrainte qu'il est pris aux usines, ce n'est pas par la contrainte qu'il est embarqué. Mais alors comment ce commerce peut-il avoir lieu ? Pourquoi les populations locales ne conservent-elles pas le poisson pour leur propre consommation ?
C'était à François Garçon de révéler que les populations ne mourraient pas de faim, que les carcasses de poissons, pourries et couvertes de mouches, n'étaient pas destinées à l'alimentation locale.
L'allégation de populations affamées du fait du commerce international de la perche révélait une incompréhension de l'économie de marché : en effet le principe d'un échange libre c'est que chacun y gagne (sans pour autant que chacun y gagne forcément de façon équitable ou « juste »). Si les populations locales vendent aux occidentaux la perche, c'est qu'ils y ont plus intérêt que la garder pour eux, en particulier pour la manger. C'est donc qu'ils ne meurent pas de faim. De plus les revenus générés par le commerce permettent de créer des emplois réels, productifs et non fondés sur autre chose que la charité occidentale (encore que). De l'autre côté les occidentaux achètent la perche pour faire de la nourriture pour animaux. Tout le monde y gagne chose qui semble inacceptable pour le réalisateur, qui décrit en conséquence les responsables africains de ce commerce comme des idiots utiles.
Pour les anticapitalistes, l'échange est le masque d'une exploitation : un camp exploite l'autre, (et le camp exploiteur est toujours le même). Quand ils qualifient le commerce mondialisé de sauvage ou brutal, ce n'est pas l'achèvement d'un raisonnement construit et corroboré par des observations, c'est le corollaire du dogme de départ.
3/ La misère
Le film montre la misère locale, notamment celle d'enfants abandonnés qui sniffent de la colle. Mais cette misère n'a aucun lien avec le commerce de la perche. Au contraire ce commerce enrichit la population locale pour les raisons sus-cités.
Sans le travail généré par l'activité de pêche, la misère serait plus importante et non l'inverse.
4/ La métaphore d'un capitalisme prédateur
La perche, introduite dans le lac, en a détruit l'écosystème. La perche est en effet un prédateur contre lequel les autres poissons ne faisaient pas le poids, ce faisant elle a détruit l'écosystème et donc les conditions de sa propre survie, se condamnant à terme.
L'histoire de cette perche se veut une métaphore du capitalisme ultralibéral, qui engendre un productivisme qui sape ses propres fondements et nous conduit dans le mur.
Commençons par rendre à César ce qui appartient à César : qui a introduit la perche du Nil dans le lac ? Il ne s'agissait pas de capitalistes ou d'industriels appâtés par l'idée de profit mais bien de l'Etat, animé par la volonté politique d'accroitre la production du lac cad une politique de développement. Ce qui a mis la perche dans le lac Victoria ce ne sont pas les mauvaises mais les bonnes intentions.
L'exploitation intensive de la perche conduit à terme à son extinction, et comme le lac a été vampirisé par la perche du Nil, le lac Victoria deviendra un désert. Hubert Sauper a raison de dénoncer ce problème. Encore aurait-il fallu désigner les bonnes causes et non par réflexe conditionné le libéralisme ou la mondialisation. L'introduction de la perche et son exploitation intensive n'ont rien à voir avec le libéralisme et tout à voir avec un interventionnisme politique. Le productivisme n'est pas libéral. Là où le libéralisme aurait un rapport avec notre sujet est qu'un libre-marché et une échelle planétaire à ce marché accroissent les possibilités d'allocation des perches pêchées de sorte qu'il est plus intéressant de la pêcher et de la vendre que si l'usage devait être local. (Et de façon plus générale, un marché mondial pousse aux échanges et donc à la production et donc à la fois à l'exploitation des ressources naturelles et à l'opulence de l'ensemble des hommes) On peut critiquer ce mécanisme qui pousse à l'exploitation de la nature, il faut réaliser en même temps qu'il n'est possible que parce que les populations locales n'ont pas absolument besoin de ce poisson et qu'il permet à tous les Africains qui participent à l'exploitation de la perche de sortir de la misère.
Problème suivant : l'assimilation du libéralisme économique au darwinisme social. C'est un lieu commun antilibéral qui repose sur des confusions, et qui ignore que les penseurs libéraux comme Mises ou Hayek ont toujours dénoncé le darwinisme social. On ne peut pas en dire autant de tout le monde, y compris des socialistes.
Je regrette d'avoir oublié d'autres défauts que j'avais alors détecté. (désolé je ne compte pas revoir le film)
5/ Leçon paradoxale du film.
