Tout le monde connait la fameuse boutade de Reagan : l'Etat n'est pas la solution, il est le problème. Je ferai une suite d'article sur le thème. Premier épisode : la crise des subprimes vient-elle apporter un démenti au raccourci de Reagan ?
Les subprimes sont des prêts de deuxième classe, faits à des personnes trop pauvres pour bénéficier d'un crédit normal ou ayant connu des accidents de paiement dans le passé. Ce sont donc des prêts à risques, contractés en échange d'une prime plus élevée que les contrats normaux, le plus souvent sans apport. Les subprimes ont donc permis à de nombreux pauvres d'acquérir une maison mais les conditions ne sont pas particulièrement saines puisque le taux réel de remboursement ne se met en place qu'au bout de quelques années même si bien évidemment on ne saurait expliquer le succès des subprime comme étant une grande arnaque : la vérité est que chacun veut devenir propriétaire, et envie la plus grande maison de son voisin.
Le caractère social de ces prêts a conduit le gouvernement à inciter voire à contraindre les établissements de crédit a ouvrir les vannes, notamment à travers le CRA (Community Reinvestment Act).
L'accès facilité du crédit aux pauvres résulte, on le voit, de deux forces que sont l'appât du gain des sociétés financières et la législation sociale des USA. Le mécanisme a longtemps fonctionné et permis à de nombreux ménagère de devenir propriétaire. Il a cependant créé une inflation immobilière (le prix de l'immobilier monte avec la demande) et reposait sur une politiques de taux d'intérêts bas, les prêts subprimes étant généralement indexés directement ou indirectement sur les taux de la réserve fédérale. La valeur des maisons s'appréciant avec la bulle dont elle était à l'origine, la défaillance d'un emprunteur était couverte par la revente de la maison que l'emprunt avait servi à acheter.
Lorsque la Fed a finalement remonté ses taux, conformément aux prescriptions libérales faut-il noter, la bulle a commencé à se dégonfler. Les échéances de remboursement ont couté plus cher. Davantage d'emprunteurs n'ont pu honorer leur dette, de plus en plus de maisons ont été revendues et le prix de l'immobilier a commencé à baisser. S'ensuit une spirale infernale : le plus les débiteurs sont défaillants, le plus de maisons sont revendues pour couvrir les dettes, le plus le marché descend, le plus la valeur des maisons achetées décroit. Suit la crise des subprimes, les investisseurs perdent fois dans les subprimes titrisées et réclament les sous étatiques. Les bourses descendent et espèrent le vote du plan Paulson qui prévoit d'impliquer la somme pharaonique de 700 milliards de dollars.
A qui la faute ?
Pour le sénateur socialiste Henri Weber dans Le Monde (Tsunami financier : la réplique idéologique, 01/10/08), la cause est entendue : c'est la faute du libéralisme. Comment pourrait-il en être autrement, la crise n'avait pas commencée qu'elle allait être la faute du libéralisme. C'est la France : 100% des gens sont contre la pensée unique qui est toujours celle des autres, il faut faire avec. Pour Henri Weber : "Les libéraux apparaissent pour ce qu'ils sont : des idéologues qui stigmatisent l'intervention de l'Etat en période de vaches grasses, mais qui exigent au contraire son secours massif dès que se lèvent les tempêtes que leurs politiques ont contribué à déclencher." Ce texte nous montre que les libéraux sont définis par leurs adversaires non comme les partisans d'une doctrine (de laquelle ses détracteurs veulent par-dessus tout ne rien comprendre), mais comme ceux qui tireraient les ficelles du système capitaliste mondial, à leur profit. Et peu importe que les libéraux critiquent le plan Paulson et que les Représentants républicains le rejettent aux 2/3.
Reprenons. Quelle est la faute pour commencer : elle est triste à écrire, la faute c'est d'avoir trop prêté, notamment aux pauvres. On dénonce l'appat du gain des financiers, encore faut-il bien réaliser que la contrepartie de l'appat du gain était de prêter aux pauvres. Comment sortir les pauvres de la pauvreté quand l'accès au crédit leur est généralement empêché par les lois sensés les protéger ?
Le crédit a un coût, prêter à une population pauvre c'est prendre un risque, qui doit être rémunéré. En interdisant cette rémunération, on interdit le prêt aux pauvres. La fermeture du crédit est pauvre est un effet pervers de l'interdiction de l'usure. C'est la leçon paradoxale que nous rappelle Muhammad Yunus, banquier et prix Nobel de la paix 2006, qui nous conseille d'abolir nos législations soi-disant protectrices (dans une émission télé dont je ne retrouve plus les références).