La leçon de ce film, édifiante, ne se terminait pas avec la projection : une fois la lumière revenue, je devais constater la satisfaction qui parcourait les visages des spectateurs, qui avaient tout gobé et croyait présenter un esprit critique en répétant docilement la morale du film.
Mon verdict négatif fut confirmé par l'analyse de François Garçon, qui révéla de surcroit que les carcasses montrées par le cinéaste n'étaient pas destinées à l'alimentation de la population locale. Il est hallucinant que ce fait n'ait été indiqué pendant le film. F. Garçon révélait aussi que seul les quartiers et la population les plus miséreux avaient été montrés.
On peut trouver le film choquant pour les raisons que j'ai exposées voire le qualifier de « supercherie » comme le fit François Garçon, attaqué en diffamation. La justice l'a condamné à une faible somme, estimant l'accusation de l'historien selon laquelle le réalisateur faisait jouer et rejouer les enfants se droguant infondées mais admettant la véracité du reste de ses accusations. On attend en ce moment la décision de la Cour d'appel.
Ce film n'est pas isolé, plusieurs soi-disant films redresseurs de torts connaissent le succès. Prenez Slumdog millionnaire, en apparence un film indien, en réalité un film occidental pour le public occidental, dans lequel la police torture le pauvre des bidonvilles qui refuse son sort. Derrière l'apologie de l'aventure d'un pauvre, un regard contempteur de la société indienne, la dénonciation des riches, tous pourris. Prenez Eden à l'ouest, dans lequel un étranger parfait sur le plan progressiste au point qu'il n'a plus d'origine, comme l'a remarqué avec justesse Eric Zemmour, est confronté à une population corrompue, jouée par des figurants qui avaient des consignes de comportement et devaient affecter une indifférence factice.
Le film misérabiliste a ainsi son public, on peut même soutenir que c'est devenu un genre à part entière. En voici la recette : une bonne cause, lointaine, les préjugés d'un public qui se croit libéré des préjugés, la stigmatisation des autres, proches.
Rousseau disait fameusement, et que je suis d'accord ici avec lui :
Tourné entre 2001 et 2004, le film décrit un commerce révoltant : la perche du Nil a été introduite dans le lac Victoria, en Afrique, elle en a détruit l’écosystème ; ce poisson est pêché puis envoyé dans les pays occidentaux pour fabriquer de la nourriture. Au retour les avions ramènent des armes, alimentant la guerre et donc la pauvreté africaine. Les Africains gardent les carcasses pourrissantes. Commerce inique, métaphore d’une mondialisation prédatrice et inhumaine, le film connut un certain succès en France, pays où il fut projeté en 2005.
Comme tout le monde, ce film m’a révolté mais pour des raisons différentes puisque j'estime que loin d’informer l'opinion publiques d'horreurs véritables, ce film n’était qu’une fiction destinée à flatter un certain type de spectateur occidental dans ses préjugés. Le cauchemar de Darwin m'a fait comprendre beaucoup de choses, il m'a permis de voir où reposaient réellement les préjugés, leur force, la facilité et la satisfaction intellectuelle. Il a commencé à me faire comprendre à quel point le combat politique consistait à identifier l'adversaire à sa caricature et donc au mal, que l'idéologie n'est que le mensonge servant à justifier nos mauvais actions.
Le cauchemar de Darwin est le cauchemar rêvé des anticapitalistes, un film qui d'une bouillie de faits vus à travers le prisme de l'idéologie tente péniblement de mettre en accusation la mondialisation libérale.
L'image du film est belle, la fable séduisante mais y a-t-il quelque chose dans ce film qui ne prête à contestation ? Regardons.
1/ Un trafic d'armes
Le film et en particulier son affiche allègue un trafic d’armes en rapport avec le commerce de la perche du Nil or celui-ci n'est jamais prouvé et rien ne permet de croire qu'un lien quelconque entre le commerce de la perche et des armes existe.
Pourtant cette allégation fonde la critique politique du film et c'est une accusation grave. Dès lors il convenait de la prouver ou de ne pas l'utiliser du tout.
2/ Des populations affamées
Le film sous-entend (au minimum) que le commerce de la perche affame les populations locales. Or ce n'est pas par la contrainte que le poisson est pris au pêcheur, ce n'est par la contrainte qu'il est pris aux usines, ce n'est pas par la contrainte qu'il est embarqué. Mais alors comment ce commerce peut-il avoir lieu ? Pourquoi les populations locales ne conservent-elles pas le poisson pour leur propre consommation ?
C'était à François Garçon de révéler que les populations ne mourraient pas de faim, que les carcasses de poissons, pourries et couvertes de mouches, n'étaient pas destinées à l'alimentation locale.
L'allégation de populations affamées du fait du commerce international de la perche révélait une incompréhension de l'économie de marché : en effet le principe d'un échange libre c'est que chacun y gagne (sans pour autant que chacun y gagne forcément de façon équitable ou « juste »). Si les populations locales vendent aux occidentaux la perche, c'est qu'ils y ont plus intérêt que la garder pour eux, en particulier pour la manger. C'est donc qu'ils ne meurent pas de faim. De plus les revenus générés par le commerce permettent de créer des emplois réels, productifs et non fondés sur autre chose que la charité occidentale (encore que). De l'autre côté les occidentaux achètent la perche pour faire de la nourriture pour animaux. Tout le monde y gagne chose qui semble inacceptable pour le réalisateur, qui décrit en conséquence les responsables africains de ce commerce comme des idiots utiles.
Pour les anticapitalistes, l'échange est le masque d'une exploitation : un camp exploite l'autre, (et le camp exploiteur est toujours le même). Quand ils qualifient le commerce mondialisé de sauvage ou brutal, ce n'est pas l'achèvement d'un raisonnement construit et corroboré par des observations, c'est le corollaire du dogme de départ.
3/ La misère
Le film montre la misère locale, notamment celle d'enfants abandonnés qui sniffent de la colle. Mais cette misère n'a aucun lien avec le commerce de la perche. Au contraire ce commerce enrichit la population locale pour les raisons sus-cités.
Sans le travail généré par l'activité de pêche, la misère serait plus importante et non l'inverse.
4/ La métaphore d'un capitalisme prédateur
La perche, introduite dans le lac, en a détruit l'écosystème. La perche est en effet un prédateur contre lequel les autres poissons ne faisaient pas le poids, ce faisant elle a détruit l'écosystème et donc les conditions de sa propre survie, se condamnant à terme.
L'histoire de cette perche se veut une métaphore du capitalisme ultralibéral, qui engendre un productivisme qui sape ses propres fondements et nous conduit dans le mur.
Commençons par rendre à César ce qui appartient à César : qui a introduit la perche du Nil dans le lac ? Il ne s'agissait pas de capitalistes ou d'industriels appâtés par l'idée de profit mais bien de l'Etat, animé par la volonté politique d'accroitre la production du lac cad une politique de développement. Ce qui a mis la perche dans le lac Victoria ce ne sont pas les mauvaises mais les bonnes intentions.
L'exploitation intensive de la perche conduit à terme à son extinction, et comme le lac a été vampirisé par la perche du Nil, le lac Victoria deviendra un désert. Hubert Sauper a raison de dénoncer ce problème. Encore aurait-il fallu désigner les bonnes causes et non par réflexe conditionné le libéralisme ou la mondialisation. L'introduction de la perche et son exploitation intensive n'ont rien à voir avec le libéralisme et tout à voir avec un interventionnisme politique. Le productivisme n'est pas libéral. Là où le libéralisme aurait un rapport avec notre sujet est qu'un libre-marché et une échelle planétaire à ce marché accroissent les possibilités d'allocation des perches pêchées de sorte qu'il est plus intéressant de la pêcher et de la vendre que si l'usage devait être local. (Et de façon plus générale, un marché mondial pousse aux échanges et donc à la production et donc à la fois à l'exploitation des ressources naturelles et à l'opulence de l'ensemble des hommes) On peut critiquer ce mécanisme qui pousse à l'exploitation de la nature, il faut réaliser en même temps qu'il n'est possible que parce que les populations locales n'ont pas absolument besoin de ce poisson et qu'il permet à tous les Africains qui participent à l'exploitation de la perche de sortir de la misère.
Problème suivant : l'assimilation du libéralisme économique au darwinisme social. C'est un lieu commun antilibéral qui repose sur des confusions, et qui ignore que les penseurs libéraux comme Mises ou Hayek ont toujours dénoncé le darwinisme social. On ne peut pas en dire autant de tout le monde, y compris des socialistes.
Je regrette d'avoir oublié d'autres défauts que j'avais alors détecté. (désolé je ne compte pas revoir le film)
5/ Leçon paradoxale du film.