Il n'y avait donc pas pêché à prêter aux pauvres mais il y a bien une crise. A qui peut-on imputer la faute : aux établissements de crédit mais aussi à l'Etat dont on a indiqué dans les lignes ci-dessus la responsabilité à deux titres : législations sociales poussant les banques à prêter à des personnes risquant la défaillance, et politique de taux d'intérêt bas qui multiplie le crédit et entraîne la bulle immobilière.
Il faut encore retenir la responsabilité de l'Etat à un autre égard : le too big to fail cad trop gros pour faillir. Ce principe signifie qu'une entreprise, à partir d'une taille critique devient invulnérable car le coût social de son effondrement serait tel que l'Etat va intervenir pour la soutenir. Une entreprise en difficulté dispose donc d'une alternative : se réformer, ce qui est difficile, ou grossir au maximum, voie dans laquelle il suffit de se laisser aller. En d'autres termes, la responsabilité ou l'irresponsabilité. Si l'Etat soutient l'irresponsable, la responsabilité perd tout intérêt c'est pourquoi l'Etat doit refuser de sanctionner le vice d'une entreprise qui cherche à devenir trop grosse pour bénéficier d'une aide privilégiée. Malheureusement cela fait des années que l'Etat américain a montré des signes de faiblesse. Il faut donc saluer le refus de sauver Lehman Brothers même si on savait que ce n'était qu'un avertissement sans lendemain puisqu'il fallait faire peur avant que les très gros poissons se manifestent ce qui fut très rapidement le cas avec AIG.
Au final, les financiers demandent des fonds publics : l'Etat est la solution. Mais il est aussi le problème...
Les subprimes sont des prêts de deuxième classe, faits à des personnes trop pauvres pour bénéficier d'un crédit normal ou ayant connu des accidents de paiement dans le passé. Ce sont donc des prêts à risques, contractés en échange d'une prime plus élevée que les contrats normaux, le plus souvent sans apport. Les subprimes ont donc permis à de nombreux pauvres d'acquérir une maison mais les conditions ne sont pas particulièrement saines puisque le taux réel de remboursement ne se met en place qu'au bout de quelques années même si bien évidemment on ne saurait expliquer le succès des subprime comme étant une grande arnaque : la vérité est que chacun veut devenir propriétaire, et envie la plus grande maison de son voisin.
Le caractère social de ces prêts a conduit le gouvernement à inciter voire à contraindre les établissements de crédit a ouvrir les vannes, notamment à travers le CRA (Community Reinvestment Act).
L'accès facilité du crédit aux pauvres résulte, on le voit, de deux forces que sont l'appât du gain des sociétés financières et la législation sociale des USA. Le mécanisme a longtemps fonctionné et permis à de nombreux ménagère de devenir propriétaire. Il a cependant créé une inflation immobilière (le prix de l'immobilier monte avec la demande) et reposait sur une politiques de taux d'intérêts bas, les prêts subprimes étant généralement indexés directement ou indirectement sur les taux de la réserve fédérale. La valeur des maisons s'appréciant avec la bulle dont elle était à l'origine, la défaillance d'un emprunteur était couverte par la revente de la maison que l'emprunt avait servi à acheter.
Lorsque la Fed a finalement remonté ses taux, conformément aux prescriptions libérales faut-il noter, la bulle a commencé à se dégonfler. Les échéances de remboursement ont couté plus cher. Davantage d'emprunteurs n'ont pu honorer leur dette, de plus en plus de maisons ont été revendues et le prix de l'immobilier a commencé à baisser. S'ensuit une spirale infernale : le plus les débiteurs sont défaillants, le plus de maisons sont revendues pour couvrir les dettes, le plus le marché descend, le plus la valeur des maisons achetées décroit. Suit la crise des subprimes, les investisseurs perdent fois dans les subprimes titrisées et réclament les sous étatiques. Les bourses descendent et espèrent le vote du plan Paulson qui prévoit d'impliquer la somme pharaonique de 700 milliards de dollars.
A qui la faute ?