La leçon de ce film, édifiante, ne se terminait pas avec la projection : une fois la lumière revenue, je devais constater la satisfaction qui parcourait les visages des spectateurs, qui avaient tout gobé et croyait présenter un esprit critique en répétant docilement la morale du film.
Mon verdict négatif fut confirmé par l'analyse de François Garçon, qui révéla de surcroit que les carcasses montrées par le cinéaste n'étaient pas destinées à l'alimentation de la population locale. Il est hallucinant que ce fait n'ait été indiqué pendant le film. F. Garçon révélait aussi que seul les quartiers et la population les plus miséreux avaient été montrés.
On peut trouver le film choquant pour les raisons que j'ai exposées voire le qualifier de « supercherie » comme le fit François Garçon, attaqué en diffamation. La justice l'a condamné à une faible somme, estimant l'accusation de l'historien selon laquelle le réalisateur faisait jouer et rejouer les enfants se droguant infondées mais admettant la véracité du reste de ses accusations. On attend en ce moment la décision de la Cour d'appel.
Ce film n'est pas isolé, plusieurs soi-disant films redresseurs de torts connaissent le succès. Prenez Slumdog millionnaire, en apparence un film indien, en réalité un film occidental pour le public occidental, dans lequel la police torture le pauvre des bidonvilles qui refuse son sort. Derrière l'apologie de l'aventure d'un pauvre, un regard contempteur de la société indienne, la dénonciation des riches, tous pourris. Prenez Eden à l'ouest, dans lequel un étranger parfait sur le plan progressiste au point qu'il n'a plus d'origine, comme l'a remarqué avec justesse Eric Zemmour, est confronté à une population corrompue, jouée par des figurants qui avaient des consignes de comportement et devaient affecter une indifférence factice.
Le film misérabiliste a ainsi son public, on peut même soutenir que c'est devenu un genre à part entière. En voici la recette : une bonne cause, lointaine, les préjugés d'un public qui se croit libéré des préjugés, la stigmatisation des autres, proches.
Rousseau disait fameusement, et que je suis d'accord ici avec lui :
Méfiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins.
14 commentaires:
Ca me rappelle la lecture du Monde diplomatique: l'idéologie est le point de départ des articles, et on trouve les faits qui vont bien avec.
Par contre pour Slumdog Millionaire la scène de torture est déjà dans le livre (Q&A, écrit par un indien, j'ai oublié son nom). A vrai dire, le héros passe tout le bouquin a se faire tabasser et raconter son histoire, et se fait sortir de prison à la fin par sa jolie copine, devenue avocate (et non pas poule de luxe). Mais dans l'ensemble le film est assez fidèle au livre (et pas du tout condescendant, je trouve).
Peut-être que je suis injuste avec slumdog. Remarque quand même qu'il rafle les statuettes aux US et est rejeté par les Indiens.
Ton analyse sur ce film est très juste. Confortant des idées reçues, il évite toute réflexion critique.
Tu t'interroges sur pourquoi François Garçon est l'un des rares à avoir dénoncé l'imposture. Deux raisons probablement : d'une part, il ne partageait pas ces idées reçues et donc, voyant ce film, a gardé son esprit critique. D'autre part, il est historien du cinéma et, pour identifier un certain nombre de ficelles plus ou moins visibles, il fallait quelqu'un qui connaisse bien le sujet.
Le corollaire de tout cela est, sommes-nous exonérés de ce genre d'idées reçues? Surement pas entièrement, mais il y a quelques raisons de penser que l'attachement à la liberté individuelle et donc à la liberté de pensée soit plutôt positif...
Je pense que peu de personnes ont critiqué le film pour la bonne raison qu'il s'adressait à un public qui se croit libéré des préjugés et les combat là où il les identifie cad chez autrui. L'esprit critique, devenu discrètement un système de réponses irréfutables tourné contre les usual suspects, s'est statufié en pose.
L'observation des préjugés doit nous conduire non pas à les dénoncer chez autrui mais à les rechercher dans soi-même. Chaque préjugé découvert me persuade que le préjugé m'habite moi-même et est naturel. Déjà Popper remarquait que l'essentiel de notre connaissance est constituée d'idées reçues. Peut-être que l'essentiel est de les connaitre plutôt que les combattre.
Tout à fait, d'où l'intérêt de la démarche observée sur certaines pages utilisateurs Wikipédia: "voici les biais dont je peux souffrir".
Tu es cultivé, tu argumentes mais je ne suis pas d'accord avec au moins un point de ta démonstration (2).
Tu fais preuve de dogmatisme idéologique en décrivant ta compréhension de l'économie de marché que tu opposes à " incompréhension de l'économie de marché " .
Peux tu prouver dans ce cas là hors généralité : le principe d'un échange libre c'est que chacun y gagne ?
Depuis le temps j'ai l'habitude de la littérature antilibérale. Je peux te garantir que son argumentation n'a rien de bien subtile, qu'elle se satisfait (le maitre-mot pour la caractériser) d'attaquer des épouvantails et d'énoncer des banalités, quand ce ne sont pas des sottises éculées et réfutées depuis longtemps. Il faut souffrir le préjugé ambiant selon lequel le moins on a ouvert de livres d'économie, le plus on est neutre pour l'aborder. Les contempteurs de l'économie évoquent le droit à un autre discours que la pensée unique et font l'éloge de l'esprit critique mais il faut bien constater que leur réflexion est à sens unique, contre toujours les mêmes coupables et avec des conclusions jouées d'avance.
Quoi qu'il en soit mon article ne se contente pas de proclamer. Je montre comment en l'espèce le processus d'exportation de la perche sert la population locale.
"Pour les anticapitalistes, l'échange est le masque d'une exploitation : un camp exploite l'autre, (et le camp exploiteur est toujours le même). Quand ils qualifient le commerce mondialisé de sauvage ou brutal, ce n'est pas l'achèvement d'un raisonnement construit et corroboré par des observations, c'est le corollaire du dogme de départ."
"Le film misérabiliste a ainsi son public, on peut même soutenir que c'est devenu un genre à part entière."
Tellement vrai ! Et les domaines où la critique de tel ou tel aspect de la vie moderne occidentale repose sur une argumentation circulaire sont tellement nombreux !
Le problème c'est qu'on a le même biais dans les milieux libéraux. La théorie du droit naturel ou de l'état de nature ne sont-elles pas elles aussi des gros préjugés dictés arbitrairement et maintes fois justifié circulairement ?
@ Manu,
le droit naturel n'est pas spécialement libéral. Chacun peut le sentir, il existe. Quant à l'état de nature c'est une fiction.
"le droit naturel n'est pas spécialement libéral. Chacun peut le sentir, il existe."
C'est marrant, j'ai déjà entendu des tas de mystiques me justifier l'existence de Dieu à peu près de la même façon.
J'avais commencé à rédiger tout un laïus sur l'impertinence de la croyance jusnaturaliste et son anachronisme mais ce n'est pas spécialement l'endroit pour un débat de ce genre, qui a déjà dû avoir lieu des millers de fois, et mon propos initial était plus ici de manifester mon approbation que de chercher querelle sur un concept philosophique poussiéreux.
Quitte à me répéter donc, bel article, surtout les formulations que j'en ai ressorties qui me plaisent beaucoup.
PS: Désolé pour la suppression/publication, ça m'apprendra à me relire avant de cliquer sur "publier".
Bonjour,
Vous êtes invité à visiter mon Blog
Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com), présente le développement mathématique de la conscience humaine.
La Page:L'ÉVOLUTION DU DARWINISME.
UNE THÉORIE INCOMPLÈTE ?
Cordialement
Clovis Simard
Il y a, au fond, dans ce documentaire, une contradiction profonde : d'un côté, il doit être proclamé, au nom du politiquement correct, qu'il n'existe aucune différence de "conscience" entre le riverain du Lac Victoria et le citoyen de n'importe quel pays occidental, lequel, bien sûr, maîtrise, dans tous ses tenants et aboutissants, les lois du capitalisme et ses conséquences politiques. D'autre part, il est nécessaire de dénoncer comment "ils sont trompés par les méchants capitalistes", parce qu'ils seraient trop innocents pour le comprendre d'eux-mêmes.
Tous les témoignages postérieurs au film s'accordent pour établir que la population locale s'est réjouie du développement économique résultant de l'introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria.
Mais leur choix n'aurait pas été un "vrai" choix, éclairé et informé.
Pourtant, il faut choisir : citoyens à part entière d'un monde prônant l'égalité civique entre tous les humains de la Terre, ou populations immatures qu'il faut protéger des méchants ?
Cette constante ambivalence du discours - dans ce film, mais aussi, d'une façon plus générale, dans tous les discours, écrits, reportages etc. sur l' "exploitation capitaliste des pays émergents" n'est, me semble-t-il, que rarement dénoncée.
Enregistrer un commentaire