Pour le sénateur socialiste Henri Weber dans Le Monde (Tsunami financier : la réplique idéologique, 01/10/08), la cause est entendue : c'est la faute du libéralisme. Comment pourrait-il en être autrement, la crise n'avait pas commencée qu'elle allait être la faute du libéralisme. C'est la France : 100% des gens sont contre la pensée unique qui est toujours celle des autres, il faut faire avec. Pour Henri Weber : "Les libéraux apparaissent pour ce qu'ils sont : des idéologues qui stigmatisent l'intervention de l'Etat en période de vaches grasses, mais qui exigent au contraire son secours massif dès que se lèvent les tempêtes que leurs politiques ont contribué à déclencher." Ce texte nous montre que les libéraux sont définis par leurs adversaires non comme les partisans d'une doctrine (de laquelle ses détracteurs veulent par-dessus tout ne rien comprendre), mais comme ceux qui tireraient les ficelles du système capitaliste mondial, à leur profit. Et peu importe que les libéraux critiquent le plan Paulson et que les Représentants républicains le rejettent aux 2/3.
Reprenons. Quelle est la faute pour commencer : elle est triste à écrire, la faute c'est d'avoir trop prêté, notamment aux pauvres. On dénonce l'appat du gain des financiers, encore faut-il bien réaliser que la contrepartie de l'appat du gain était de prêter aux pauvres. Comment sortir les pauvres de la pauvreté quand l'accès au crédit leur est généralement empêché par les lois sensés les protéger ?
Le crédit a un coût, prêter à une population pauvre c'est prendre un risque, qui doit être rémunéré. En interdisant cette rémunération, on interdit le prêt aux pauvres. La fermeture du crédit est pauvre est un effet pervers de l'interdiction de l'usure. C'est la leçon paradoxale que nous rappelle Muhammad Yunus, banquier et prix Nobel de la paix 2006, qui nous conseille d'abolir nos législations soi-disant protectrices (dans une émission télé dont je ne retrouve plus les références).
Il n'y avait donc pas pêché à prêter aux pauvres mais il y a bien une crise. A qui peut-on imputer la faute : aux établissements de crédit mais aussi à l'Etat dont on a indiqué dans les lignes ci-dessus la responsabilité à deux titres : législations sociales poussant les banques à prêter à des personnes risquant la défaillance, et politique de taux d'intérêt bas qui multiplie le crédit et entraîne la bulle immobilière.
Il faut encore retenir la responsabilité de l'Etat à un autre égard : le too big to fail cad trop gros pour faillir. Ce principe signifie qu'une entreprise, à partir d'une taille critique devient invulnérable car le coût social de son effondrement serait tel que l'Etat va intervenir pour la soutenir. Une entreprise en difficulté dispose donc d'une alternative : se réformer, ce qui est difficile, ou grossir au maximum, voie dans laquelle il suffit de se laisser aller. En d'autres termes, la responsabilité ou l'irresponsabilité. Si l'Etat soutient l'irresponsable, la responsabilité perd tout intérêt c'est pourquoi l'Etat doit refuser de sanctionner le vice d'une entreprise qui cherche à devenir trop grosse pour bénéficier d'une aide privilégiée. Malheureusement cela fait des années que l'Etat américain a montré des signes de faiblesse. Il faut donc saluer le refus de sauver Lehman Brothers même si on savait que ce n'était qu'un avertissement sans lendemain puisqu'il fallait faire peur avant que les très gros poissons se manifestent ce qui fut très rapidement le cas avec AIG.
Au final, les financiers demandent des fonds publics : l'Etat est la solution. Mais il est aussi le problème...
2 commentaires:
Vous oubliez un peu facilement le rôle de la banque centrale et de sa politique d'argent facile. Pour moi c'est le facteur numéro un.
J'ai décompté trois responsabilités de l'Etat dont la politique de taux bas. Il faut imputer cette politique à l'Etat puisque la Fed n'est pas aussi indépendante que la banque centrale européenne, et il est à noter que la Fed a été cette année au centre d'une querelle entre démocrates anti-Bush et républicains, ceux-là ayant bloqué les nominations, obligeant la Fed a fonctionner avec un nombre de membres réduits...
Détail amusant, l'indépendance de la banque centrale européenne la rend plus conforme au monétariste que la Fed américaine. Les détracteurs de l'indépendance nous ont longuement expliqué que Fed et gouvernement américain se concertaient pour mener des politiques efficaces, que nous Européens étions des dupes etc. On observe le résultat aujourd'hui malheureusement peu de monde a envie de comprendre et beaucoup ne veulent qu'appliquer leurs idées préconçues aux faits, libéraux compris.
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